Techniques de mouillage


Vaste débat... Nous n'allons pas asséner des vérités, mais relater ce qui se passe sur Banik aujourd'hui après de nombreuses nuits (certainement plus de 1500 nuits) passées dans toutes sortes de mouillages.


Le matériel

techniques de mouillageAlors quelles lignes de mouillage et comment les installer ?

Nous sommes partis avec 2 CQR et 2 Britany: Une de 20 kg et une de 16 kilos de chaque marque. 120 mètres de chaîne de 10 répartis sur les 4 mouillages 50 + 40 + 20 + 10. et au moins le double de longueur en câblot de 20.
Cela fait du poids c'est vrai, mais on peut le répartir, il n'est pas question d'avoir 2 ancres à poste à l'avant:
Le mouillage principal est à poste à l'étrave. Ce mouillage est important il doit tenir seul dans 80 % du temps.

Un mouillage complet, opérationnel est placé à l'arrière (voir la description de l'installation du mouillage arrière dans la même rubrique)

Un mouillage complet est rangé dans un coffre spécial qui s'ouvre dans le passavant au milieu du bateau. Ce mouillage peut être porté ou on le désire... A l'avant, à l'arrière, dans l'annexe pour aller le placer au bon endroit ..

Un mouillage dit "de miséricorde" (mais qui est plutôt un mouillage de secours) est rangé complet, prêt à servir, dans les fonds, au milieu du bateau. On peut le sortir par le bon bout (par l'ancre) par le capot de pont qui est juste au dessus...

Il y a un accessoire intéressant qui complète efficacement l'équipement de mouillage : c'est le crochet de mouillage. Il évite d'exploser le guindeau et permet dans certains cas, d'augmenter considérablement le confort au mouillage (Voir l'article dans info pratique - les trucs de Banik)


choix des ancres

techniques de mouillage
Tu vois que la CQR tient aussi bien que la Britany !!!

Les ancres que nous avons utilisées ont généralement tenu, même dans des conditions difficiles. Il faut dire que nous n'hésitons jamais à mettre toute la chaîne à l'eau. Il est bien difficile de donner une préférence entre la CQR ou la Britany. Je dirai simplement que nous avons réussi à casser la CQR de 20 kg (voir photo) dans une baie ou nous subissions la houle générée par un lointain cyclone.

Il nous faut maintenant remplacer cette ancre sur le mouillage principal qui doit être un mouillage de confiance (voir les points de vue ci-dessus). Nous allons choisir une ancre moderne de type SPADE dont nous entendons aujourd'hui beaucoup de bien.
Nous compléterons les informations après les premiers essais...


les manoeuvres

Nous avons bien sur essayé les techniques standards pour améliorer la tenue des ancres: l'affourchage, l'empennelage:

Ces techniques ne sont pas mises en oeuvre systématiquement mais simplement quand on craint que les conditions peuvent se détériorer. Les inconvénients de manipulations ne gênent donc pas à chaque fois que l'on mouille, mais ce sont des manœuvres que l'on ne veut plus faire maintenant. Surtout quand on a prévu une ligne de mouillage principal digne de confiance: Une bonne ancre + une bonne longueur de chaîne + un câblot de la section adéquate (pour les longueurs et diamètres reportez vous aux textes officiels qui sont le minimum à avoir) .

Nous n'utilisons plus jamais les techniques d'affourchage (difficile à mettre en oeuvre surtout quand le vent tourne) ou d'empennelage (difficile à manipuler, même avec une grande longueur de chaîne entre les deux ancres... et si on perd le mouillage on perd deux ancres...)

mouillage en plomb de sonde

Maintenant, nous utilisons la technique du deuxième mouillage en plomb de sonde.

On mouille juste le mouillage principal, quelque soit le temps... on a confiance, il est bien dimensionné, on ne fait pas de montages scabreux... Si le temps ou la mer devient mauvais: On sort alors le deuxième mouillage de son coffre au milieu du bateau et on mouille juste la hauteur d'eau. Puis on relâche 5 mètres du mouillage principal en laissant s'étaler le deuxième mouillage. puis on raccroche le mouillage principal et à l'endroit ou le bateau s'arrête, on largue tout ou partie de la chaîne du deuxième mouillage qui fait un tas sur le fond. Si on dérape; la chaîne du deuxième mouillage s'étale progressivement augmentant de plus en plus la tenue... au bout d'un moment les deux ancres travaillent ensemble dans le même axe. Bien souvent, au moment du départ, on relève le deuxième mouillage qui est encore presque sous le bateau, il n'a pas servi. On le range tranquillement, puis on relève le mouillage principal.
 
L'avantage de cette technique c'est que c'est facile à mettre en oeuvre même si on n'avait pas l'intention de le faire au départ. Il nous est très souvent arrivé de rajouter ainsi un second mouillage en plomb de sonde simplement parce que des nuages noirs se pointaient dans le ciel alors que nous avions décidé d'aller faire un tour de plusieurs heures à terre. Cela rend l'esprit plus libre de savoir qu'il y a au moins deux "ficelles" indépendantes qui tiennent le bateau. (Un de nos amis a perdu son muscadet dont le mouillage avait été coupé par une hélice).


le mouillage arrière

BaniK est équipé d'un mouillage complet qui est en permanence à poste à l'arrière du cockpit.
 
Ce mouillage est constitué d'une ancre plate de 16 kilos, de dix mètres de chaîne de 10 et d'un cordage en Nylon de diamètre 18 et d'une longueur de 120 mètres. Bien sur il faut pouvoir ranger tout cela et il n'y a presque jamais une installation spécialisée permettant de mouiller comme à l'avant du bateau...

Sur beaucoup de voilier de voyage il sera possible de trouver un coffre arrière, ou un coffre rajouté sur le pont, ou un système accroché dans les balcons... Un mouillage arrière complet réclame pas mal de place... L'inconvénient principal du rangement de ce genre d'équipement est qu'il ne permet pas un usage immédiat du mouillage dont il faut, selon les cas, rassembler les éléments ou démêler les nœuds...
Pour que le mouillage soit à poste et immédiatement largable, nous avons mis en place sur BaniK l'installation suivante:

L'ancre est à poste à l'extérieur, sur le tableau arrière : Elle repose sur deux supports en inox ou elle est retenue par deux petites garcettes dont il suffit de tirer la clé gansée. La chaîne est reliée à l'ancre en passant par un émerillon. La chaîne traverse ensuite le tableau arrière en passant dans un gros chaumard en inox. Ce chaumard est construit avec un rond en inox courbé en un cercle qui vient garnir les bords de la découpe ronde réalisée dans la tôle du tableau arrière. La chaîne est ensuite reliée au cordage par une manille en inox ce qui permet un démontage facile si besoin (Il faut souvent scier les manilles en acier galvanisé pour démonter un mouillage). Les 120 mètres de cordage qui doivent restés bien clairs, si on veut pouvoir larguer le mouillage d'un trait, sont enroulés sur un touret en inox..
Ce touret de fabrication très solide est le principal élément du système. Il permet de ranger correctement le long cordage qui peut se dévider tout seul sans s'emmêler.

Nous utilisons souvent le mouillage arrière:
Lorsque nous mouillons dans des chenaux étroits parcourus par des courants de marées . Le bateau doit être tenu à l'avant est à l'arrière pour éviter de toucher les rives à la renverse... Pour effectuer cette manœuvre dans des endroits ou il n'y a pas forcément beaucoup de place, nous utilisons la technique suivante:

L'ancre arrière est détachée et posée en équilibre dans la jupe uniquement retenue par une garcette. A l'endroit choisi, le barreur largue la garcette, l'ancre plonge entraînant la chaîne puis le cordage qui se dévident tout seul du touret. Le barreur peut contrôler la vitesse de dévidement en freinant le touret avec son pied. Le bateau avance doucement au moteur et dépasse l'endroit prévu pour stationner. Quand on arrête le bateau, on peut mouiller l'ancre avant. Il suffit alors de reculer en reprenant le cordage arrière pendant que l'on étale le mouillage avant. On règle les longueurs des deux mouillages pour positionner le bateau à l'endroit choisi. L'ancre avant est tournée à la bitte d'amarrage devant le guindeau, l'ancre arrière est raidie sur un winch. Cette manœuvre est possible grâce à la grande longueur du mouillage arrière (le double de celui placé à l'avant).

Notons également la technique du mouillage bahamien. La bas, dans des chenaux particulièrement étroits et pour garder toujours le bateau face au courant, nous ramenons le cordage du mouillage arrière à l'étrave. Le bateau est alors tenu par l'avant sur deux ancres placées en ligne vers chaque sortie du chenal. Il pivote autour de son nez avec un évitage réduit à la longueur du bateau.

Quand le mouillage est en place à l'arrière du voilier, nous y fixons toujours un pare-battage 10 ou 15 mètres plus loin pour indiquer aux autres bateaux qu'il y a quelque chose qui traîne par là. Autant on imagine bien une ancre à l'avant et les bateaux qui passent arrondissent leur route, autant certains n'hésitent pas à raser la jupe arrière.

Au mouillage, nous utilisons souvent d'une autre manière l'ancre arrière.
Nous détachons la manille en inox qui relie la chaîne au câblot. Ce long cordage est ensuite tiré en annexe (ou par un nageur si ce n'est pas trop loin) jusqu'à la côte. Là, nous fixons le cordage à un rocher ou un cocotier, pour tirer le bateau toujours mouillé par l’avant et lui ramener le cul le plus près possible du bord. On aime bien, quand la configuration s'y prête, de pouvoir descendre du bateau et être au sec en quelques enjambées. (Nous rappelons que BaniK a 1,20 mètres de tirant d'eau quand la dérive est relevée.)

Pour fixer le cordage dans les rochers sans qu'il ne s'use, nous avons fabriquer une boucle avec une chute de câble de filière munie d'une cosse. Voir article dans info pratique - les trucs de Banik

Il y a encore une situation ou le mouillage arrière est très pratique:
Quand il faut se ranger à un quai en jetant une ancre puis se glisser entre les bateaux déjà amarrés. (c'est courant en Méditerranée) Cette manœuvre se fait toujours en mouillant par l'avant (c'est en principe la que se trouve le mouillage) et en reculant ensuite vers sa place. C'est délicat, car un bateau recule mal, il est plus difficile à diriger. Il faut obligatoirement quelqu'un à l'avant qui laisse filler la chaîne au fur et à mesure... Trop vite, il y aura trop de chaîne au fond, pas assez vite, on retient le nez du bateau qui devient ingouvernable... Ce sont en tout cas de bons moment assurés pour ceux qui regardent.
Avec le mouillage arrière, près à être largué, tout devient simple: On rentre en marche avant, on voit clair, on a l'habitude d'avancer dans ce sens, on connaît bien les réactions du bateau. A la distance voulu, bien dans l'axe de la place convoitée, le barreur largue l'ancre qui entraîne le mouillage qui se dévide seul au fur et à mesure... Quand l'avant est attaché, on raidit le mouillage arrière à l'aide d'un gros winch de foc.
De plus quand les bateaux sont serrés il est possible de faire rentrer le coin de l'étrave puis de pousser un peu de chaque coté... Tandis qu'avec un gros derrière c'est plus difficile.


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