Teck et vernis


Je viens de lire avec beaucoup d'intérêt les "techniques" des différents capitaines pour l'entretien de leurs bateaux en bois....Chacun fait comme il veut, mais l'achat de ce genre d'embarcation est souvent fait pour la beauté de la matière alors....

teck et vernisTeck et Vernis

Je viens de lire avec beaucoup d'intérêt les "techniques" des différents capitaines pour l'entretien de leurs bateaux en bois....Chacun fait comme il veut, mais l'achat de ce genre d'embarcation est souvent fait pour la beauté de la matière alors.... J'ai possédé un grand nombre de navire en bois, plusieurs Cornu, un plan Sergent, mais pas de Chassiron, et je suis depuis deux ans l'heureux propriétaire d'un Maica... J’en rêvais depuis 20 ans…Ce n'est pas un bateau musée, il navigue en méditerranée, mais j'ai à coeur d'avoir un beau navire. Il fait l'unanimité dans les ports ou mouillages fréquentés. Il est souvent comparé à une commode Louis XV et on me demande combien de temps je passe à vernir la bête... Une fois le gros travail terminé une huitaine de jours par an... Un petit secret, je suis ébéniste de métier et je vais vous expliquer ce qu'il faut (à mon humble avis) faire ou ne pas faire... J'ai appris sur le tas et j'ai reçu pas mal de conseils de voileux anglais qui sont des spécialistes du bois. Ajouté à ma connaissance et mon goût de la matière je pense être arrivé à un bon résultat... Je serais à PORT CAMARGUE cet été, et les amateurs pourront venir boire une petite bière...(Le premier qui la jette sur le pont aura affaire à moi !!!!) et venir juger des résultats…

Les ponts en teck :

Chacun est libre d'aimer les pont gris "entretenus" à grand coup de seaux d'eau de mer étalés à la vadrouille... Pas de brosse surtout....Le teck est composé de fibres tendres et dures, la brosse bouffe les tendres résultat usure rapide.... Quant à la bière... Je la préfère à l'intérieur du Capitaine que sur le pont, c'est un choix... Il y a le thé aussi... Après réfection des joints au sika si nécéssaire, armez vous de courage, nettoyez moi tout ça avec les produits du commerce, et poncez à grain moyen puis fin à la ponceuse orbitale (pas de ponceuse à bande ou vibrante surtout….) Prévoyez un bon paquet de disques, le teck c’est dur…. Aspirez soigneusement le tout et procurez vous LE produit : de l’huile scandinave (chez les fournisseurs de produits pour menuisier et ébéniste). Dans les pays nordiques elle sert à la protection des bois…Quand ont connaît les conditions climatiques et hygrométriques, ça le fait bien pour l’objet de tous nos soins…Avant tout, pour un litre d’huile ajoutez 2O cl de siccatif (pour éviter d’attendre quatre ou cinq jours avant de refouler votre pont ) et passez jusqu’à saturation (trois couches suffisent dans le pire des cas) et SURTOUT essuyez l’excédent avec de la mêche en coton à la dernière couche. Deux jours plus tard votre teck aura recouvré sa couleur d’origine, ça ne « pègue » pas, et petit plus, cette huile offre une protection à l’abrasion. Si votre navire est bâché, vous pouvez attendre deux ou trois ans… sinon une couche par an histoire de dire que... Pas donné donné, 700 F les 5 litres et rendement de 10 M2 au litre environ…. Mais…. Raahhhhh lovely……


Les Vernis :

La réussite et la tenue dans le temps d’un vernis dépend de la préparation du support et du ponçage…. Elémentaire mais primordial… Donc comme pour le pont la première fois va nécessiter un gros travail, mais on s’y retrouve après….

§ Première étape : Décapez moi tout ces vieux vernis…Laissez tomber les ponceuses et autres ciseaux à bois…. UN seul produit : celui proposé par HM diffusion. (Ils ont un site). J’ai entendu parler du produit de chez ZEF mais ne l’ai jamais utilisé. Ce décapant et génial et nécessite un minimum d’efforts. Toutefois danger, utiliser un masque de carrossier à cartouches filtrantes. C’est nocif de chez nocif… Ensuite si des bois exotiques ont été utilisés pour la construction et que vous avez une couleur orangée, voir trop brune ou des taches profondes, il vous faut décolorer vos bois avec le fameux « sel d’oseille »(on le trouve sous forme liquide dans tous les magasins de bricolage) cher à tous les ébénistes. Il Ravive et redonne sa nuance d'origine au bois, élimine la grisaille des bois altérés par les intempéries et supprime les taches de rouille et celles dues au contact des métaux ferreux. D’aucun préconise pour blanchir le bois l’eau oxygénée à 120 volumes mais je ne le conseille pas à cause des risques d’incompatibilité avec les teintes et les vernis.
§ Deuxième étape : Ponçage soigneux avec le grain le plus gros que vous avez prévu d’utiliser suivi d’un ponçage avec un grain moyen.


§ Troisième étape : Mouillez moi tout ce beau bois poncé afin de faire relever les fibres avec de l’alcool dénaturé… Si c’est marée basse l’eau chaude peut aussi faire l’affaire mais c’est plus long à sêcher. En effet au ponçage les petites barbes ont été rabattues à l’intérieur des pores du bois. Lorsque vous mouillez les barbes vont gonfler et se redresser. Après séchage vous voilà de nouveau face à une surface rugueuse. Poncez de nouveau avec un grain légèrement plus fin, les barbes seront alors coupez proprement. C’est le principe du rasoir à deux lames. Ensuite ponçage et reponçage jusqu’à obtenir « une peau de bébé ».L’idéal étant d’aller jusqu’au grain 320. En principe un seul mouillage suffit, mais les perfectionniste pourront renouveler l’opération une fois avant le ponçage final au 320.

§ Quatrième étape. Il vous faut teinter votre bois dans la nuance de votre choix. Pas trop foncé quand même. Je préconise les teintes à l’eau, très faciles d’utilisation (J’aime bien celles des Frères Nordin). Passez votre teinte à la queue de morue, mouillez abondamment. La teinte à l’eau pénêtre plus profondément dans le bois et met beaucoup plus en valeur le veinage. Les reprises sont faciles et la tenue dans le temps excellente. De plus elles sont compatibles avec tous les vernis ce qui n’est pas toujours le cas avec les teintes industrielles, et si vous vernissez au pinceau (ce qui est quasiment toujours le cas sur un bateau) la teinte risque de bouger en surface. En contrepartie la teinte à l’eau est plus longue à sêcher. On risque également d’avoir de nouveau un très léger relèvement des pores, à rabattre à la laine d’acier fine. Après séchage, il faut fixer la teinte à l’aide de fondur. Ce produit à également la particularité de boucher les pores du bois. Cette étape est souvent jugée inutile par certains, y compris des professionnels du bois. Grave erreur. La tenue et la qualité du « miroir » en dépendent…

§ Cinquième étape. Le vernissage…Enfin… Chacun fait également comme il veut. Il me paraît indispensable d’utiliser un polyuréthane. Personnellement j’utilise comme un des participants au forum du vernis de marque Stoppani qui est celui utilisé pour les bateaux RIVA. Une référence. Assez cher, mais superbe et belle tenue au temps. Quelques précautions toutefois… Si des problèmes se révèlent à l’usage, vernis décollés, cloques etc, c’est dans les trois quart des cas du à une mauvaise préparation des support et également aux conditions d’application. Il est indispensable d’être patient et de respecter les temps de séchage et les délais d’apposition des couches. Le brillant d’un vernis est fonction de l’évaporation des solvants qu’il contient et du temps de la polymérisation des composants. La chaleur et l’hygrométrie ambiante ont leur importance. Vernir à 10° ou à 35° ne donnera pas le même résultat. L’idéal et les produits de l’industrie sont donnés pour cela, il faut travailler à environ une vingtaine de degrés. N’oubliez pas de bien croiser les couches et de toujours finir dans le sens du bois. Avalon, mon navire reçoit ainsi sept couches de vernis… Long mais on peut se raser dedans…. Et puis ayez toujours un petit pot de vernis à bord, pour tout de suite, même en mer recouvrir une petite tonche. Il sera toujours temps après, au port, au calme de rectifier et de fignoler. Un choc (chute d’un tangon par exemple ou d’une manivelle de winch) provoque un éclat qui se répercute sur plusieurs centimètres. Ne pas y remédier c’est assurément le risque de voir un décollement dans les mois qui viennent .

Voilà quelques conseils qui ne prétendent pas être exhaustifs. Ils sont le fruit de mon expérience sur des bateaux en bois (comment cela il y a des bateaux en une autre matière ????) et de mon métier de restaurateur de mobilier ancien. Il faut du temps, de l’amour, mais nous sauvegardons un patrimoine. Imaginons dans quelques décennies nos enfants ne connaissant que le mobilier ikéa et les bateaux en plastiques. Bon courage à tous, amitiés aux Chassironnais et à tous les autres du moment que c’est du bois !!! Mon e.mail est rg.consulting@laposte.net. Je me ferais un plaisir d’approfondir dans la mesure de mes connaissances avec ceux qui le souhaiterait.