Chroniques d'un marin d'eau douce.

Je ne sais pas trop si ce billet a sa place ici mais a vous lire l'envie m'est venue de partager les moments magiques que j'ai vécu.

Même si cette "aventure" n'était pas forcément des plus prudentes, peut-être permettra-t-elle a quelques novices comme moi de se dire c'est possible et de passer du rêve à la réalité.

Pourquoi marin d'eau douce, eh bien comme bcp mon expérience de la voile est assez limitée, quelques stages aux Glénans il y a presque 20 ans plus quelques sorties estivales en petit Cata ou dériveur, enfin rien de bien sérieux.

La mer ne m'est pas inconnue, Surf, Chasse sous marine, pêche, depuis toujours l'eau est mon élément, je précise aussi que j'ai mon hauturier et mon crr...je ne suis pas totalement béotien en météo mais la croisière à voile restait pour moi réservé à une élite de marins endurcis.

Tout a basculé au mois de mai,cherchant un petit pneu en Croatie pour varier le programme de la famille et accéder a quelques criques sauvages, par le biais de relations et de quelques coups de fil, voilà que le petit hors bord à désormais une coque dure, des voiles, et qu'il fait 37 pieds..............

Un vieux rêve qui se réalise, après des heures à arpenter les quais et à rêver embarquer pendant toutes ses années de traverser le monde seulement porté par les vents, c'est aujourd'hui moi que le joli Salona attendra au bout du quai.

je redescends cependant vite de mon nuage et le rêve se transforme en angoisse, 37 pieds.........ca fait pas loin de 12 mètres. Pfui....c'est pas rien, direction la Fnac et hop "la voile pour les nuls", "Bien naviguer, connaître son voilier" et "Naviguer en solitaire et en équipage réduit"

Commencent deux mois de révision intensives, certes toutes théoriques mais déjà pleines de promesses d'évasion mais aussi de gros moments de doutes et de peurs.

Les semaines passent et enfin arrive le grand jour.
Qu'il est beau, je caresse la barre, la coque, les winchs comme si j'essayais de l'apprivoiser.
C'est beau mais c'est grand, encore plus que je ne l'imaginais, et il va falloir que je le sorte de cette minuscule enplacement au milieu de cette forêt de mats, les premières gouttes de sueur froide perlent sur mon front mais nous y sommes, nous y allons.

L'avitaillement, madame et les enfants embarqués, je tourne la clef, le Diesel ronronne, une grande inspiration et on largue les amarres. J'enclanche la marche avant et tout doucement la belle coque bblanche s'ébroue, avec une infinie douceur, je le sors de son emplacement, un petit coup de barre a tribord, miracle, il pivotte presque sur lui mème. Quelques dizaines de mètres en avant, barre a babord et voilà que déjà je quitte le port.
La tension baisse, mon sourire se fait moins crispé, cette fois ci, nous sommes partis pour de vrai. Direction Hvar a une trentaine de milles.

Première heure pas la moidre risée nous marchons au moteur. Doucement le vent se lève, 4, 6, 8noeuds venant du sud. Je mets le nez au vent, la grand voile s'ébroue puis le foc. Un petit coup de barre a tribord, les ailes du bel oiseau se gonflent, le bateau se penche doucement, il prends de la vitesse et je coupe le moteur.

Ca y est enfin, je ne suis plus celui qui rêve au bord du quai, à 4/5 noeuds au près serré, je ne suis certes pas un marin et peut-être ne le serais-je jamais mais a cet instant j'avais des ailes, je ne connaissais plus de frontières.
J'étais un roi et l'océan mon domaine.

Malgré quelques frayeurs lors d'un coup de vent a plus de 30 noeuds pas prévu, une prise de ris un peu acrobatique, quelques manoeuvres pas très académiques pour entrer le soir dans les marinas et deux ou trois autres péripéties, je suis tombé amoureux.

L'an prochain pour sur j'y retourne avec tout de même un ou deux petits passages aux Glénans pour rêver d'ici là et en profitter encore d'avantage.

Voilà, j'ai été bien long, merci a ceux qui m'auront lu jusqu'au bout et bon vent.

Erwan