Comment vire t'on de bord sur un... IMOCA ?

La semaine dernière, je suis allé voir l'expo Gitana Team à Genève. Au passage, l'expo sera à la Rochelle jusqu'au départ du vendée globe et ensuite au salon nautique de Paris. Pas très long à visité et assez sympa. Pas mal d'infos, et même des casques de réalité virtuelle pour se retrouver sur le pont du Gitana XVI de Sebastien Josse. Il y a aussi une reproduction 1:1 du cockpit du Gitana XVI (pas loin de 6 metres de large) et plein d'info sur les IMOCA avec des chiffres impressionnants. Je me souviens par exemple qu'ils emenent sur le vendée 9 voiles par bateau pour un poids de 500 kg.... Ca donne une idée du sport qu'ils vont pratiqué pendant 3 mois...

Bref, un chiffre a levé une interrogation chez moi. C'était indiqué qu'un virement de bord prend entre 30 et 40 minutes en solitaire.... Pourquoi ? Moi qui n'ai jamais navigué sur un 60 pieds, je pensais qu'un virement de bord, c'était toujours un coup de barre, on lâche l'écoute de la voile d'avant, on la reprend sur l'autre bord et au pire selon l'allure, on accompagne la GV..... Pourquoi ca prend autant de temps ?

L'équipage
27 sept. 2016
27 sept. 2016

matossage, quille pivotante et/ou ballasts, foils, dérives... il faut modifier tout cela en plus des écoutes. Et ensuite, j'imagine qu'ils passent du temps à fignoler les réglages...

27 sept. 201627 sept. 2016

En poussant la barre c'est toujours pareil. Avant ou après il peu y avoir quelques bricoles à régler !....

27 sept. 2016

Merci Tupperware ! C'est exactement ce que je cherchais ! C'est vraiment impressionnant ! Ce qui est cool dans cette video c'est l'impression de puissance, de vitesse du bateau, les cordages et les winchs surdimensionnés et encore, c'est tout plat. Ils doivent se sentir petits dans les cinquantièmes à gérer ce monstre.

27 sept. 2016

Il y a 4 ans (ou 8 ans, mon neurone flanche) un article de V&V décrivait la procédure qu'appliquait Loïc Peyron... Il y avait quelques étapes qui étaient masquées "confidentielles" ...

27 sept. 2016

Ca doit etre la video que Tupperware a envoyé, à la fin il y a la liste et il y a plusieurs étapes confidentielles...

27 sept. 2016

Sur un 50 pieds de croisière en solo c'est déjà 5 min entre la préparation, le virement, le réglage alors sur un imoca avec tout le bordel a régler. Bien penser que embraquer une voile d'avant quand il y a de la surface ça se fait pas comme ça, le mètre d'écoute coute cher en tour de manivelle :p.

27 sept. 201627 sept. 2016

Tout est compliqué sur ces monstres.
J'avais donné un coup de main au préparateur de Roxi pour gréer la GV.
On était 3 et on y a passé l'après-midi.
Faut commencer par la faire passer du ponton au bateau pour se chauffer.

Et comme le précise Alex, on passe une partie du temps à embraquer ce qui traîne et remettre de l'ordre après chaque manoeuvre.

La drisse mouflée, avec un guindant de 27m ça fait déjà 110 m de drisse minimum, et les bosses et tout ce qui va autour, lazy ....
La moindre manoeuvre et on se retrouve avec des dizaines de mètres de bouts dans le cockpit.
Et si c'est pas parfaitement clean à chaque fin d'exécution d'une manoeuvre c'est tout de suite ingérable à la prochaine.

Le pire, c'est que quand Samantha est arrivée pour jeter un oeil, elle avait tout de suite remarqué qu'on avait croisé deux bosses.
Il a donc fallu revivre la moitié de l'histoire.
Et quand tu vois la hauteur à laquelle ça se passe quand tu es au pied de mât tu te demandes comment une petite nana qui ressemble plus à une bimbo sortant de boîte de nuit qu'à une haltèrophile (elle était arrivée en escarpins !) peut s'en sortir seule en cas de problème.

J'aime le bateau et la voile mais j'ai tout de suite compris qu'on ne jouait pas dans la même cour.

27 sept. 2016

"J'aime le bateau et la voile mais j'ai tout de suite compris qu'on ne jouait pas dans la même cour."

Justement, je ne m'étais jamais rendu compte a quel point le fossé était grand entre nos canots et ces géants.

27 sept. 201616 juin 2020

Je ne sais pas comment t'expliquer le ressenti.

J'ai navigué (un peu) sur un 60' "Running Tide" (plan Sparkman & Stephens) et je n'ai pas été plus impressionné que ça.
J'ai navigué (un peu) sur un Class 40, donc un peu le même style qu'un Imoca en plus court et même chose, pas spécialement impressionné si ce n'est par la vitesse facilement atteinte à 20 noeuds.
J'ai navigué (un peu, une semaine) sur un Gib Sea 52, idem : rien d'extraordinaire, c'est un gros camion mais c'est tout, ça ne m'effraie pas.

Mais voilà : sur un 60' Imoca, ce n'est plus du tout la même histoire.
Sur le pont, je ne me sentais pas du tout à l'aise, pas chez moi.
Du haut de mon 1.90m, j'étais un petit garçon.
A quoi ça tient ?
Je ne sais pas.
Tout est démesuré et tu sens que tu touches un autre monde.

L'histoire que j'ai relatée remonte à 2010.
Roxy était à vendre et Sam avait demandé à ce que le bateau soit prêt pour une sortie avec un client potentiel.

Je ne me suis jamais senti à l'aise en me déplaçant sur ce bateau pendant la préparation.
La taille des écoutes, des winchs, des haubans (diamètre 8mm), du mât, la hauteur de la bôme, la barre, tout semblait à une autre échelle.
Y avait un truc qui n'allait pas.
Comme une erreur de casting me concernant.

Mais l'histoire a pris une autre tournure quand Samantha est arrivée.
Elle a déchaussé ses escarpins de Bimbo sur le ponton puis est montée sur le bateau pieds nus.
(Elle a de très jolis pieds et je ne trouvais pas raisonnable qu'elle les mette en danger de cette manière, mais j'ai fermé ma gueule au risque de la voir se meurtrir ! ;))

Certes elle faisait petite sur ce bateau mais il n'y avait plus d'erreur de casting : dans sa façon de se déplacer, d'inspecter très rapidement les moindres détails, d'appréhender et de vérifier tout et de nous demander sans la moindre hésitation et avec fermeté (mais très gentiment) de régler très vite ce que nous avions merdé (sous l'autorité du préparateur).
Elle avait tout de suite vu ce qui n'allait pas en moins de 3 minutes.
C'était juste bluffant.

Autant tu te demandes comment tu vas pouvoir faire seul telle ou telle chose, autant quand c'est elle qui est aux commandes tu cherches où te cacher pour ne surtout pas la déranger.

Ca m'avait fait un peu la même chose en voyant un jour le petit gabarit de Bidégorry débarquer de Banque Populaire.

Ces bateaux ne sont plus une affaire de gros bras comme à l'époque de Tabarly ou de Kersauson mais avant tout de têtes bien faites.

Finalement, je pense que c'est plus une affaire de personnalité que de bateau.
Le bateau n'est qu'une machine complexe mais à la hauteur de leur talent.

Je joue aussi un peu de musique et je constate le même décalage quand j'approche des grands noms du jazz : il y a les musiciens ordinaires, comme toi, moi ou d'autres et y a ceux qui sont touchés par le génie et la grâce.
Ce sont des univers impénétrables.

27 sept. 2016

assurément une chouette expérience. :pouce:

27 sept. 201616 juin 2020

Quand tu vois le paquet de bouts qui arrive dans le cockpit, tu as intérêt à être un brin ordonné.

Et, en même temps, elle a beau avoir la maturité nécessaire associée à cette touche de génie pour la compétition de haut niveau, tu retrouves le même bordel rose avec des coeurs un peu partout comme dans la chambre bordélique d'une jeune adolescente boutonneuse.
Je l'adore !

27 sept. 2016

Merci pour ce témoignage super intéressant.

27 sept. 2016

Merci Jenlain d'avoir eu l'idée de poser la question et merci Tupperware pour la vidéo .
Comme beaucoup je m'imaginais bien que cela était physique mais pas à ce point et j'étais loin d'imaginer tout ce à quoi il faut penser .

27 sept. 2016

Vive Hanse et ses focs autovireurs. :jelaferme:

27 sept. 2016

On imagine trés bien ton ressentit ,et pour moi ça met en valeur le caractère hostile de ces bateaux. Souvent décriés de ci de la pour leur intérêt ou les finances qu'ils impliquent ,il n'en restent pas moins des machines exceptionnelles pour des personnes exceptionnelles ,et j'aime ça.
Quand on voit un Le cleach débouler a 30 nds ,sous une déferlante permanente par le travers ,la seule idée d'avoir a résoudre un pépin sur le pont ou de gréement dans ces moments la donne la mesure .
On a pu mesurer les risques par le passé ,des marins hors pair disparus et des accidents encore récemment .
On se sent tout petit par rapport a ces gars et filles .Minus .

27 sept. 2016

de Dofin: "On se sent tout petit par rapport a ces gars et filles .Minus ."

et j'ajouterais, en ce qui me concerne: Admiratif! :bravo:

28 sept. 2016

belle histoire alain et merci pour les photos. j'adore.

29 sept. 2016

Dans le numéro spécial de V&V concernant le précédent Vendée Globe, le journaliste avait accompagné Sam pour un entraînement en solo. Donc on regarde mais on touche à rien. Comme elle est gentille, elle lui quand même permis de toucher au moulin à café. Hop, c'est parti pour 3 minutes environ et on s'arrête pas. Rien que ça, et il était HS.
La sortie l'a laissé comme nous tous, pantois et foutrement admiratif.

Cap Otway  australie

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