La course dans les années 70…

Dans les années 60, la course était réservée à une élite qui couraient sur des yachts ou à quelques dizaines de passionnés qui régataient « à la dure » sous la jauge du GCL ou JOG. De nombreuses courses partaient du Havre, du fait de sa proximité de Paris. Les voiliers qui couraient mesuraient de 5.5 m à 9m pour les plus grands. La flotte était hétéroclite : Corsaire JOG, Primaat, Muscadet, Atlante, Super Challenger, Arpège. Les parcours faisaient couramment de 150 à 220 milles ! Par exemple : Le Havre, Cherbourg 1, Tour Nab et retour. Deux traversées de la Manche sans escale en un week-end !

Je me souviens encore de la première fois où, sortant d’un Mousquetaire, j’ai été invité à visiter un superbe Arpège neuf. Je me suis extasié devant un tel volume, un peu comme aujourd’hui, lorsque l’on met les pieds sur un maxi yacht.

Les entraînements dits d’hiver ont réellement débutés en 1973 à Port La Forêt, La Trinité et Lorient, en1975 à Granville et St Malo.

A la Trinité, jusqu’à 50 voiliers régataient en IOR tous les 15 jours, jusqu’à force 7 inclu. La flotte était principalement composée de voiliers de 7.5m à 9 m. De mémoire, autour de 1974, je me souviens que régataient en classe VII, 6 à 8 Flush Poker ; deux Petite Fleur, deux Tarentelles, trois Flot 18 ; en Classe V, un Bes, deux Impensable et deux ou trois Super Arlequin.
Couraient aussi régulièrement, plusieurs Tequila et Sangria, un Arpège et quatre ou cinq Armagnac. Chez les « gros », il y avait deux Swan, un Carter 37, et sans doute deux ou trois autres que j’ai oublié.

Le Flush Poker était un peu ce qu’est aujourd’hui un A35 ou un X de 40 pieds. Son prix était de 70 000 F auquel il fallait ajouter environ 20000F d’électronique et 20 000 F de voiles soit l’équivalent de 5 années du salaire minimum de 1975 !

Je me souviens qu’en 1974, lors de la Course de l’Edhec, la flotte de 106 bateaux est partie de Pornic au louvoyage en début de matinée alors qu’un front approchait. Après avoir louvoyé toute la journée par force 5/6, le vent est passé nord-ouest puis au nord, glacial, vers minuit alors que nous virions Belle-Ile à 2h du matin, au vent des falaises ! Le retour a été très froid et venté, je crois me souvenir que nous avons même essuyé des grains de neige. Et ce n’était qu’une course d’étudiants !

Un autre exemple en 1975, joliment relaté par mon ami André Gentil dans son excellent livre de mer, « Par les trois caps, t’es pas cap » :
« Cette fois, nous remontions de Rio de Janeiro vers Portsmouth, dernière étape du Triangle atlantique. L’anticyclone nous avait joué des mauvais tours et fait prendre du retard au point de nous rationner en eau et nourriture. Nous entrâmes en Manche par une épaisse brume. Le petit temps s’installa durablement. La brume durait depuis trois jours et notre point astro vieillissait mal. La gonio reprit du service, les instructions nautiques furent épluchées jusque dans les moindres détails. C’est de l’ouïe que vint la délivrance. Deux sons de corne toutes les trente secondes. C’était bien elle. Nous étions à quelques milles de la pointe Ste Catherine au sud de l’île de Wight. Le son de la corne était désormais sur notre arrière bâbord. Nous nous tenions tous les sept sur le pont, silencieux, recueillis. Des remous inquiétant firent monter la tension d’un cran.
-On est dans la roche…Très près de la côte.
-Chut.Taisez vous ! J’entends une voiture.
Debout au pied du mat, Terenia murmura, incrédule :
-Regardez, des vaches.
-Où ça ?
-Là haut.
-Regardez là haut sur la colline, entre les bouchons de brume.
-Elles volent ?
-Non, elles broutent.
Oh, nom de Dieu, des vaches !
Imaginez la scène, sept navigateurs hirsutes, à faire peur, apercevant des vaches sur les flancs verdoyants de l’île de Wight après cinquante-sept jours de mer ! »

A l’époque, le rôle du navigateur était primordial. La navigation se faisait exclusivement à l’estime et c’était agir en bon marin que, dans la boucaille, et même en course, on abatte pour reconnaître une bouée ou une cote afin de conforter l’estime.

C’était un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître…

Ils ne jouiront pas de la satisfaction qu’apportait la découverte du point d’atterrissage précis qui succédait à des heures de doute. Le navigateur pouvait enfin "se la jouer modeste" alors qu’il distillait à l’équipage depuis de heures voire des jours des positions dont il doutait…

On le constate, en dehors de la radio-gonio, aide toute relative, aucun progrès n’avait été effectué depuis des centaines d’années. On comprend mieux les centaines d’échouages de grands voiliers sur les cotes de Bretagne et de Cornouailles.

J'invite tous les "anciens" à relater quelques unes de leurs anecdote.

L'équipage
02 mai 2008
02 mai 2008

C'est là en effet
une époque révolue.
celle ou faire de la voile demandait d'explorer.

Avec son lot de mystères et d'inconnus.

Maintenant, on part visiter.
C'est un autre état d'esprit.

02 mai 2008

époque révolu oui, mais pas le sens marin?
Au dernier grand pavois, je me suis retrouvé dans la navette à coté de deux pêcheurs plaisanciers qui vantaient les mérites du GPS : &lti&gt"Instrument merveilleux qui permet par temps de brume de sortir d'aller relever les filets et de rentrer en toute sécurité."&lt/i&gt
Laissant vagabonder mon esprit, je les ai imaginé nageant, gps à la main, les deux étraves de leur bateau pointant encore vers le ciel en se demandant pourquoi le gps n'avait pas annoncé la sortie du port d'un bateau pendant que l'autre rentrait...

L'état de la surface, les bruits, les odeurs, les oiseaux, l'estime, la connaissance de sa carte, la compréhension des reliefs que l'on devine dans une demi ombre sont toujours d'actualité.

Sans parler de la météo, je pique à terre parce que c'est de l'advection et cela va se lever là ou je privilégie le large par sécurité?

Ce n'est pas parce que la révolution électronique pousse vers plus de technologie : disparition programmée des signaux lumineux phares et fusées qu'il faille abandonner le sens marin.

A époque ou on suivait les lignes de fond au plomb de sonde; Je me souviens d'avoir fait un jour le tour du bateau, le rouleau de scotch à la main pour boucher tous les interstices émetteurs de sifflements... Fallait pas louper la bouée qui devait venir quelque part devant.

[i]"Se la jouer modeste"[/i] oui, ou plutôt, pousser un ouf de soulagement au moment de l'atterrissage deux ou 3 ordres précis et on corrigeait le tir.

C'est vrai, la technologie a simplifié beaucoup de choses. Elle permet d'être moins pointu sur la connaissance du milieu maritime, encore faut-il être conscient des ses limites.

02 mai 2008

la course au large a perdu tout son sens...
à une autre époque, les navigateurs étaient "isolés" chacun à son bord, c'était un challenge humain où tout ce qui comptait était l'aptitude des capitaines et la justesse de leur estime.
aujourd'hui, le challenge est devenu technologique et les sponsors ont mis la main sur les courses...
...il y a du pognon en jeu, donc l'esprit a changé.
sinon pour la nav,un atterissage à l'ancienne, c'est magique, ça relève de la découverte. mais l'électronique rend la nav tellement plus précise que ce serait dommage de s'en passer.

03 mai 2008

Evolution de la course au large
Certes, avec les communications modernes, l'aspect "avanture" est beaucoup moins présent.

Mais en retour, les courses océaniques n'ont jamais été aussi présentes qu'aujourd'hui, avec une bonne retransmission. On peut enfin vivre la course "de l'intérieur". Et les bateaux d'aujourd'hui sont vraiment très intéressants. 60 pieds, 40 pieds, etc... Et la "volvo": une course magnifique!

Certes, les technologies ont largement évoluées, mais aujourd'hui, le marin a encore une place énorme! Regardez Joyon: il n'avait pas le bateau le plus technologiquement évolué, pourtant, il a réalisé un véritable exploit! Et que dire du tour du monde à l'enver de JL VDH: une vraie avanture humaine. Il faut bien se rappeler que sans médiatisation, sans sponsor, ce genre de course n'existerai pas. Dès le début, les courses océaniques n'ont existées que grâce à une forte médiatisation.

Quand aux régates côtières, elles sont extrèmement populaires. Le nombre de bateaux engagés dans de telles régates en France est énorme, incomparable avec la situation d'il y a 30 ans. Et c'est pareil en angleterre, italie, etc... Bref, la voile un sport de plus en plus accessible! Qui s'en plaindrait?

Bref, encore une fois, la plaisance, la régate évoluent, et je pense dans le bon sens: toujours plus populaires. Je ne pense pas qu'il faille être nostalgique et regretter un passé où la voile était à la fois beaucoup plus spartiate, plus dure, et beaucoup moins accessible.

Leon.

03 mai 2008

oui en 74on marinait dans les cirés
les premieres polaires "over hit " equinoxe d'une piece genre baby gros , des canots qui foutaient la trouille des 25 noueds au portant la joie du roulis rythmique avant que le petit farr727 nous montre le chemin facile , rapide stable quand nous il fallait envoyer le big boy pour stabiliser le bestiaud , les premiers bolinos a l'eau tiede,less canots jamais etanches , apres les regates d'hiver au bar on reconnaissait tout de suite ceux qui naviguais en gros plus de 9 metres il n'etaient pas trempés etc je ne sais pas si c'etait tellement mieux avant, on etaient plus jeunes , plus branleurs beaucoup de conneries avec le recul il y avait un bon dieu dans le balcon ar mais on pouvais prendre son corps morts a la voile ça c'etait bien

03 mai 2008

AUTONOMIE
Une règle a été transgressée : celle de l'autonomie.

Ce n'est pas tant le dessin des bateaux ou la technologie des matériaux employés qui ont bouleversé les courses au large, mais bien la transgression d'une règle fondamentale : le solitaire ou l'équipage reçoit des aides extérieures soit brutes (position, photos satellites), soit digérées (routage).

Un sportif assisté, en quelques sorte.

Mais pour quel bénéfice ?!

04 mai 2008

c'est vrai pour les courses en solo
on se demerdait tout seul avec toute les consequences possibles j'ai perdu de bon copains , et de belles frayeurs quand le quart bannettes se prolongeait un peu , pecheur cargo meme d'autres voiliers ou le skipper dormait , la probabilité est faible de se cartonner mais pas nulle , pour en revenir a l' assistance maintenant on veut savoir ou tout le monde se trouve a terre comme en mer et les cameras de surveillance sont a bord meme si on ne les appelles pas comme cela les courses ont besoin de retomber de toutes ordres , ceci dit des gars comme f joyon se debrouillait tres bien seul et meme si il a reçu une aide meteo le dernier coup il peut faire sa nav seul , ce qui n'est pas le cas de tout le monde.........

Phare Saint-Louis, situé sur le musoir du môle Saint-Louis à Sète

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