Le Grand Départ et la Vie sur l'Eau
En 1977/78 paraissait le remarquable livre de Michka, Le grand départ et la vie sur l'eau, publié chez Albin Michel.
L'auteur y expliquait les raisons d'un grand départ, les choix de vie, la durée d'un grand voyage, le choix du bateau et tout un tas d'autres choses.
Le ton du livre était très dans le style des années 70, un peu cool baba mais plein de sagesse et de bons conseils, le tout entrecoupé de recettes de cuisine faisables à bord _(j'ai adoré la recette des roll-mops que je réalise encore aujourd'hui) et aussi plein de petits dessins.
Avez-vous lu ce livre? Et vous, que diriez-vous si vous deviez conseiller quelqu'un pour faire son grand départ et vivre sur l'eau? Combien de temps? Pour aller où? quel bateau?
J'ai rencontré il y a quelques temps Michka sur un salon où elle militait activement pour les médecines douces (elle a écrit plusieurs livres sur le sujet). Elle milite aussi activement pour la légalisation du cannabis. Très âgée aujourd'hui, elle regarde avec beaucoup de tendresse le livre qu'elle a écrit en 77 mais ne souhaite pas le remettre au goût du jour, ni même le revoir publié.
Une mine de bonnes idées,ce bouquin, et une bible à avoir à bord. On en a tiré à l époque la recette de la choucroute à base de papaye verte et les plans de notre fumoir à saumon, que j utilise encore...
Bien entendu, la philosophie sous jacente est très marquée seventies....mais, vu mon grand âge, ça me convient parfaitement !
Mon livre de chevet pendant toute la construction du Flot 40... 76-82 !
On doit encore y trouver des conseils généraux indémodables pour la vie de nomade sur l'eau et des bonnes recettes.
Intéressant ton sujet.
J'espère qu'il ne va pas tourner à la polémique sur les "vieux c. ou c'était mieux avant".
Je pense que les départs en bateau à cette époque étaient très marqués "politiquement" ou philosophiquement. On se sentait un peu les héritiers du mouvement hippy et de Jack Kerouak.
Le bateaux, les rencontres, la vie proche de la nature, le voyage étaient dans cette veine de débrouille, d'entraide et d'hédonisme très différent de la manière dont la grande majorité navigue actuellement.
Il faut dire que quand on partait, on ne rentrait pas, ou alors beaucoup d'années après. Les avions étaient très chers. Les équipements des bateaux étaient minimalistes. Ceux qui avaient un moteur en ordre de marche étaient rares, les cartes succinctes et le matériel de sécurité que l'on juge impératif était tout à fait absent.
Paradoxalement, il y avait beaucoup de bateaux avec des enfants, chose qui avait énormément diminué dans les années 90/2000 et qui reprends aujourd'hui.
Les bouquins de Michka, comme ceux de France Guillain www.babelio.com[...]/158890 ) racontent bien cette époque, comme celui de beate Kammler (www.abebooks.fr[...]-beate/ ) et d'autres.
Mais on rencontre encore parfois ce type de voyageurs nautiques. Rares, mais il y en a.
Le Musée du Fumeur : Le Musée du fumeur est un musée privé, fondé en 2001 par Michka Seeliger-Chatelain et Tigrane Hadengue dans le but « d'informer sur l'acte de fumer et sur les plantes fumées ».
Son livre était dans tous les bateaux dans les années 80/90
J'avais quelques réf à cette époque:
-Le Grand Départ et la Vie sur l'Eau (pour les recettes, le style, les dessins, les conserves).
-Mettre les voiles d'Antoine (Informatif et avec pleins de listes pense bête, outillage et pièces de rechanges etc).
-Alain Gréer pour la nav astro.
et Naufragés, comment survivre en mer :-)
Michka a aussi écrit des articles dans Neptune Nautisme (ou Le cahiers du Yachting?) sur des trucs pratiques. Beaucoup d'articles pour les femmes. Genre se protéger quand on vit nue, les coups de soleil mal placés, la nécessité de porter un tablier en faisant le cuisine, faire attention aux grains de sable quand on fait un câlin sur la plage...
Toute une époque😀
Il serait par ailleurs amusant de faire une moyenne des dates de naissance des participants à ce fil...Perso , j assume l appartenance à la génération lampe à pétrole sextant et gonio...même si depuis j'ai adhéré au gps et à l ais....·le 24 nov. 2022 15:45
"Et vous, que diriez-vous si vous deviez conseiller quelqu'un pour faire son grand départ et vivre sur l'eau? Combien de temps? Pour aller où? quel bateau?"
Alors là ça va être compliqué avec les cerveaux formatés et remplis de pub grâce aux revues nautiques actuelles.
Oh le joli coup de nostalgie...
Ah jeunesse, jeunesse, passez moi donc la bouteille de rhum 🙂
C'est pas si vieux c'était il y a 30 ans pas deux siècles :-)
Sans répondre à la question de Tupperware, mais pour rester dans le mode "nostalgie", les bateaux adaptés au voyage à cette époque avaient à répondre idéalement à plusieurs impératifs :
D'abord, hors Europe, on ne trouvait rien. Ni bouts, ni voiles, ni pièces d'accastillage etc... donc, les pièces de rechange, l'atelier, la capacité à être autonome étaient une base. Avec la simplicité nécessaire pour pouvoir tout réparer ou entretenir soi même. Beaucoup avaient des machines à coudre, du bois en rab pour faire éventuellement un tangon ou une bôme.
Donc, pour emmener tout ça, il fallait des bateaux acceptant la charge et de fait lourds et robustes.
Bien sûr ni électronique, peu d'électricité. Donc, pour se barrer, c'était régulateur et de fait, étaient privilégiés les bateaux stables en route.
Pas de foc à enrouleur et donc plutôt gréement divisé : ketch ou cotre pour répartir les surfaces de chaque voile.
Ces impératifs décrivaient les bateaux : simples, robustes, lourds, stables et autonomes.
Pas lu son livre à l'époque (j'étais vraiment fauché et tout le pognon passait dans la construction !) mais ses articles, dans Loisirs Nautiques (?) il me semble que j'achetais religieusement tous les mois.
il y avait aussi parfois des articles d'une certaine Marie-Noëlle (Sercq) ...
Et donc, en corolaire, puisqu'on peut trouver un shipchandler dans tous le ports du monde, acheter un HB dès que le sien cafouille, faire réparer son déssal ou son pilote automatique aussi bien aux Antilles qu'en Polynésie, Fidji etc... que si ton annexe éclate, tu t'en fais livrer une ou que tu sois, je dirais que tous les bateaux sont idéaux pour faire le tour du monde.
Stable? les pilotes auto de maintenant sont capables de barrer n'importe quelle toupie.
Survoilés ? : Tu réduis toutes surfaces facilement.
Sans placards ni soutes? Tu trouves du camembert, du beaujolais ou des poulets de Bresse dans la moindre ile perdue.
Pas d'atelier ni d'outils : tu fais réparer tout partout.
Réservoir? T'as un dessal.
Léger + quille rapportée? Qu'importe, tu ne te poses plus le long d'un môle pour caréner, les lifts sont partout
Et quand t'as envie de rentrer, les avions parcourent le monde pour pas grand chose et les chantiers ou laisser le bateau sont nombreux.
Alors, un compte en banque fourni et tous les bateaux le font.
Sinon, t'es autonome et tu navigues sur les bateaux d'avant et tu payes 10 fois moins.
j avais son livre qui me faisait rêver avant de partir a mon tour , en 80 , le voyage coutait moins cher , et j avais 40 ans de moins donc plus facile de voyager très simple , plus envie aujourd hui .
Lu en 1998, c'est la petite graine qui a fait que j'ai su qu'un jour je partirai en bateau; 24 ans de gestation quand même !
Pas lu, pas cuisinier.
Mais aujourd'hui, comme hier, les sentiers de traverses existent toujours.
A vous entendre il a l'air top ce bouquin!
De notre côté on a fait une transat a 4 sur un 30 pied hollandais a quille longue de 1968.
Ça nous a plus donc on a acheté un bateau, qu'on a longuement retapé en suivant a peu près le cahier des charges présenté par Ed, le tout fortement arrosé de sauce Moitessier, gerbault, bardiaux, etc...
Au printemps prochain on poursuivra la route, en direction de la patagonie, sans savoir jusque où on ira, ni combien de temps on part.
On ne prévois pas d'autres instruments qu'un gps et peut être un inreach, et on a hâte d'aller un peu prendre le large de ce monde de plus en plus malsain et qui deviens déconnecté de trop se connecter.
Et rien que sur notre chantier on a rencontré près d'une dizaine de bateaux comme ça...
Comme quoi il y en a plus qu'on ne le pense des rachiens des mers ;)
Hello,
Il a l'air très inspirant ce livre.
Quelqu'un aurait il le courage de le scanner et le pousser ici ?
Amicalement.
FX
En fait on le trouve facilement pour pas cher entre 4 et 30 €.·le 25 nov. 2022 10:16
J'ai du mal à comprendre ceux qui regrettent les temps anciens. Nous pouvons toujours acheter des bateaux qui ont 30 ans voir plus. Nous pouvons toujours naviguer hors des sentiers battus. Alors oui il faut s'équiper un peu plus et surtout pour ceux qui veulent naviguer seul. Le niveau de vie a quand même pas mal évolué. Et puis on peut s'équiper d'occasion.
Personne n'est obligé de suivre les modes et acheter les barquettes d'aujourd'hui. Celle qui sont faites pour les vacances d'été.
De très bon bateaux anciens bien entretenus sont toujours à vendre. Penser à s'équiper un minimum pour assurer sa sécurité me semble la base.
Comment peut-on comparer un temps ou vous n'étiez pas sûr de croiser d'autres navires marchand et l'époque d'aujourd'hui ?
Les temps sont à la consommation et les jeunes saturés de pub. C'est donc difficile pour eux de voir un autre moyen de vivre plus simplement.
Et puis avoir un atelier sur un bateau pour un tour du monde est indispensable pour ceux qui veulent assurer leur propre réparation et entretien.
Je suis sur un chantier ou pas mal de monde de tous âges préparent leur bateau pour partir. Cela existera toujours.
Arrêtons de regarder en arrière et aménageons l'avenir pour que nous ayons toujours du plaisir à vivre.
Demandez aux femmes si elles veulent revenir à la planche à laver ou aux couches d'avant !
Et pour ceux qui ont un doute, oui j'ai lu tous les Moitessier, Gerbault et autres et navigué sur Vaurien et Caravelle et je possède toujours mon cours des Glénant et mon Sextant à bord.
Après il existe ces formidables outils que sont les Forums et les réseaux sociaux. Mais il faut faire ses choix.
Caréner est rarement un problème. Même si maintenant, t'as des chantiers partout. Mais pour des économes, t'as des marées de plus de 3m en Guyane (quai au Larivot), au Perlas, à Guyaquil (ou Salinas), Darwin, Malacca, Shri Lanka,...
Je ne prône pas ce type de carénage. Je veux simplement montrer que naviguer autonome avec un budget faible est tout à fait possible. Mais chacun fait comme il le veut, hein.
Un carénage économique.
Casamance, fevrier 2015, banc de sable près d'Ehidj. On fait partie de ceux qui naviguent a l'ancienne 😁
Et en juin de la meme annee, au bresil devant itaparica, salvador de bahia
On trouvait aussi des chantiers et des lifts. Quelquefois le moteur du chantier était un peu particulier.
A Savu savu aux Fidji , il a fallu 3 j pour sortir mon cata chez Curly ( décédé l an passé ) , le chariot pas assez large , il l élargie , la chaine de levage casse , il la change , les poulies de mouflages casses , il en met des plus grosse , sacré souvenir c était en 2016 , ou mon cata avait pris le cyclone Winston au mouillage
curlycarswell.blogspot.com[...]on.html
Bon...ça fait un peu club des anciens...😬
Ya pas que sous un les tropiques qu on enterre les bateaux pour les protéger des tempêtes. Gratitude hiverne en ce moment aux Hébrides Extérieures ( South Uist) et y est partiellement enterré....
Pour un fil de "vieux" je le trouve particulièrement rafraîchissant, à savoir tous ces témoignages de tout ce qu'on pouvait faire (et qu'on peut toujours faire) avec un minimum d'équipement, en prenant son temps et "déconnectés". Une autonomie qui est probablement un attribut très "jeune", peu importe l'âge réel des personnes dans cet état d'esprit.
Je m'étais déjà fait cette réflexion concernant les vieux "jeunes" (l'opposé des "jeunes vieux") en regardant un reportage sur les années 1920-1930, cette soif de vivre que les gens avaient après la grande guerre, ça m'avait frappé à quel point ces gens étaient incroyablement "modernes", sous beaucoup d'aspects plus modernes que nous, semble-t-il plus enclin à mettre en question leurs préjugés, à considérer que tout est possible, il s'en dégageait de tout cela une grande énergie qui manque un peu maintenant. Cette réflexion m'avait permis de regarder mes grands-parents sous un autre oeil, ils avaient baigné dans cette ambiance et me racontait des histoires incroyables d'alpinisme entre copains à la va comme je te pousse, de navigation en Bretagne dans des vieux thoniers à voile etc. Incroyablement sportifs et ne doutant de rien.
Je pense que les deux choses qui ont le plus changé entre la navigation "à l'ancienne" et la navigation "à la moderne" sont les rapports à la sécurité et à la vitesse.
Concernant la sécurité, et à l'image de la société actuelle, on n'imagine pas maintenant ne pas avoir tous les systèmes et équipements pour tout. Je m'était fait reprendre, il y a quelques mois par Senetosa, car je parlais des sabbatiques suréquipés et je disais que "c'est même à ça qu'on les reconnait". Mais c'est la réalité. Les discussions sur les assurances, les systèmes de sécurité, les "ceintures et bretelles" sont des discussions qui n'apparaissaient jamais dans les soirées rhum des cockpits alors qu'elles sont partout maintenant.
Quant à la vitesse, c'est vraiment quelque chose qui est en relation avec notre société actuelle. Il faut aller vite, la vitesse est un plaisir, les 200, 250, 280 milles par jour sont une banalité sur les bateaux de maintenant. La puissance des moteurs qui permettent une moyenne élevée est un objectif. A l'ancienne, ces sujets étaient très rarement abordés. La solidité, la capacité de charge, la stabilité, oui, mais la vitesse n'était pas un critère jugé pertinent.
Est ce un bien? Il n'y a pas de jugement, juste des observations.