Master & Commander

C'est conseillable à partir de quel âge ?
Possible pour des enfants? A ce que vous en dites, probablement un peu, heu, "sauvage", non?

Maître après Dieu (de l'autre côté du monde)

J.-S. Bach: 1685-1750.

La Surprise, le bateau imaginaire tiré du roman d'O'Brien, a été construite par Philip Bolger bien avant ce film. Son nom véritable est le HMS Rose.
Pour la petite histoire, ce constructeur est américain et s'est rendu célèbre par ses petits bateaux en forme de caisse à savon, d'une laideur proverbiale et aux qualités nautiques régulièrement discutées.
Un peu comme si feu l'inventeur de l'Optimist avait construit l'Hermione! Voyez:

www.tallshiprose.org[...]aq.html

Quant à l' Achéron, c'est pour l'essentiel une reconstitution digitalisée.
J'aurais voulu que ce soit nous qui ayons fait ce film. Ca n'a pas été le cas, il ne faut donc pas se plaindre si on nous présente comme des ennemis dans une guerre où nous étions des alliés de l'Amérique, avec l'argent de la Fox, compagnie qui diffuse des nouvelles -pardon, de la propagande francophobe depuis des mois, au service de la clique pétrolière.
C'est la vie, comme on dit là-bas.

On a tout de même le droit de grogner pendant l'éloge sirupeux de Nelson, même si ça trouble les gloussements gallinacés du public des dimanches.
Ou bien, on regarde le plafond et on pense à l'Hermione.

Mais on a aussi le droit d'imaginer, sous le masque gémissant des vaincus de comédie qui implorent à l'écran la pitié des prévisibles vainqueurs, la part de gloire qui fut celle de leurs adversaires, nos Bretons parfois mal commandés mais qui perdirent leurs dents plutôt que leur dignité et attendirent dans des entreponts humides les bordées meurtrières sans désemparer, sans linge sec, sans cicatriser jamais tout-à-fait, sans se désaltérer vraiment, pour un plat de lentilles, pour nous.
Et non, il n'est pas prouvé que Napoléon voulait installer une guillotine à Piccadilly Circus.

La véracité du récit peut souffrir d'autres imperfections.
Un commandant de ce temps n'aurait sans doute pas remonté le vent dans la tempête pour rattraper un adversaire supérieur en force. Les francs-bords étaient bas, les entreponts sans cloisons.

Si loin du port et ayant manqué un ravitaillement, il n'aurait pas non plus conduit ces exercices de tir à la mer avant l'affrontement, il aurait plutôt économisé sa poudre et ses boulets.

En pleine mer, les jeunes gardes-marines ne déambulaient sans doute pas sur le pont en grande tenue, mais le poids inouï de l'inégalité sociale d'alors est bien rendu par les gamins de la haute donnant avec confiance les ordres aux vieux briscards!

Tout comme les longues attentes entre les combats, la silencieuse lueur rouge des départs de coups qui précède l'impact et la dévastation comme l'éclair le tonnerre, le bricolage chirurgical, l'attente de la pluie qui enfin rincerait les hamacs et remplirait les bailles.

Oh oui, j'ai aimé le film.

O'Bryan
le livre d'O Bryan dont s'inspire le film, fait partie d'une longue saga (une dizaine de books). Il a écrit et vécu a Collioure, était ancien officier de renseignements dans la navy, ou hélas il n'a jamais pu avoir un commandement, pour raisons médicales!

dans le même genre de saga maritime Nelsonienne (napoléonienne!), la saga de "Hornblower" par Forester, est aussi une merveille sur l'ambiance , le technique , les combats, a bord de ces forteresses flottantes , qui devenaient aussi d'effroyables mouroirs .