Talonnage Mer Ionienne

Hier j’ai talonné sur un amas de cailloux dans une baie au nord est d’ithaque avec un Hanse 418 de location. Nous étions à la recherche d’un mouillage après avoir renoncé à faire escale à Fiskardo où le gasoil que nous espérions trouver ne pouvait être livré. J’avais donc décidé de reprendre notre navigation vers Vathy et de trouver une crique en chemin pour passer la nuit.

Je considère que je navigue solo même si c’est avec ma femme et ses filles qui m’aident pour les manoeuvres.
Il devait être 17:30, j’étais au moteur, à 3-4 noeuds, soleil de face et clapot. Je n’ai pas vu les cailloux et sur le chart plotter du cockpit, j’étais au nord des cailloux, pas assez loin mais au nord.

Quelques secondes avant de taper, j’ai eu l’intuition d’allumer mon iPad et vu sur Navionics que j’étais en plein sur les cailloux.

Les images montrent la carte c-Map du bord, la même carte de Navionics et une superposition des 2.
Pour moi il y a plusieurs facteurs a cet incident (comme toujours) :

• clairemnt je suis passé trop pres des cailloux, j'aurais du arrondir plus la zone, considérant que le GPS a une marge d’erreur et que les cartes aussi.
• mon iPad était déchargé et je ne l’allumais donc que par intermittence. S’il avait été allumé j’aurais évité la zone.
• chercher un mouillage dans les criques successives est une mauvaise pratique. Normalement on sait d’où on part et ou on arrive et on prépare son plan. Je devais aller à Fiskardo pour faire le plein de gasoil et n’en trouvant pas la bas, j’ai décidé de poursuivre vers Vathy sans plan précis. Comme les mouillages sont blindés, mon plan était de faire les criques unes à une jusqu’à trouver un mouillage pour la nuit.
• fin de journée, pas mal de navigation, le stress de manquer de gasoil (la jauge du bord ne fonctionne pas donc je suis à l’estime), ces éléments ont contribué à une précipitation fatale.
• le vent qui monte systématiquement à 20-25 noeuds des qu’on approche les côtes, le soleil bas en face, le clapot, n’ont pas aidé.

Voilà j’ai contrôlé les boulons de quille, la gâte du moteur, tout ça est sec. Les portes ferment, pas de déplacement suspect de meubles, pas de signes de dommages. Ça semble costaud. J’ai un plongeur qui vient ce matin inspecter la coque. Le loueur est au courant (pas eu besoin de leur dire).

Ça fait mal, je dois dire. J’ai eu de la chance. Je suis plutôt humble dans ma façon de naviguer, essayant toujours d’anticiper, de prévoir le pire et de rester prudent. Quand je vois des bateaux explorer des zones de mouillage farcies de cailloux à 6 noeuds ça me révulse. Je ne pensais pas que ça m’arriverait et ça fiche un coup au moral, mais bon y’a pas mort d’homme, tout va bien. Y’a évidemment bien pire que ça.
Je ne cherche pas d’excuses; je suis responsable. J’ai simplement besoin d’en parler, et avec des gens qui naviguent, et accessoirement de livrer un témoignage qui pourra servir à quelqu’un d’autre.
Bonne journée
Etienne