Le naufrage du navire école belge le « Comte de Smet de Naeyer » en avril 1906 (suite- 2)

C’est en 1900 que plusieurs associations voient le jour en Belgique dans le but de doter le pays d’un navire-école digne de sa future puissance coloniale.
Le roi Léopold II a en effet promis de céder en 1908 à l’État Belge ce qui s’appelle encore « l’État Indépendant du Congo » et dont la souveraineté lui revenait en nom propre entre 1885 et 1908 .
Pour un petit pays comme la Belgique, hériter d’une colonie que lorgnaient pourtant les 3 grandes puissances du moment, l’Angleterre, la France et l’Allemagne, représente une source de revenus immense, mais ceci est une autre histoire...coloniale.
Parlons voilier !
Le chef du gouvernement, le comte Paul de Smet de Naeyer, est lui-même très intéressé par le projet.
De grands travaux ont déjà été entrepris dans 3 ports belges, Anvers, Zeebrugge et Ostende.
Il faut se doter d’une marine importante qui reliera le pays à sa future colonie.
Il est important de former les équipages et officiers de la future marine marchande.
En 1903 est fondée la société anonyme « Association Maritime Belge » sous tutelle de l’état. Ce mélange entre public et privé contribuera d’ailleurs aux polémiques qui suivront la catastrophe du Comte de Smet de Naeyer et en fera une affaire d'État.
Le véritable but de l’Association : acquérir et exploiter un voilier-école et surtout de faire des bénéfices grâce au transport de marchandises.

Pourquoi une telle initiative de navire-école, que certains pourraient qualifier de tardive ?
Il faut savoir que depuis l’indépendance de la Belgique en 1830, l’Escaut, son principal fleuve, et conséquemment Anvers le plus grand port, sont soumis à un blocus de la part de la Hollande, l’ancienne puissance occupante de la partie flamande du pays.
L’embouchure de l’Escaut se situe en territoire hollandais.
Après le blocus suivra un péage qui durera jusqu’en 1863. Une façon pour les Hollandais de contrecarrer une éventuelle concurrence anversoise à ses ports de rotterdam et d’Amsterdam.

Le navire-école.
Il s’agit de construire un trois-mâts carré à coque et matûre d’acier. Aucun moteur n’est prévu.
C’est le chantier écossais de Greenock qui remporte l’offre alors que des voix s'élèvent pour objecter que cela aurait dû être l'occasion de favoriser l'industrie nationale.
Le navire est construit en 4 mois et lançé en octobre 1904. Il est baptisé du nom du 1er ministre.... et le baptème ne se passe pas bien : il a fallu s'y reprendre à deux fois pour briser la bouteille de champagne sur l'étrave, ...un mauvais présage.
Quelques jours après le lancement, le 20 octobre, le navire chavire à quai, en raison d'une fausse manœuvre lors du remplissage des ballasts. Remis à flot peu après, il se couche à nouveau, des câbles utilisés pour le redresser ayant cédé. Mâture et superstructures sont endommagées. La presse s'inquiète de ces déboires, ou ironise. Renfloué et remis en état, le Comte est livré plus tard que prévu, il arrive à Anvers le 29 décembre 1904 toué par un remorqueur qui connaît lui-même des avaries de machine durant le trajet.
Autant d'incidents qui suscitent des inquiétudes quant aux qualités marines du navire et lui confèrent la réputation naissante de bateau maudit par le sort.
Le Lloyd’s Register lui accorde cependant la plus haute classification attestant qu'il a été construit selon les règles de l'art, et des d'experts anversois certifient la qualité du bâtiment.
Premier voyage.
Le Comte de Smet de Naeyer appareille pour sa première campagne le 12 février 1905 avec un équipage de 60 hommes dont 28 cadets. Un beau navire avec un haut gréément à six vergues. Il est chargé de ciment à destination du Chili via le Cap Horn , avec d’un complément de coke.
Le commandant est Gustave Fourcault, 44 ans, officier chevronné de la Marine Nationale.
Le « Comte » fait une escale à Madère avant de poursuivre son voyage par le Cap.
Il arrive à Valparaiso où il décharge sa cargaison, fait une deuxième escale à Iquique, une troisième à Caleta Buena pour y charger du nitrate pour le voyage retour.
Le 4 septembre il repart et après une traversée de 4 mois, accoste au port d’Anvers le 4 janvier 1906.
Positif : 2 passages du Cap Horn sans aucun problème.
Mais...
Trois cadets ont déserté au Chili. On a manqué de vivres lors du retour. Une épidémie de fièvre typhoïde a eu raison d’un professeur et d’un mécanicien, décédés tous deux en mer. Une partie de la cargaison a été perdue, car la coque du navire a laissé passer beaucoup d’eau.

En attendant...le premier voyage est terminé, le commandant Fourcault est mécontent du comportement du navire, se confie à des proches, et leur dit vouloir démissionner de sa fonction de commandant du navire-école belge.
L’occasion pour le capitaine en second, Cornillie de faire promotion ? Le deuxième voyage est prévu en avril.
Les photos:
1 et 2: la construction
3: le baptème
4. les officiers et les cadets
5. Le Comte de Smet de Naeyer.

L'équipage
06 nov. 2021
07 nov. 2021

Toujours aussi interessant merci pour tes recherches

07 nov. 2021

tatihou je viens de découvrir un livre sur la toile (en Pdf) écrit par un survivant qui avait aussi participé au 1er voyage... il est écrit en flamand de l'époque, je tente une traduction de certaines parties que je publierai sur la "taverne"... en attendant, une suite (3) est prévue pour aujourd'hui ou demain (je tire ainsi profit d'un lumbago tenace qui me "cloue" à mon... ordi...) bon W-E!

07 nov. 2021

Pas sûr que rester assis devant son ordi soit conseillé pour un lumbago !

07 nov. 2021

J attends ton tome 3

07 nov. 2021

Merci, passionnant.
C'est bien mieux et plus instructif qu'une série sur Netfix

07 nov. 2021

Un bien pour un mal, ce lumbago. Cette suite tient ses promesses 👏. Dès que tu te sens mieux , paye toi une virée sur ta W ou mieux ton caf’racer ! Le meilleur des médocs pour se remettre droit dans ses bottes ( sérieux!)

07 nov. 2021

J'y ai pensé ce matin à une balade moto...il y a en effet une concentre à Gandia, pas bien loin de la maison, mais mon dos ne le permet pas... patience et donc ...de Smet de Naeyer!

07 nov. 2021

+1 La godille!!!

08 nov. 2021

pas mieux ,une petite arsouille,2 wheeling,une petite glisse a la remise des gaz..et une banane qui te fend le visage.

Ilha da Berlenga, Peniche, Portugal

Phare du monde

  • 4.5 (167)

Ilha da Berlenga, Peniche, Portugal

2022