Non-achat de voilier et levée de boucliers... ou de bouts pliés?

Une petite suite à mon texte d'avant-hier.
Il a eu, à en juger par les nombreuses réactions, beaucoup plus de succès que mes 20 épisodes du naufrage du Comte de Smet de Naeyer, ce qui me fait subodorer que les cancans font ici plus recette que les vrais récits de marins.
Pour remettre les chronos à l'heure et les compas dans la bonne direction (celle du nord prophylactique):
Peur moi? Oufti!
PEUR DE RIEN NI DE PERSONNE.. vous comprenez?
À mon actif 25 Cape Leeuwin, 25 Hobart-Sydney dans le mauvais sens, 10 Caps de Bonne-Espérance, 20 passages par le sud de la Nouvelle-Zélande, MAIS pas de Cap Horn et donc pas d'anneau dans l'oreille, ni de tatouages non plus... OUF, quand on voit ceux qui en portent à foison (à toison) maintenant, leur compagnie m'irriterait.
Combien de tempêtes, d'ouragans? Innombrables.
Combien de freak waves? Deux mémorables (hé non, pas plus non plus, pas vantard l'arsouille), quand nous perdîmes en 1974 une locomotive qui était en pontée, et une autre en 1978 quand toute notre pontée de grumes devint un immense Mikado qui tint le coup en équilibre instable jusqu'à Hambourg.
Pas de tsunami.
25 tours du monde complets, dont 24 en direction Est et un en direction Ouest.
45 ans de marine au total (carrière complète à la marchande ce qui est rare), dont 25 effectives avec pendant les 10 premières années 9 mois de navigation effective annuelle et 3 mois de congés et pour les 15 suivantes 8 mois effectifs en mer et 4 mois de vacances.
Rassurez-vous, tout ça au bateau-moteur, qu'on appelle navire, et dont il existe une section dans le groupe... quand même.
Et cerise sur le gâteau: toujours rémunéré pour assouvir ma passion, ce qui est un luxe.
...alors m'entendre reprocher de renoncer à un rêve qui cauchemarde (suivez ma "non-piqure" de rappel) et préférer boire la cinquantaine de milliers d'euros au bar de la Taverne, je l'accepte sans problèmes... mais il vous faudra trouver d'autres arguments que ceux émis par certains marins de pacotille qui s'imaginent en pirates des Caraïbles ou capitaines Crochet parce qu'ils font de la voile le week-end et les congés payés (comme les motards du dimanche que j'ai beaucoup cotoyés sur les routes belges et françaises, sauf lorsqu'ils étaient absents pour cause de pluie ou de froid).

"Moi je" (pour l'utiliser au moin une fois dans le texte) vous respecte tous... la preuve: je déroutais toujours mon navire de 220m de long pour un petit voilier aperçu en mer. Ce qui m'est arrivé deux fois, pas plus, en 25 ans de long-cours... une fois dans l'Atlantique pour un à qui je dis "RESPECT", une autre à l'entrée du port de Fremantle: un véli-planchiste qui s'était étalé alors qu'il coupait la route du navire pour faire le bauf devant ses copines. Il est encore là pour le raconter, grâce à mon changement de route in-extremis.
...Marins de tous pays (comme ne le chantait pas Macias) embrassons-nous!
Bon week-end confrères et commères de la mer et des lacs.
Et place à vos commen-mers. APÉRO!