Vos histoires de mer (6)

L'idée est de raconter une histoire, étonnante, surprenante, drôle, qui vous est arrivée en navigation ou en escale.
Les règles : Gentillesse, tolérance, bon enfant, retour sur les histoires racontées.
Pas de nouvelle histoire avant la fin de la discussion sur l'histoire en cours.
Prenez votre temps, on risque d'être plus longtemps que prévu derrière nos écrans.
Suite de :




L'équipage
05 août 2020
05 août 2020

En rentrant en France, je passais quelques diplômes et concours et me retrouvais directeur des sports d'une commune littorale dans laquelle se trouvait une belle école de voile municipale. C'est là que j'installais mon bureau. Notre berger allemand, Tom, qui n'avait vécu que sur le bateau m'accompagnait quotidiennement. Il passait une partie de son temps couché à l'entrée de l'école, mais très souvent il partait à la nage. Il pouvait passer presque une journée dans l'eau. Parfois, il partait avec la marée, entraîné par le courant et ne rentrait que quelques heures plus tard, à la renverse.
Tom n’était pas toujours sympathique avec tout le monde. De sa vie à bord, il gardait une certaine méfiance vis à vis de tout étranger qui tentait de l'approcher. Généralement un grognement sonore ainsi qu'un croc puissant montré suffisaient à dissuader toute intrusion dans son espace vital.
Nous étions début juillet quand un couple de touriste rentra dans mon bureau pour me signaler qu'un chien était en train de se noyer dans la baie, qu'il était loin et qu'il n'arrivait pas à rentrer. En regardant aux jumelles, je reconnu Tom et j'informais ce couple qu'il n'avait pas à s'alarmer, que c'était mon chien et qu'il nageait très bien.
Une heure après, ce couple revient, alarmé et relativement agressif m'enjoignant de faire quelque chose pour ce malheureux chien qui allait finir par couler de fatigue. J’essayais de les calmer, mais ils partirent furieux de mon immobilisme.
C'est quand je vis l'homme rentrer avec le bras en sang que je compris. Il avait pris un flotteur de planche à voile pour aller « sauver » Tom, qui n'avait pas apprécié le dérangement. Tom alors arrivait dans l'école de voile, alla boire un peu d'eau à sa gamelle, et se coucha tranquillement à l'ombre pour se reposer.

05 août 2020

Oui, j'ai toujours eu peur des chiens..et c'est justifié !

05 août 2020

bon celle là elle véridique...
en 1992 je vais rejoindre aux canaries un couple qui nous avait acheté un westerly
et qui ne se sentait pas de faire la traversée,bien qu'ils en avaient très envie ,ils voulaient que je ramène le voilier en france .une fois sur place je leur ai expliqué que pour rentrer c'était plus long et avec le biquille on n'était pas près d'arriver .
donc on carène et nous voila partis pour la transat .
à bord en plus il y avait un caniche toy un peu plus gros dans les 7a 8kgs qui s'appelait kiki ,sa propriétaire s'appelle aussi jacqueline donc kiki

, le kiki de kiki .
qui ne doit pas être lavé mais champoing sec ,ne doit manger que des croquettes diététiques ,boire de l'eau en bidons , et brossé tous les jours .
la plupart du temps avec un nœud papillon sur la tête et sur le genoux de sa maitresse.
au bout de 4 jours sans manger et sans faire ses besoins c'est le drame ,il faut faire demi tout pour aller chez le vétérinaire .4 jours dans un alizé au près
je refuse catégoriquement ,le 5eme jour il nous dépose un cadeau dans le carré
puis après c'est n'importe ou ,donc la nuit regarder ou l'on met les pieds .
problème réglé .
comme sur les traversées je préfère les quarts fixes ,je faisais jusqu'à minuit et eux prenaient la suite jusqu'à 6h du matin
en me levant la première chose ,c'est de mettre une canne de traine pendant que l'eau chauffe pour mon thé .
à l'époque dans les 10mn ça part généralement coryphène ou tazar ,une fois un yellow jack
mais comme je mets de tout petits leurres ça limite un peu la taille .
le poisson à bord ,c'est le coup de rhum ,je lui coupe les ouies pour le saigner
et c'est le découpage ,le kiki très intéressé à commencé à manger du poisson cru et il trouvait ça très bon ,sa maitresse continuait à lui donner des croquettes qui restaient dans le bol ,mon kiki est malade il ne mange plus ,
puis ça a évolué quand le poisson arrivait dans le cokpit le chien sautait dessus et mordait dedans ,j'ai souvent eu peur qu'il passe par dessus bord avec un coup de queue ,il puait le poisson ,
sa maitresse :kiki tu sens mauvais tu ne monteras plus sur mes genoux.
puis à quelques jours de l'arrivée nous avons eu des calmes ,j'en ai profité pour me baigner et le chien m'a suivi.encore un drame de plus .
après je lui jetais des seaux d'eau il adorait ça .
arrivés à st martin à port lonvilliers il a disparu 48h ,puis il est revenu tout crotté .
ses relations avec ses maîtres on radicalement évoluées .
alain .

05 août 2020

Pour un chat, pervertir un caniche, bravo 😉🐩

10 août 2020

Oui, c'est franchement honteux !
Une petite bête si civilisée qui devient une sauvageonne crottée !

13 août 2020

Trop drôle

20 sept. 2020

_

"bon celle là elle véridique... "

_
Pourquoi, les autres non ..
Juste de l'humour .... hihi....

20 sept. 2020

"bon celle là elle véridique... "
.
Pourquoi, les autres NON...
.
Juste de l'humour.. hihi...

07 août 2020

L'administration, c'est pas toujours simple :
A peine avions nous mouillé au fond du port à port Soudan, en mer rouge que la douane et la police arrivèrent dans une petite barque maniée par un jeune africain jovial.
Il restèrent à quelques mètres, tant que notre berger allemand, Tom, qui aboyait furieusement après cette intrusion dans son espace ne fut pas calmé et enfermé.
Ils montèrent alors à bord et nous demandèrent les papiers habituels : papiers du bateau, crew list, passeports. Papiers qu'ils examinèrent scrupuleusement. Ils nous demandèrent ensuite, afin de nous délivrer des « shore live pass » des photos de chacun de nous et les « papiers » du chien.
Pour nos photos, que nous n'avions pas, on découpa rapidement dans un vieux « Elles » deux photos de personnalités, un homme blanc barbu et une femme blonde. On eut donc sur nos laisser-passers une photo de G . Moustaki pour moi, qui, bien que beaucoup plus jeune et à la barbe non pas blanche (je n'avais pas 30 ans) comme sur la photo, mais bien roussie par le soleil, pouvait avoir une petite ressemblance.
Pour ma femme, ce fut France Gall. Presqu'aussi belle qu'elle ;-)
Pour le chien, nous n'avions rien, pas un papier, pas un tampon, pas de certificat de vaccination.
Au fond de la table à carte, gisait depuis plusieurs années, une vieille facture d'EDF de la maison que nous avions louée quelques mois à l'Anse à l’Âne, en Martinique. C’était une belle facture, bien écrite, avec surtout, un beau logo bleu blanc rouge en haut de page.
Je l'ai prise, donnée au douanier comme étant les papiers du chien. Il l'a examinée de longues secondes, sérieusement, à l'endroit, puis me la rendis avec un coup de tampon et un « OK » libérateur.

10 août 2020

Magnifique !
Je ne suis pas sûr que cela passerait encore aujourd'hui :-(
Ca fait de bons souvenirs hilarants !
Moustaki et France gall !!!

07 août 2020

Excellent toutes vos histoires ! Merci bcp !

08 août 2020

L'anecdote d'Ecumeur dans le fil consacré à la boule de mouillage ( www.hisse-et-oh.com[...]uillage ), me fait me souvenir de cette histoire :

Au début des années 80, je tenais, avec mon épouse, un Bart-Tabac qui faisait office de dépot pour la coop des pêcheurs de Brest dans une commune des abers. Plongeur amateur depuis des années, je posssédais mon prpore bloc et je dépannais, à l'occasion des clients / amis du bistrot qui avaient pardu qui un casier, qui un scoubidou ou autre gréement. J'avais dans ma caisse de plongée 2 morceaux de tubes pvc s'emmenchant avec un Alpha et je le mettais systématiquement bien en vue avant de me mettre à l'eau.
Ce jour là, c'est dans l'entrée de l'Aber Benoit que j'officiais pour un client, plaisancier ayant perdu un de ses casiers. En 1/4 d'heure, le casier est retrouvé, tombé dans un de ces trous bien profonds dont recelle le coin, le bout, trop court ne permettait plus à la bouée de faire surface. Tout simplement. Je remontais donc chercher une rallonge avec un autre flotteur et redescendais faire le job. Et, au moment où je m'apprète à faire surface, j'entends le sifflement caractéristique d'une hélice qui s'approche. De plus en plus et pas à petite vitesse. Au dessus de moi, je vois l'ombre d'un canot qui s'approche de celui du copain puis s'en éloigne après quelques minutes qui me paraissent très longues.
Quand, enfin, je regagne le bord, je demande au copain ce qui s'est passé. "Ben comme il venait vers ici, j'ai pris le pavillon en main pour bien le lui faire voir et ce c.. est venu me demander ce que àa veut dire ce drapeau. Je te garantie qu'il a entendu causer du pays !"
Dans la soirée, le mec en question se pointe tout penaud au bistrot, demande à mon épouse si le patron est là car il veut s'excuser de m'avoir mis en danger. Chose faite autour d'un demi bien frais. Et, pour le remercier de sa démarche, je lui ai offert un bel autocollant réapitulaif des signaux à mettre sur sa cabine pour se rappeler ce qu'il avait appris lors du bachotage pré-permis.

08 août 2020

un voilier de loc rentre trois jours avant la fin
le loueur s'empresse de savoir pourquoi
nous n'avons plus d'ancre ..
mais vous aviez trois mouillages
oui mais on l'a jetée trois fois .
alain

08 août 2020

Avec ce qu'on voit sur les bateaux de loc aux Antilles, c'est surement vrai ;-). Je me souviens d'un gros cata, genre 50' passer à coté de nous à Marigot bay en demandant "Comment on fait pour mettre l'ancre?"

09 août 202009 août 2020

Bonjour,
Dans les années 80, j’avais un GibSea 26, et pas plutôt en congés, cap direct sur l’Espagne.
Quand je me remémore cette époque, je me demande encore comment nous faisions pour être à quatre sur ce bateau de 7m80, avec 2 gênois, un foc 1, un foc2, un tourmentin et un spi, plus les tenues et les chaussures des dames pour les soirées à Cadaquès…
Et le matériel de plongée. Deux bis 2x12 l pour mon pote et moi, plus les combis, les Fenzys, les palmes et le matos photo .
Ce jour là, nous décidons de faire une plongée à partir de la Cala Fariola, entre l’Escala et l’Estartit.
C’est une cala défendue par un rocher qui culmine à une dizaine de mètres de haut sur quatre vingt mètre de long, ce qui assure un mouillage particulièrement abrité quelles que soient les conditions extérieures.
Nous arrivons dans la cala vers 8h, en même temps qu’un Zodiac sous pavillon belge qui mouille à une dizaine de mètres de nous.
La plongée consiste à descendre à 11m côté cala, puis emprunter un tube qui traverse le rocher et débouche côté large à 35m sur un tombant magnifique, plein de grandes gorgones ondulantes et de poissons, mérous, murènes, corbs, poulpes, etc.. Ce qui nous change bien des plongées en France où hormis les violets et les cazzo marine, il n’y a pas grand-chose à voir.
De la sortie du tube, on se balade sur le tombant puis cap à l’Est en remontant doucement en surveillant l’ordi et le mano, et on doit finir en nageant à trois mètres vers le bateau pour faire quand même un petit palier.
Faut dire que mon copain avait depuis longtemps une insuffisance rénale, et que la greffe de rein dont il avait bénéficié était en train de foirer, ce qui allait l’obliger à recommencer les dialyses dès la fin des vacances.
Son épouse m’avait demandé de le surveiller attentivement, car il était complètement démoralisé et elle craignait qu’il ne fasse une connerie.
Nous nous mettons à l’eau, nous nageons de conserve vers le tube et nous commençons la descente, mon copain devant et moi en serre-file. Nous débouchons côté large, et il vire à droite alors que nous aurions dû aller sur la gauche.
Bon, pas de problème, on va se promener un peu et on recalera plus tard.
Sauf qu’il se met à descendre : 40, 45m, je l’attrape par une palme et lui fait signe qu’il faut remonter et rebrousser chemin.
L’ordi me donne déjà 9mn de palier à 6m, mon copain fait plein de bulles depuis le début, ce qui m’incite à contrôler son mano qui m’indique qu’il a déjà bouffé plus de la moitié de sa provision d’air.
Je reprends la direction de la plongée, et je repars vers l’Est en remontant doucement sur le tombant.
L’ordi me redonne du temps, plus de palier hormis celui de 3m. Au poil.
Mais voilà que mon pote redescend pour rendre visite à une murène qui ondule une dizaine de mètres plus bas.

Là, ça ne va plus. Je descends à son niveau, et lui enjoins de remonter et de nager avec moi en lui montrant l’ordi qui est reparti en palier.
Je le cramponne par la sangle de sa Fenzy, et nous remontons doucement, mais il n’a presque plus d’air, et je lui passe mon octopus ( deuxième détendeur ) pour qu’il respire sur mon bloc.
Il remonte en me tirant jusqu’en surface, nous sortons côté large dans un clapot bien formé et il enlève l’embout pour me dire que je n’ai qu’à retourner au bateau, lui, il se démerde.
Et en entendant ça, tout dérape :
J’avais déjà entendu parler d’essoufflement pendant la formation, mais je n’en avais jamais été victime .
Je me mets à haleter en cherchant de l’air, le cœur monte à 120, j’appuie sur la ventilation forcée du détendeur mais même là, je n’arrive pas à respirer normalement. Mon cerveau part en live et je replonge en pensant que si je retrouve de la profondeur, mon détendeur me délivrera plus d’air…
Du coup, c’est mon pote qui me rattrappe, qui gonfle ma Fenzy qui me propulse en surface, et qui me remorque juqu’au rocher.
De ce côté, c’est abrupt, et il y a juste une petite faille qui permet d’aborder.
Le clapot nous malmène, et le rocher est constitué de petites alvéoles aux bords tranchants, contre lesquelles je rague le temps que mon pote prenne pied sur le rocher et m’aide à monter à mon tour. La combi a pris dix ans, là.
Je respire toujours aussi mal, et nous restons quelques minutes dans cette position inconfortable, lui me soutenant le temps que je récupère.
Maintenant, il faut grimper jusqu’en haut du rocher pour passer côté cala et voir comment sortir de cette situation.
Je commence à grimper, au bout de deux mètres, je recommence à m’essoufler et à chercher de l’air désespérément.
Mon copain m’aide à me déséquiper, et monte mon matériel et le sien en haut du rocher.
Je monte à mon tour comme je peux, et arrivé en haut, je m’écroule toujours à la recherche d’air.
Nos épouses sur le bateau qui commençaient à flipper en regardant la montre nous voient sur le rocher, et pigent immédiatement qu’il y a un problème.
Elles appellent les belges sur le Zodiac qui rangent les cannes à pêche en catastrophe, démarrent et viennent se positionner à proximité du rocher.
Pour nous, impossible de descendre, c’est vertical, la seule solution est de sauter. 10 mètres, ça impressionne quand même un peu. Mais bon, pas le choix.
Nous décidons que mon ami va se ré-équiper, sauter, et une fois qu’il sera à l’eau, je jetterai mon matériel qu’il ira récupérer au fond. Ensuite, je sauterai.
Il saute, j’envoie le matériel, il le récupère et les belges le mettent dans le Zodiac.
Et je me jette, je te dis pas le plouf, et je commence à palmer sur le dos pour rejoindre le bateau. Walou, cinq coups de palme, et je n’arrive encore plus à respirer.
Ce sont les belges qui m’ont récupéré et embarqué sur le Zodiac, une vraie loque.
Une fois à bord, je dis aux belges de ne pas s’éloigner, on va se faire un apéro bien mérité. Sauf que je n’ai recommencé à respirer normalement que vers 17h, ils commençaient à trouver le temps long.
Du coup, on s’est donné rendez vous le soir à Empuries, où on s’est fait un apéro pour adultes, une orgie de tapas, puis repas de mariscos, arrosé au rosado pour nous et à la bière pour eux, terminé par quelques cognacs espagnols qui rappellent bien l’alcool à brûler de chez nous, mais qui te bourrent super bien.
En fait, c’est moi qui était censé veiller sur mon pote, et c’est lui qui m’a sorti de la panade. Comme quoi…
Un moniteur FFESSM nous avait dit que tant qu’on aurait pas fait un essoufflement, on ne serait pas un bon plongeur.
Ben pour le coup, j’ai dû devenir un excellent plongeur… même si cela ne m’est jamais plus arrivé.

10 août 202010 août 2020

J'ai jamais osé avoir des bouteilles (de plongée ;-) ) à bord. Je me suis toujours dit que non seulement je n'étais pas assez sérieux pour ne pas faire de bêtise avec, mais que même en étant sérieux, le moindre ennui loin de tout et t'es mal.

12 août 2020

Toujours faire attention à ce qu'on écrit :

Lorsque nous avons quitté la Polynésie française, Bernard Moitessier nous avait demandé de passer par l'atoll de Suvarov afin de vérifier l'entretien de la case de Tom Neale qui l'avait quitté depuis quelques années et surtout , d'y amener toute une basse cour. Les poules et coqs, en effet, avaient disparus de cette îlot, sans doute mangés par des rats, mais peut être aussi ayant servi de déjeuner dominical à des nostalgiques d'Henry IV.
Nous avons donc quitté Mooréa pour faire les 800 milles nous séparant de Suvarov avec sur la plage arrière, un beau poulailler en bois. Avec notre jardin potager dans les bacs et le chien, le bateau ressemblait plus à l'arche de Noé qu'un un coursier moderne en polyester.
L'avantage du poulailler était que nous avions chaque matin des œufs frais pour le petit déjeuner et que nos tomates étaient boostées par un apport de terreau conséquent. Par contre, le cocorico presque permanent du coq était quelque peu gênant, Nous naviguions dans des contrées désertes et les quarts de nuit étaient généralement remplacées par un coup de sifflet bref.
En arrivant à Suvarov, on trouvât la case impeccable. On liberât alors les gallinacées, mais nous prîmes soin de noter en français et en anglais sur le cahier de suivi de Tom la mise en garde suivante : « Les poules et coqs de l'atoll sont destinés à donner des œufs et à se reproduire. Il est formellement interdit de des manger. Un poison les rendant impropre à la consommation leur a été inoculé. » (cette seconde affirmation étant bien sûr fausse, mais deux précautions valent mieux qu'une.)
Plus d'une année plus tard, on rencontrait à Singapour un voilier qui était passé à Suvarov quelques mois après nous. Quand on lui demandait si les poules et le coq étaient toujours là, il nous répondit que non, qu'ils avaient été empoisonné et que les « con..ards qui avait fait ça s'en était même vanté sur le cahier de Tom.

12 août 2020

J'ai lu le récit de la fin de la case de Tom Neale dans le livre d'une famille qui était sur place quand les ""autorités"" se sont pointées et ont tout détruit.

Triste fin pour une histoire qui était bien belle : une maison conservée dans l'état dans lequel le propriétaire l'avait laissée pendant des années.

12 août 2020

Une lumière dans la nuit:
On traverse la manche, la nuit est bien noire, je surveille les feux un peu partout.
je vois une lumière rouge sur notre tribord, je la surveille donc particulièrement d'autant que son gisement ne bouge pas. Elle n'a pas l'air de se rapprocher mais la nuit c'est difficile de déterminer une distance. Au bout d'un moment la lumière passe orange puis jaune. Et bizarrement elle est plus haute sur l'horizon.
D'un seul coup, je comprends, c'est un lever de planète, Mars si je me souviens bien.
La collision n'était pas pour tout de suite :-))

12 août 2020

Ah ah Tinou, il m'est arrivé la même chose il y a une semaine en Méditerranée, j'ai bien rigolé quand j'ai compris que j'avais surveillé Mars, moi elle était sur mon babord, je la surveillais assez sereinement 😁😁😁

Si quelqu'un peut raconter l'histoire de la case de Tom Neale, merci car j'aimerais bien en savoir plus, sinon je vais chercher sur le net 😉😉

14 août 2020

Les avantages d'avoir un chien à bord :

Nous étions rentré à la nuit dans le petit port de Misima, dans l'archipel de la Louisiade, juste à l'Est de la Papouasie . C’était un peu osé de rentrer de nuit, car la passe entre le récif et la falaise était étroite et surtout pas éclairée . Mais la perspective de passer 12h à capeyer dans les 25 nœuds d'alizée établis devant cette île ne nous réjouissait pas outre mesure. Il faisait encore un petit peu jour lors de notre approche et sous foc seul bien roulé, travers aux vagues, nous étions rentrés dans cet étroit goulet.
Misima était notre premier port de Nouvelle Guinée et donc port d'entrée. Le coin était lugubre. Une mine d'or à proximité employait une main d’œuvre importante et disparate et les abords du port avec les baraques en tôle semblaient un décor pour « le salaire de la peur ». Les bars et tripots s'alignaient avec leur lot d'alcooliques et le loques.
Sur le seul voilier au mouillage, un américain, ancien du Viet Nam, tentait de soigner sa malaria à coup de bières et de whiskys. Il n'apparaissait que rarement hors de sa cabine.
Je descendais seul à terre pour me présenter aux autorités. Dans un baraquement ou un ventilateur poussif tentait de dissiper une moiteur crasse, se trouvait un Papou adipeux à l'uniforme kaki passé et sale. Il suait et respirait fort dans ce four. Il était sérieux, malodorant et suffisant, sans doute fier de ses prérogatives de dictateur local.
Il m'expliqua qu'il ne pouvait faire les papiers d'entrée sur place, mais devait se rendre au poste principal situé à l'aéroport à quelques kilomètres, et pour cela, malgré mes réticences, embarquât nos passeports qu'il nous rendrait le lendemain.
Ce n'est qu'au début de l'après midi du jour suivant que je le vis réapparaître sur le quai et je le rejoignis en annexe pour récupérer mes papiers et passeports tamponnés.
Mon soulagement ne dura pas . A peine arrivé, ce gros lard me déclara que pour récupérer mes documents, il me fallait payer 100$ par passeport plus 50$ pour les frais de déplacement jusqu'à l'aéroport.
A terre, j’étais à sa merci, mais à bord, je pouvais gagner.
Je lui proposais donc, d'un air enjoué, de venir à bord ou non seulement je lui donnerai la somme demandée, mais ou je pourrai en outre lui offrir une bonne bouteille de whisky.
Lorsqu'il embarqua dans une grosse et lourde barque à rame, je sus que ce douanier ripou allait avoir une surprise.
En arrivant avant lui avec mon annexe à moteur, j'expliquais rapidement à ma femme ce qu'on allait faire.
D'abord, enfermer le chien.
Lorsque l'homme arriva, je le fis monter à bord et l'assis dans le carré. Ma femme démarra le moteur et ma grande fille commença alors à remonter l'ancre. Les bruits de l'ancre dans l'écubier, du guindeau électrique, du moteur commencèrent à inquiéter l'homme. Je fis alors apparaître Tom, et le positionnais à quelques centimètres de la jambe du fonctionnaire.
Notre berger allemand Tom était très fort pour montrer ses sentiments. Il suffisait de lui effleurer quelques poils de la queue pour qu'il retrousse ses babines montrant des crocs éloquents, tout en poussant un grognement à coté duquel celui d'un lion ferait pâle figure.
Je marchais donc pesamment sur l'extrémité de la queue du chien, ce qui lui fit, outre les manifestations escomptées, hérisser le poil tel un porc-épic en regardant notre intrus d'un air furieux.
Quand je dis au policier de déposer les papiers immédiatement, que sinon je lâchais le chien et que s'il n'obtempérait pas sans délai, nous étions en train de quitter le port et qu'il se retrouverait à l'eau au large, cet homme, sensé en fait, s'exécuta avec célérité. Il déposa les passeports et sauta le plus vite qu'il put dans sa barque pendant que nous prenions le large avec un certain plaisir.

12 sept. 2020

Allez, pour relancer un peu ce fil :

Nous avons quitté La Réunion pour Aden en pleine saison cyclonique. Le 3 février exactement. A la Réunion, nous y avions vécu 5 ans. Et subi plusieurs cyclones dévastateurs. Sur l'île, il y a trois sortes d'habitants, que l'on peut résumer en Nouf-Nouf, Nif-Nif et Naf-Naf. Les cases en bois habitées par les immigrés malgaches et comoriens, les Nouf-Nouf qui sont détruites au premier cyclone qui passe, soit à peu près tous les ans. Les cases en tôles, habitées par les « ti yab les hauts » et les créoles qui tiennent à peu près, allez, 50 % de perte, et les cases en dur, blockhaus en béton aux fenêtres réduites, aux volets épais qui tiennent quelle que soit la force du météore et ou habitent les fonctionnaires et cadres, pour beaucoup métropolitains. Un cyclone c'est violent. Un copain breton, scientifique, qui après sa saison au kerguelen m'avait dit « tu sais, en Bretagne, on a du vent, mais la bas, aux Kerguelen, quand tu vois les pierres voler, tu te rends compte de ce que « tempête » veut dire », eh bien un cyclone, c'est ça : C'est le béton des poteaux télégraphiques (vous savez, les beaux poteaux français, avec les marches moulées dans le béton) qui est soufflé et auxquels il ne reste plus que le fer. Ce sont les semi-remorques de la boite ou je bossais qui n'ont pas été couchés, non, mais roulés sur plusieurs centaines de mètres. C'est se planquer chez soi, même si on est Naf-naf, dans une belle case en béton calfeutrée de gros volets en bois à mettre l'armoire derrière la grosse porte en chêne, parce que le bruit qu'elle fait est trop impressionnant.
Pourtant, nous avons quitté La Réunion le 3 Février. Nous voulions être en métropole pour la rentrée scolaire de septembre. Nous avions 12° à faire pour sortir de la zone cyclonique. La Réunion est par 20° sud et les cyclones se forment au pire vers 8° sud. 720Milles. J’étais allé à la station météo, à Gillot la veille et j'avais une couverture de 6 jours., avec alizés faiblards de SE sur les 600 premiers milles, puis un pot au noir relativement étroit, avant de retrouver les alizés de NE, assez Nord au début et tournant vers l'Est au fur et à mesure de notre progression vers le Nord. La distance vers Aden est de l'ordre de 3000 milles.
La première semaine fut plus lente que prévue. Du tout petit temps, seulement 470 milles les 7 premiers jours avec une journée de calme complet à 28 milles.
En mer, nous étions sourds. Seule, la CB BLU nous permettait de communiquer, mais d'une manière tout à fait aléatoire. Nous n'avions donc aucune autre météo que notre observation des nuages, du baromètre, de la houle et du vent.
Et ce septième jour, ce n'était pas bon. Le baro baissait rapidement, la houle d'Est se renforçait et le vent avait tourné à l'ouest et forcissait peu à peu. 25, 30, puis 35 nœuds établis.
Seule notre grande fille était contente. En mer, la règle voulait que lorsqu'une voile était réduite (ris dans la GV ou tours dans le foc), elle était dispensée d'école.
Pourtant, les conditions étaient dures. Petit largue sous artimon et foc réduit, nous étions obligés de fermer tous les panneaux car des vagues passaient régulièrement sur le pont et les 30° ambiants avec l'humidité permanente rendaient tous les coussins et aménagements moites. Les enfants se couvraient peu à peu de Bourbouille, le frigo à gaz ne pouvait marcher à la gite. Une fois par jour, nous abattions en grand pour permettre à notre chien d'aller rapidement à l'avant faire ses besoins.
Nous eûmes plus de 35 nœuds 5 jours d'affilée. La mer était forte, mais régulière. La dépression stationnaire allait ensuite descendre et se transformer en cyclone, et nous tournions doucement autour.
Au soir du troisième jour, en sortant pour abattre quelques minutes, je découvris derrière nous un gros thonier que j'appelais bien sur à la VHF et avec qui j'engageais la conversation en anglais. C'est au bout de quelques minutes qu'ils m'indiquèrent être de Concarneau (But you are french alors!). Ils m'expliquèrent qu'à cause du mauvais temps, ils ne pêchaient pas, mais qu'ils nous suivaient et nous appelaient depuis plus de 24h et qu'ils commençaient à s'inquiéter de n'avoir jamais vu personne sur le pont.
On mit 29 jours pour atteindre Aden, dont 18 de près. Une traversée relativement lente à 4,2 nœuds de moyenne.

12 sept. 2020

"sous artimon et foc réduit" : c'est dans ce genre de circonstances qu'on apprécie le gréement de ketch ! Avec l'Endurance, on a même été jusqu'à ne garder que l'artimon arisé au portant dans un coup de vent, ça marchait super et l'Atoms gérait, à notre grande surprise.
;-)

20 sept. 2020

Un article sur les Tangvald père et fils paru dans le chasse marée de ce mois-ci :
www.chasse-maree.com[...]en-mer/
www.hisse-et-oh.com[...]e-mer-5

20 sept. 2020

Une belle occasion de rappeler la qualité de cette belle revue qu est le chasse marée.
L article sur les Tangvald, père et fils, fait effectivement écho au récit que tu nous avais fait sur ce forum.
L histoire est terrible ! La disparition successive de ses deux femmes en mer qui verra Péter être affublé du surnom de "barbe bleue de la mer" dit l auteur de l article ; puis le naufrage et la mort de Péter lui même avec sa fille Carmen ; et pour clore cette macabre saga familiale, Thomas, le fils disparaît lui aussi en mer !!
Un auteur de fiction nous aurait servi ce roman que personne n y aurait cru.
Comme d hab, le chasse marée accompagne le récit d une superbe iconographie, notamment de l artemis, ce voilier construit par peter et avec lequel il fît naufrage sur la côte de Bonaire dans les Caraïbes.

20 sept. 2020

Il y à quelques années , je travaillais pour un loueur de bateau ayant pignon sur rue.
Un jour, un client revient avec un coque open en disant que la jauge essence ne marche plus.
Les anciens l'auront deviné, ce benêt avait rempli le porte-canne et inondé la double coque...

21 sept. 2020

Toujours dans le même Chasse marée (n°316) évoqué par ED850, m'avait échappé la funeste nouvelle annoncée en première page, du décès d'Yvon Le Corre, peintre, écrivain et voyageur, le 25 aout dernier.

Je voulais donc partager ici ma tristesse, au risque d'un petit hors sujet, mais je l'espère pas si éloigné de l'esprit de ce fil sur "nos histoires de mer". Qui a vu les aquarelles d'Yvon le Corre, de ses "carnets d'Irlande" à son tout dernier album "'l'ivresse des grèves", qui connaît son amitié avec Titouan Lamazou et le mentor qu'il a été pour cet autre navigateur-artiste, qui a parcouru le récit de ses belles navigations, parfois tragiques (son naufrage en Ecosse en 1979 durant la même tempête qui frappa la flottille du Fasnet), parfois très au large (Patagonie, Antarctique), parfois à raser les cailloux du Tregor (à s'échouer sur la grève de quelqu'île à la sortie de la rivière de Tréguier, dont je tairai le nom), qui partage son amour des belles carènes en bois qu'il avait sublimé en restaurant la Girl Joyce, son côtre-pilote anglais, après d'autres canots comme l'Iris, Eliboubane... celui là nourrit à satiété son rêve qui je l'espère nous habite tous, le rêve du voyage proche ou lointain en harmonie avec la nature et la mer, et un style à tracer son sillage en bousculant le moins possible cet environnement liquide et solide.

Celui là aussi, nous a conté de bien belles histoires de mer, par le récit, par la peinture...

22 sept. 2020

Il y a d'ailleurs une expo sur Yvon Le Corre à Tréguier et à Lannion jusqu'au 10 octobre.

30 sept. 202030 sept. 2020

Je viens de lire dans le message la bien triste nouvelle du décès d'Yvon le Corre.
J'ai rarement un livre de mer aussi attachant que « heureux qui comme Iris » .
Je m'étais promis d'aller voir son auteur.
voici quelques années, je suis allé à Tréguier dans son atelier, où il m'a reçu très simplement. Me montrant des carnets de dessins inédits et des aquarelles qu'il conservait.
C'est un homme qui a fait de sa vie une aventure maritime formidable. pour moi il reste un des plus grands marins.

22 sept. 2020

Bonjour,
Le fil sur la baignoire me fait penser à une histoire :

J'ai encore le souvenir d'une demande particulière d'Arnaud de Rosnay lors d'une des première base de vitesse à Brest au début des années 80. Il voulait louer un bateau au Moulin Blanc pour éviter les transferts à l'hôtel mais il avait une exigence, il fallait une baignoire.. Malgré une très bonne connaissance des usagers, à la capitainerie où j'étais en CDD, nous n'avions pu répondre.

Pour la petite histoire, le lendemain de sa demande, il quittait la manifestation, mon frère et moi venions de le sortir de l'eau à moins d'une mètre de l'étrave du flotteur bâbord du trimaran Royale à l'entrée du couloir de run..

Le soir même, nous sirotions une mousse au Grand-Pavois (devenu le Tour du Monde) quand nous entendons Loîc Caradec et Philippe Facques raconter la scène à un journaliste. Nous éclatons de rire et Loïc vient nous demander ce qui est drôle dans l'histoire : "rien, c'est juste que les gars dans le zozo, c'était nous." Je vous raconte pas le reste de la soirée ;-)

22 sept. 2020

Une petite histoire sans prétention, pour relancer ce fil bien sympa.

Mes parents ont découvert la planche à voile dans le milieu des années 70, en Bretagne Sud. Ils faisaient partie d'une bande de jeunes profs de "gym" bien excités par tout ce qui bougeait un poil plus que les Muscadets, Mousquetaires ou Golifs familiaux.

Cette bande de joyeux lurons trentenaires se retrouvait toutes les vacances ensembles, et baladait les gosses tantôt au ski, tantôt en stage de danse intensif, tantôt en descente kayak des gorges du Verdon. Bref, partout là où ça bougeait bien et où un internat de lycée, déserté par les élèves rentrés chez eux aux congés, permettait de loger 50 personnes, enfants compris.

Sauf que le marmot que j'étais, laissé sans surveillance un jour où ça crapahutait dur dans les montagnes, était tombé d'une falaise et avait les deux pieds en vrac. Arrachements ligamentaires. ça ne me faisait pas assez mal pour que mes parents s'en préoccupent (z'avaient vécu la deuxième guerre enfants. Je ne sais pas si ceci explique cela...)
Mon handicap s'accentuait de mois en mois, mais ma mère, pas plus patiente que cela, me renvoyait dans mes pénates lorsque je pignait.

L'été de ce fameux stage, c'est donc pas très assuré sur mes deux pieds que je suis monté sur une planche. Une heure de douleurs intenses et des larmes non feintes ont décidé mon père à traverser la Bretagne vite fait de nuit avec la GS Citroën toute neuve pour aller chercher l'Optimist familial afin que je puisse les "suivre" dans des raids de plusieurs dizaines de milles qu'ils faisaient tous les jours.

Ainsi donc, je sautais avec joie dans mon Optimst dès l'arrivée du paternel au matin, et nous partîmes tous ensembles. Les adultes, hommes et femmes ... et un seul gosse. Moi. C'est que les autres parents laissaient leurs enfants jouer sur la plage avec quelques planches, sous la surveillance d'un ou deux adultes non planchistes.

Je me demande, 50 ans plus tard, comment ses jeunes sportifs dynamiques ont pu penser un instant que la vitesse d'un Optimist permettrait de les suivre. Ils n'ont juste pas pensé. Trop pressés d'en découdre.
J'ai vite perdu tout le monde de vue, après la première pointe, au bout de la belle et grande plage de sable blond de laquelle nous étions partis. Les connaisseurs de la Bretagne Sud sont bienvenus pour me dire où peut se trouver cette "belle grande plage", car je n'en ai aucune idée !!

Sans doute une heure ou deux de navigation plus tard, le gosse aventureux et décidé que j'étais, trouva bonne l'idée de piquer plein Sud, vers l'Espagne, pour aller dire bonjour à ses cousins (j'ai des origines galiciennes). Avec le recul, j'évaluais assez mal la distance même si je savais que c'était au Sud). J'avais l'habitude de me faire planter par mes parents, ici, ou sur une place parisienne, ou même en partant en vacances, laissé sur une aire d'autoroute. J'avas donc pensé qu'une escapade d'un jour ou deux ne poserait pas problème, puisque personne ne s'était inquiété de m'attendre ce jour là.

Et ça tombait bien, j'avais le vent dans le derrière. J'ai fini par avoir faim et soif, car je n'avais rien à bord (ça aussi, j'en ris aujourd'hui). Le soleil a décliné. Alors, j'ai fait demi tour, au près, vers la Bretagne. Mais l'Optimist en bois, pas très étanche, construit par Papa en trois jours, à l'arrache, avait bien du mal à progresser.

Peu de temps après avoir fait demi tour, j'ai vu un Zodiac rouge fondre sur moi. C'était la "sécu", qui ne sécurisait personne, puisque qu'elle était restée au sec sur la plage de départ. C'est donc après une nav d'une journée complète et un pique nique à midi, que les adultes (mes parents compris...), une fois rentrés sur la plage de départ, se sont inquiétés de mon absence !

Je suis monté à bord du Zod', qui est reparti à fond dans l'autre sens et a mis plusieurs dizaines de minutes à rentrer, l'Opimist en remorque. Le mono m'a dit pendant ce retour, que ma voile rouge était à peine visible à l'horizon dans le soleil déclinant.

Une fois sur la plage, je n'ai eu aucune remarque des mes parents. J'étais là, tout allait bien. Avais-je bien enlevé le sable que j'avais entre les fesses avant de monter dans la GS neuve ? C'était là le plus important !

22 sept. 2020

En fait, ton histoire n'aurait pas été étonnante il y a 30 ans. Peu à peu, on a inconsciemment accepté et intégré une dérive sécuritaire de la société. Mes filles nous reprochent d'avoir été inconscients de les laisser aller à la plage toutes seules en annexe à moteur alors que l'ainée avait 8 ans, ou de les avoir laissées toutes seules à bords pour aller faire des courses à 10'de là en annexe. Suis rentré passer mon bac tout seul en France avec un peu de sous pour trouver à me nourrir et me loger. Je crois que dans les années post 68 et jusqu'à la fin des années 80, le monde a vécu une certaine liberté euphorique à tous les niveaux et qu'on est retourné maintenant dans un monde ou l'angoisse et la peur sont omniprésents.

22 sept. 202022 sept. 2020

Ed, c'est exactement le sous entendu de mon histoire !
je n'ai jamais pu laisser la même liberté à mes enfants, 30 ans après cette histoire (qui date d'il y a presque 50 ans)

24 sept. 2020

Mon fils à 10 ans dormait seul sous sa tente sur une plage des îles Chimana au Vénézuela... dans les années 80. Nous étions seuls au mouillage à proximité.

22 sept. 2020

Une histoire étonnante, surprenante et récente le 13 sept. Une histoire non pas d'orque, c'est d'actualité, mais de THON Rouge. Nous faisons une virée dans l'am par beau temps, dans la baie entre Les Embiez et Bandol. Un regard vers l'arrière me fait appercevoir une ombre qui nous suit.Tout de suite on pense à un dauphin, mais rapidement il se rapproche et on identifie donc un thon d'1m20. Nous ne sommes pas pêcheur, on le préfère en boîte...Bref pas de canne ni de rapalas...Il nous suit de près, je descend sur la jupe pour faire des videos...il se rapproche et même plonge sous le bateau, simplement jusqu'au gouvernail. On a jamais vu ca.On change de cap pour l'entraîner au large, il nous suit comme un toutou,il n'arrive plus à plonger sous la jupe mais reste sur l'ar à 3m.On remonte d'avantage au vent pour arriver à 7nd et là enfin il disparait. On se dit ouf on l'a sauvé des griffes des pêcheurs professionnels. On retourne dans la baie de sanary, le bateau reprend une vitesse plus modérée et Bingo, il est revenu et a recommencé ses plongées vers le gouvernail. Ce manège a duré 2heures. Peut être quelqu'un a une explication?

22 sept. 2020

mais tu vas faire baver tous les pêcheurs de maquereau, là😋

22 sept. 2020

C'est une orque déguisée pour tromper le safran

Peut-être un rémora fixé au safran par sa ventouse que le thon aurait bien voulu bouffer ?

24 sept. 2020

Mon Captain a mis la tête sous l'eau RIEN le thon se mettait dans les remous du gouvernail

Le thon rouge n'est-il pas plus ventru ?

24 sept. 2020

C'était bien un Thon Rouge 1m20 au moins. Le lendemain matin il y en avait 3 à vendre sur le port. Les pêcheurs professionnels en prennent tous les jours en ce moment.

22 sept. 202022 sept. 2020

L'histoire d'insouciance enfantine et adulte des années 70, m'en rappelle une autre, qui a eu lieu un ou deux ans plus tard. J'avais tout juste 10 ans. Mes parents, avides de raids nautiques en planche à voile, avaient décidé de mouiller le bateau familial à Chausey pendant trois semaines, au fond des Blainvillais.

Une époque bénie où les Blainvillais, aujourd'hui pris d'assaut et barricadés d'un enchevêtrement inextricable de bouts, tout autant destinés et "réserver" sa place qu'à empêcher les autres bateaux de rentrer dans le mouillage, étaient à l'époque quasi déserts.

Mes parents, équipés chacun d'une planche Pen duick optimisée pour de longs raids, se barraient de 09 heure du mat' jusqu'à 17 heures, bien décidés à découvrir les moindres recoins de l'archipel.

Moi ? Et bien, j'avais une bouteille d'eau, un sandwich, et un Optimist équipé d'un bon mouillage.
Deux règles, pas davantage :
1) Si le courant t'embarque, tu mouilles et tu attends qu'"on" vienne te chercher.
2) Tu rentres avant 19 heures.

Je pense avoir passé les plus belles vacances de mon enfance. J'ai trouvé plein de copains. Pas sur des bateaux, mais dans les maisons environnantes. Je n'ai pas souvent croqué dans mon sandwich, car j'étais invité au casse croute de midi chez les mamans. Pour occuper nos journées, nous trouvions plus amusant de grimper les escarpements rocheux des carrières de granit désaffectées et de nous griffer les mollets en courant dans les massifs d'ajoncs, plutôt que de nous trainer en Optimist, par la pétole persistante de cet été anticyclonique.

Mais un après midi, mes parents ne sont pas rentrés.
J'étais couché lorsqu'à la nuit, remorqués par un pêcheur, ils sont enfin arrivés à bord. Un peu penauds quand même, mes vieux !

C'est qu'à vouloir explorer toujours plus loin d'archipel, par grands coefficients de marée et vent d'Est anticyclonique faible, ils se sont fait embarquer par un courant de Jusant de près de 3 noeuds.
Et le pêcheur les a retrouvé ... sur la maitresse îles des Minquiers, l'archipel voisin !

23 sept. 2020

Jolies histoires ;-)
Il est bien joli, ton Optimist !

23 sept. 202023 sept. 2020

Merci !
Et cette voile achetée il y a plus d'un demi siècle est toujours opérationnelle.
Elle a servi 10 ans à mes gosses et je compte bien la ressortir pour mes petits enfants !

J'avais bien acheté un voie neuve type école de voile (pour 30 euros en déstockage), mais d'un commun accord avec les enfants, on trouvait que la vieille voile patinée rouge et blanche avait bien plus de gueule. Donc la voile neuve est restée dans son sac !

08 oct. 2020

J'adore tes rėcits. Jeunes parents, on est a des années lumiéres de ça... Mais c'est vrai que gamin, il y 30 ans, j'ai fais des choses que mes gosses ne ferons hélas pas
... mais ils en ferons d'autres

23 sept. 2020

Je me suis fait ramener comme ça à la plage en baie de St Malo par un voilier de passage. C'était à la nuit tombante, fin septembre 76 et je commençais à avoir vraiment froid. Merci encore au bon Samaritain

29 sept. 2020

Un peu d'Afrique, tiens :

J'étais arrivé à Dakar en fin de nuit, le 24 décembre. C'est toujours un peu impressionnant de rentrer dans un grand port de commerce la nuit, à la voile. Il y a des feux partout, des cargos éclairés comme des sapins de noël, des zones d'ombre d’où peuvent sortir des barques de pêches non éclairées. Et puis l'odeur de l’Afrique qui submerge tout dès l'approche de la côte. Mélange de feu de bois, de fruits pourris et d'humidité.
Je connaissais Dakar, y étant déjà arrivé quelques années auparavant et je savais qu'entre l'Arsenal et la cale de radoub, quelques vieux chalutiers basques pourrissaient, à couple desquels je pouvais m'amarrer sans être importuné par une quelconque autorité.
Après un bon sommeil, vers le milieu de l'après midi, j'allais en ville . N'ayant pas de CFA, mon idée était juste de faire un tour à la poste pour y prendre mon courrier, sûrement arrivé à la poste restante.
La poste n'était pas fermée, mais mais la grande pièce était vide. En passant devant le guichet fermé de la poste restante, je vis au travers des grilles qu'à la lettre D de mon nom, une lettre « avion » était là . J'allais donc au seul guichet ouvert, à l'autre bout de la salle et demandais au l'unique préposé qui avait l'air de s'ennuyer ferme de me donner cette lettre.
Il me demanda mon passeport, le lut du début à la fin, lentement, me le rendit et m'informa, d'un air docte et sentencieux que « le guichet de la poste restante étant présentement fermé, il ne pouvait prendre sur lui la responsabilité de me présenter cette missive, qui, bien que, certes, m'étant adressée, ne pourrait m'être délivrée qu'à l'ouverture du service « poste restante » et donc au retour du titulaire de cette fonction, soit dans 2 jours ».
Ah, ça m’embêtait bien. C'était une lettre de ma future femme et j'étais impatient de la lire.
J'ai donc commencé à discuter, tantôt furieux, tantôt plaintif, tantôt suppliant, j'y mettait toute mon ardeur. Mais le préposé restait ferme et au bout d'une heure de palabre (on avait fini par s'appeler par nos prénoms) il m'indiqua qu'il était l'heure, qu'il fermait et qu'il fallait que je sorte. Je n'avais pas ma lettre et m'en allait dépité rentrer seul à bord pour le soir de noël.
J'avais à peine fait quelques mètres dehors, j'allais tourner le coin du bâtiment quand je vis mon fonctionnaire qui sortait de la battisse. Il me rejoignit rapidement, tenant ma lettre à la main, souriant.
« Ah, quelle bonne après midi on a passé, non ? C'était une belle discussion, tous les deux. Merci beaucoup . La voilà, ta lettre. Si tu veux, tu viens chez moi passer noël ?"
Ça a été un des plus beaux noëls que j'ai vécu.

30 sept. 2020

Merci pour cette belle histoire !!!

29 sept. 2020

Superbe et superbement racontée. ED il faut que tu écrive tout tes souvenirs de navigation.
Encore merci

29 sept. 2020

Nous sommes arrivés l'avant-veille à Porto-Cristo, sur la côte SE de Majorque. Le gars de la marina nous a fait de grands signes pour venir se placer à un ponton.

Connaissant le coin, j'ai fait celui qui ne voyait rien et suis allé me mettre en face, au quai public : mouillé sur ancre par l'avant, deux amarres à l'arrière. J'ai eu le nez rudement creux de ne pas aller à la marina. On va voir pourquoi !...

Ce matin nous so j'ymmes réveillés par la pluie. Pas une pluie bretonne : ce sont des cataractes d'eau qui tombent sur HAYADORI, notre Endurance. Il est à peu près 6 h. Celà va durer sans interruption pendant environ 2 heures au moins.

Quand la pluie cesse, nous entendons comme un bruit de torrent. Et c'est bien de ça qu'il s'agit : j'ouvre le capot de descente. La rivière s'est transformée en torrent de boue café au lait. Hayadori, comme ses voisins (je suis entre un ketch anglais, et un américain) a dérapé de l'avant sous la force du courant et est à 45° du quai, juste tenu par ses amarres AR.

Et dévalant la rivière, je vois passer une... Ford Fiesta en tournoyant parmi les branches mortes ! Je prends conscience alors qu'il se passe des choses bizarres.

Puis c'est un Maldives qui part à la dérive et qui va s'échouer sur la plage. Et aussi un grand ketch, qui a moins de chance et qui s'écrase sur la digue, les haubans qui se rompent... Tous deux viennent de la marina en face, où c'est un spectacle de désolation : pontons désarticulés, bateaux enchevêtrés, plaisanciers affolés, certains ayant eu à peine le temps de s'habiller. Nous apprendrons par la suite qu'une demi-douzaine de bateaux ont coulé (et l'on verra d'ailleurs le lendemain juste les mats émerger de l'eau ; quel triste spectacle !)

L'eau continue de monter. J'ai eu le temps de doubler mes amarres, mais celles-ci commencent à pêter, sous la force du courant. D'autant qu'une grosse vedette à la dérive elle aussi est venue se coincer dans la chaîne de l'anglais, et pèse de tout son poids sur nos avants. Le voisin ne fait ni une ni deux : scie à métaux, et coupe sa chaîne. La vedette enfin libérée s'en va continuer son chemin vers la mer...

C'est le sauve qui peut : l'américaine a côté ressort avec des affaires, ma femme commence à en préparer pour nous. Je mets de la chaîne à l'arrière aux bittes du quai pour retenir Hayadori, qui menace bel et bien de s'en aller lui aussi à la dérive.

L'eau a dépassé maintenant le niveau du quai. Je suis toujours à bord pour règler mes amarres.

Et soudainement, c'est la décrue. L'eau baisse presque à vue d'oeil. Mais le talon de quille d'Hayadori est monté sur le quai, et, retenu sur son arrière, l'avant commence à plonger dans l'eau. Je largue la chaîne, et donne du mou aux amarres, et Hayadori glisse du quai pour retrouver une position plus normale...

Evidemment celà fera les gros titres dans les journaux du lendemain. Par chance, il n'y a eu ni morts, ni blessés. Le pont qui relie les deux parties de la ville s'est écroulé sous la puissance des eaux.

C'était la "torrentada"...

29 sept. 2020

C'était en été?

30 sept. 2020

Bonjour ED.
Oui, en Septembre.

29 sept. 2020

eh beh... c'est ce qu'on appelle avoir du nez ?
Je ne me suis arrêtée qu'une fois dans ce port, c'était plein de merde qui flottait, problème ou absence de station d'épuration ? c'était à l'automne 83, notre premier départ avec le Flot 40. On s'est pas attardés !

30 sept. 2020

un Grain de beauté.....
Le grain se déplace souvent en lignes (en file indienne) qui apparaissent autour du bateau et se dirigent à peu de chose près dans la direction du vent .
Sous ces latitudes ils se regroupent souvent par deux, reliés par une sorte d'arche derrière laquelle on peut apercevoir le ciel plus clair et semblent se raccorder à la mer par un sombre rideau de pluie.
Avec Lakatao, nous sommes passés si souvent sous ces arches sans prendre une goutte de pluie ni subir de vent violent que nous pensions que le surnom " passe tout grain " lui irait bien. Mais nous nous en sommes pris aussi, avec les rafales de vent avant coureuses qui font vibrer la voilure, la pluie diluvienne qui aplatit la mer, nous entoure de son rideau et le bateau qui file comme dans un rêve sur la surface blanchie, le nuage qui passe découvrant à nouveau le ciel qui avait disparu, et la mer qui reprend sa forme et sa couleur habituelle.
Car le grain va plus vite que le bateau en général !
Donc le jeu consiste à deviner, en regardant par derrière si le prochain va nous passer à droite, à gauche ou juste au dessus .
Mais l'Indien lui, il nous fait le grain qui s’arrête. Qui se met à coté de nous, nous aspire tout le vent qui nous faisait progresser et reste là tranquille, en grossissant benoîtement, assombrissant notre jour et aussi notre nuit car il est resté vingt quatre heures ainsi, avec un vent nul venant de nulle part, nous laissant ballots, ballottant les écoutes ballantes ! Avant de s'évanouir comme ça pfuitttt
Nous l'avons surnommé grain de beauté …..

….et un Grain de folie

Normalement, elles agissent en groupe les particules aquatiques, c'est le mouvement de l'ensemble qui dicte leur action.
Elle n'agissent que sur une impulsion collective, un ordre informulé mais ressenti car elles sont indissociables du tout. Elles se voient alors confier une mission qui les distingue momentanément de leurs congénères, qu'elles ne peuvent pas refuser. En réalité elles sont poussées par la masse et c'est le hasard de leur place et du moment qui décide réellement. Elles sont alors propulsées hors de leur milieu, expulsées de leur famille, libérées momentanément de la cohésion générale et de la gravité et par petits groupes se transforment, captent la lumière d'une autre façon, s’élèvent éphémèrement, décrivent des arabesques improbables, éclatent de leur beauté et retournent au sein maternel sans même savoir si elle ne l'on jamais quitté.
C'est la loi, celle qui découle d'une multitude d'interactions entre une multitude d’éléments, et elle ne peuvent y échapper.
C'est ainsi depuis la nuit des temps et cela paraît immuable.
Le grand ordonnancement de la nature leur a confié cet état et cela doit durer pour l'éternité....
Elles donnent au marin une idée de la force du vent, de la hauteur des vagues et de la houle, bref de ce qui l'attend dans les heures qui vont suivre.....
Oui mais là ! Pouce, récré, fini la dictature ! C'est carnaval des particules, quartier libre, place au délire....chacune fait ce qu'elle veut, qui m'aime me suive sinon démerdez vous, inventez, créez, allez-y n'ayez pas peur !
Au chiottes newton ! Et c'est le maelstrom, des jets verticaux comme des geysers d'évent de mini baleines surgissant aux creux des vagues qui ne sont plus d'ailleurs qu'un chaos indescriptible de pointes anarchiques, de creux et de bosses, de plats d'où jaillissent sans prévenir des giclées d'écumes et de bulles, de masses informes s'éclatant en myriades de perles translucides avant de replonger dans la liesse aquatique.
Attention, rien de dantesque là dedans, non cela reste à une échelle dimensionnelle abordable, notre embarcation n'en a subit que secousses et mouvements aléatoires livrée qu'elle était à l'incohérence du moment.
Une folle beauté.

30 sept. 2020

Bravo, description très évocatrice... pour moi ça vaut toutes les videos.

30 sept. 2020

Quel plaisir de lire ces histoires de mer, racontées avec saveur et talent !
Continuez à tremper votre ancre et votre encre, j'adore ce fil !

30 sept. 2020

Hivernage 89/89 à Monastir, Tunisie. Nous sommes au quai, juste en face d'un café d'où s'échappe à longueur de journée une mélopée arabe.
Le garçon s'appelle Naceur, un brave bougre qui ne semble pas débordé de boulot à cette saison. Nous devons rentrer en France pour les fêtes, notre bateau restant là-bas.
Naceur ayant appris que nous partons, il vient me demander si nous pourrions lui prêter un de nos deux vélos du bord, pour rentrer chez lui "à l'autre bout de la ville"... Ce sont deux petits vélos pliants, bien utiles pour les balades et les courses. Ils tiennent dans le poste avant. Sur celui que je prête, la clavette est cassée, je l'ai réparée tant bien que mal...
- OK Naceur, mais tu me le rendras en bon état.
- Oui, oui, c'est pas de problème. Mais ti viens faire le mot pour la police, comme ça je serai pas embêté.
Ce qui fut fait. Un mois plus tard, nous rentrons, tout contents de retrouver notre maison flottante. Et nous retrouvons Naceur et son torchon sur le bras.
- alors Naceur, le vélo, t'es content, ca a marché ?
- Ah oui, le vélo c'itait très pratique pour moi. J'ai fait régler le frein, et aussi le pitit problème : au milieu, il était cassé, alors je l'ai fait souder !!!!
Cela avec un grand sourire.
Je n'ai pas eu le coeur de lui faire remarquer que maintenant, pour rentrer le vélo, il fallait que j'enlève les roues...!

30 sept. 2020

😂😂. Super, j'ai bien ri.

30 sept. 2020

Oui, très drôle !
;-)

04 oct. 2020

Une petite histoire du Dimanche soir : Suite de la manche : www.hisse-et-oh.com[...]e-mer-2

Nous étions en tête à la bouée au vent loin devant tous les autres sauf Citroën avec le team Pajot qui était juste dans notre tableau arrière. Sur le petit bord de dégagement du parcours banane, je vois leur N°1 préparer le spi. Nous étions 2 ris tourmentin, le vent dépassait les 40 kn et ils préparent le spi ? Bon, ça va être chaud, on fait pareil et dès la bouée de dégagement passée, les 2 spis montent presque en même temps.
L'impression de coup de pieds aux fesse est immédiate. En quelques secondes le speedo dépasse les 20 kn (on est monté à 21,6 sur ce Jod de 11m). L'équipage complet derrière le barreur sauf le wincheur prêt à larguer l'écoute au moindre départ au lof. Le barreur pompant de folie sur la barre pour faire raccrocher le safran cavitant régulièrement.
Lorsque j'ai proposé au N°1 d'aller empanner, son regard implorant m'a refroidit. On a donc « sagement » abattu le spi quelques centaines de mètres avant la bouées sous le vent pour empanner sous GV seule.
Le second bord de près n'a pas été aussi positif que le premier et en arrivant à la bouée au vent quelques bateaux nous avaient rattrapé. Nous allions passer 4, voir 5 si l’École Navale, qui arrivait en bâbord réussissait à nous faire l'intérieur quelques dizaines de mètres avant la bouée.
Bien calé à ma place de tacticien, accroché au pataras, je le surveillais, et plus il s'approchait, plus je voyais qu'il ne nous passerait pas devant, qu'il devrait soit abattre et se mettre dans notre dévent, soit tenter de nous virer sous le vent pour se mettre en position favorable, mais alors je lui ferai manquer la bouée et l'obligerai à manœuvrer.
Mais ça ne se passa pas comme ça.
Bien qu'ils soient bâbord, ces élèves officiers optèrent pour la bataille navale, tentèrent de forcer le passage (dans 45 kn établis) et ne virèrent pas. Malgré mes cris et notre tentative d'évitage (envoie, vite, criais-je au barreur), ils nous prirent le mât par le travers . Les deux mats enchevêtrés tombèrent. Et attachés par les gréements, alors que nous étions parallèles au fort clapot, une vague les souleva qui fit retomber leur coque sur notre roof et les bloqua, le fond de leur bateau coincé dans notre winch de drisse situé sur le côté du roof.
Les deux bateaux reliés dans une monstrueuse copulation , les équipages ayant récupéré tout ce qui trainait, nous rentrâmes penaud au port avec notre moteur, mitraillés par les photographes héliportés.
La légende dit que de cette copulation naquit le JOD 24.

04 oct. 2020

Ils étaient en quelle classe ces élèves ? Cours élémentaire ?

07 oct. 2020

Un peu longue pour être dans "les anecdotes amusantes" :

Mes parents ont acheté ce Camper et Nicholson quand j'avais 13 ans . Le vendeur Sir S.W., membre de la Chambre des Lord était plus anglais que Sherlock Holmes. Il avait non seulement le droit d'arborer le blue Ensign à l'arrière du bateau, mais aussi celui de porter son pavillon personnel (un Dodo avec la devise « Sperandum Est ») à la barre de flèche bâbord.
Le voilier était « in mint condition », vernis aussi léchés qu'une pelouse anglaise, voiles Ratsey and Lapthorn (11 voiles), couverts en argent, assiettes en porcelaine du plus beau vert anglais, photo de la Reine dans le carré. Chaque couchette avait ses draps blancs et ses couvertures en laine.
Les photos du bateau étaient bien sur signées Beken of Cowes, prises, évidemment dans le Solent.
Sir S.W était « of course », membre éminent du Royal Southern Yacht Club dont le pavillon couronné trônait en haut du grand mât. Il nous y invita pour signer les actes de vente. Le Royal Southern, Yacht Club, sur le bord de la rivière Hamble est le club anglais de Yachting tel qu'on peut le représenter dans les dessins de Peyton. Sièges en cuir, profonds, moquette épaisse, grandes baies vitrées donnant sur la rivière, petites lampes d'ambiance. On y bois de la bière , du whisky ou du gin tonic en fumant des cigares, des Benson & Hedge ou des Craven A.
Il possédait bien sur une petite Morris pour se déplacer localement, laissant la Jaguar pour les trajets plus importants.
En retournant au bateau, je laissais mes parents dans leur voiture française et j'accompagnais le Sir dans cette petite Morris.
J'étais en 5ème, débutait l'anglais depuis 1 an et m'essayais dans cette langue.
Voulant engager la conversation sur la conduite anglaise, à gauche, je me perdis dans le contraire de droit (right) et infligeât à ce pauvre homme une vexation de taille : je lui dis « you drive on the WRONG side of the road (du mauvais côté de la route) alors que je voulais dire « on the LEFT side of the road (du côté gauche).
Cet anglais, de la patrie ou le flegme est une religion se mit en rogne, me traita de « bloody froggy », YOU drive on the wrong side… et il en fut de peu qu'il annulle la vente. Il fallut beaucoup d'excuses et d'explications.
La vente se fit… et je navigue toujours sur ce bateau 50 ans plus tard .

07 oct. 2020

Delightful !

07 oct. 2020

Indeed !

08 oct. 202008 oct. 2020

Je relance le fil avec une histoire qui date de 2013, je crois. Publiée à l'époque dans son intégralité dans V&V. En voici u passage digne des pieds nickelés.

Cette année, c’est décidé : on pêche ou on ne mange pas !
Terminé, les boites de conserves qui alourdissent les coffres de nos deux petits trimarans rapides lors de raids de 10 jours.
Pour cette délicate mission, je me suis adjoints les services de l’équipier adéquat. Fred, un copain passionné de pêche en rivière et décidé à en découdre avec les poissons de la difficile cote Est de Madagascar, soumise aux vagues et au vent de l’océan indien.

Nous appareillons au petit matin par un temps magnifique, en faisant route au moteur sur le Sud de l’île Ste Marie, distante de 30 milles. La traine est sortie mais rien ne mort, au grand dam de Fred, qui déplore déjà, en vrac, la disparition des ressources halieutiques, la surpêche, les massacres écologiques, le réchauffement des océans et réfléchit à la vente immédiate de son matériel de pêche au retour.

A mi chemin, Stéphane, le copain skipper du deuxième trimaran, m’appelle à la VHF. Il a vidé intégralement l’intérieur de son bateau et a fait plusieurs fois le tour du pont. Le panneau amovible de descente a disparu. Délicat, au départ de 10 jours de raid, si le temps de gâte et la mer devient forte.
Inutile de faire demi tour, le panneau en stratifié a du couler. le plancher de la couchette fait l’affaire. Coup de bol, il coiffe parfaitement la descente et un bout dans l’oeil central permet de le maintenir en place.

Le vent s’établit NE force 4. Nous louvoyons dans une mer qui lève rapidement, car les fonds passent de 20 mètres à 800 à 10 milles au large. Mon trimaran progresse à plus de 5 nœuds et Fred qui monte pour la première fois sur un voilier est surpris par les ruades du petit multicoque et les volées d’embruns salés.
Je ne suis pas inquiet. C’est le genre de gars qui, assis de l’eau jusqu’au cou sur le trimaran chaviré, demanderait calmement si c’est bien comme cela que ça navigue.

Je m’inquiète d’avantage pour mes amis sur le deuxième trimaran, qui peine à progresser et s’éloigne sous le vent, en remontant mal. C’est la première fois qu’ils naviguent seuls… et c’est par vent fort, au vent d’une cote sans abris, sur un bateau pas du tout au point, sans porte de descente.
Stéphane m’appelle. Tout va bien, mais il a perdu son safran sur rupture de goupille … il gère. Il rappelle 15 minutes plus tard : il s’est déchiré le doigt mais tout va bien, le safran est remis en place.

Le vent forcît avec rafales lorsque nous arrivons sous le vent de l’île Ste Marie, à tel point que malgré la GV à deux riz et le foc Solent, le flotteur plante et s’immerge profondément. Mes flotteurs submersibles sont trop petits pour ce genre d'exercice, je le sais. Je largue l’écoute de GV en dégringolant du flotteur au vent. C’est la première fois que nous passons si près du chavirage ! 40 degrés, sans doute.

Après avoir abattu, sous le vent de la côte, nous approchons à l’aveuglette et à vive allure d’un récif frangeant sans passe visible. Comme à mon habitude, je repère au dernier moment une passe étroite, marquée cette fois-ci par un gros piquet de bois, dans laquelle nous-nous engouffrons à 10 nœuds. En quelques secondes, sous les palmiers, c’est le calme plat. Le deuxième trimaran fait son approche du récif une demi-heure plus tard, et je serre les dents car sa GV n’est pas arisée et l’enrouleur de foc semble bloqué. Il n’a pas réussi à réduire dans ces conditions difficiles (matériel d’origine inadapté).

Les amis à l'abri, je porte planter l’ancre face au large... en oubliant que les fonds coralliens sont habité par les centaines d’oursins. Je ne suis jamais pieds nus, pourtant les épines de 10 cm traversent la semelle de mes chaussons. J’ai mal sur le coup, mais le plus difficile est de retourner à la plage avec des piquants plantés dans les pieds.
Les épines d’oursin sont impossibles à extraire. Elles cassent quand nous tentons de les sortir.

Voila un raid qui commence bien ! Finalement, après le nettoyage des plaies et un peu de repos, le moral remonte et nous décidons de continuer vers le nord, plus calmement.

08 oct. 202008 oct. 2020

Ben tiens, l'excellente histoire de ED m'en rappelle une autre, qui s'est passée dans le même club, sans doute dans les mêmes années, révolues ! Je ne vais pas raconter si bien que ED, mais elle est également cocasse.

J'avais 5 ans et mes parents venaient d'acheter un magnifique Cognac Harlé Aubin, GTE, équipé de nombreuses voiles de régate. Le bateau était rouge vif avec une bande blanche du plus bel effet. Le pont était blanc immaculé, les hiloires de rouf superbement vernies pas le chantier Aubin et le mat anodisé "or". Le bateau était neuf. Bref, il avait de la gueule, ce canot, et il marchait bien.

Mes parents, pressés de montrer le Cognac à des amis Yachtmans rencontrés l'année précédente, alors qu'ils écumaient les marinas sur un magnifique... Muscadet blanc à bande bleue, sont montés dare-dare dans le Solent.

Le bateau, au ponton, non loin du Royal Southern Yacht Club, fit son petit effet. Pas emballés, les Yachtmans, mais plutôt étonnés par cette boite en contreplaqué, bien trop anguleuse à leurs yeux.
Mon père fût néanmoins invité à boire un whisky au club, à titre exceptionnel, puisque invité par un dignitaire de haut rang (je parlerai de lui dans une autre histoire. Celle ci finit de façon tragique).

J'aurais aimé voir la scène, car mon père n'était pas très couleur locale. Solide gaillard à la barbe folle et nourrie, vêtu été comme hiver d'un pantalon de toile rouge taché et d'une marinière délavée.
Il crut bon d'expérimenter un anglais soutenu, datant de ses versions de cagne, 10 ans plus tôt. La discussion s'anima, des yachtmans s'approchèrent, et l'un d'eux, intéressé ou curieux, demanda : "what is your boat ?"

Et le jeune voileux français, grisé par le succès, sans plus réfléchir, répondit en tendant le doigt vers la marina : "that is the red french, boat"

Un éclat de rire tonitruant traversa le bar, et mon père, qui ne comprit pas tout de suite, fût invité à vider un autre verre !

08 oct. 2020

Voilà l'autre histoire, tout juste sortie du four !

Elle se passe au tout début des années 70. Mes jeunes parents, après quelques années de régate en 470, décident acheter un croiseur. Ma mère a couru le dernier championnat de France au trapèze, enceinte jusqu’aux yeux. Oui, c’est une autre époque. Néanmoins, la belle danseuse professionnelle trouve que l’exercice a assez duré.

C’est donc vers un « gros » bateau, malgré une tirelire quasi vide, que le choix s’oriente. Le médecin du bourg, aussi âgé qu’il est complice et ami du couple, leur cède son Muscadet pour un prix qui ferait tiquer un fonctionnaire des douanes méticuleux.

Le navire est à l’état neuf, bien qu’âgé de quelques années déjà. Davantage, en tous cas, que les deux marmots du bord. Le premier, turbulent sauvageon au caractère hyper pointu, va sur ses neuf ans. Caractère aussi difficile à régler que le pointeau de richesse d’un carburateur de moto anglaise de l’époque. Au dixième de tour près, il manque d’air et s’asphyxie, refusant de respirer, ou au contraire, se noie sous un flot de larmes. Le deuxième est un innocent aux grands yeux noirs, qui a maintenant trois ans. Toujours le sourire béat et le zizi à l’air, il est heureux partout. C’est le rêveur de la famille. Celui qui ne fera jamais d’études. Sans doutes les séances de trapèze en quat’sept, l’auront trop secoué ?

L’équipage, après deux ans d’armes en Bretagne Sud, monte vers le Solent le troisième été, because la maman a repris des études d’anglais et compte bien s’y exercer de l’autre coté de la Manche. Mes parents découvrent un monde jusque là inconnu dans les mouillages bretons. De superbes voiliers en forme, parfois en bois vernis. De régate, ou de croisière. Le Muscadet fait figure de boite à savon, amarré au ponton à coté des yachts anglais, et les mœurs de son équipage au teint hâlé méditerranéen étonnent. C’est que les parents se douchent au jet sur le ponton, les gosses de même, mais à poil. La vaisselle est faite au seau dans le cockpit. Les draps et serviettes ornent la bôme en bois !

Néanmoins, un couple âgé de yachtmans anglais s’approche. Ce sont des gens très distingués et visiblement aisés. La dame est catastrophée. Comment peut-on vivre avec deux jeunes enfants dans de telles conditions ? Loin de fuir la vue de cette situation misérable, elle tient à offrir son aide et souhaite savoir si la famille a besoin d’un quelconque soutient. La conversation s’engage et le sourire revient aux lèvres des anglais. La situation n’est pas si grave. Mes parents sont de jeunes actifs cultivés, maîtrisant bien la langue de Shakespeare. Le bateau est impeccable. Les enfants propres. La dame est enthousiaste. Elle tient d’autant plus à nous inviter chez elle. Pas pour de l’aide, puisqu’il n’en est point besoin, mais pour présenter ses enfants et petits enfants, de l’âge de ceux du bord.

Mes parents le sont aussi, car ces yachtmans anglais sont charmants, et l’occasion d’échanges linguistiques et d’amitiés nouvelles. Mais une chose les tracasse… les deux sauvageons du bord. Comment les gérer ? Ma mère a parfaitement saisi les sentiments de la distinguée noble anglaise à l’égard des marmots du bord, biens qu’elle n’ait fait aucune remarque. Le premier est caractériel. Le deuxième, toujours le nez en l’air et suivant d’un pas innocent ses rêveries, est absolument imprévisible.

Donc, durant les deux jours nous séparant de l’invitation dans la propriété surplombant la mer à l’île de Wight, mes parents nous font un cours intensif de bonnes manières. J’en ai encore une marque profonde en mémoire. Pas un traumatisme, mais une marque. Plus l’heure du rendez-vous approchait, plus ma mère nous communiquait son inquiétude et dispensait des conseils, devenant des ordres.

Si bien, que nous fûmes exemplaires, l’un comme l’autre, nous tenant aussi bien que le peuvent des enfants sages à table, récitant à la perfection les demandes tant répétées les jours précédents, jusqu’à l’ultime requête. Celle de pouvoir sortir de table pour aller jouer dans le jardin, avec la plus extrême déférence.
Nos hôtes anglais en furent absolument abasourdis, et mes parents reçurent des compliments appuyés sur l’éducation de leurs enfants, chose qui se perdait en ses temps où le monde courait à sa perte. Etc.

L’amitié dura. Nous grandîmes, et je vis mes parents rire de nombreuse fois aux éclats avec leurs copains, de l’issue improbable de l’invitation. Ma mère correspondait régulièrement avec la dame, jusqu’au jour où arriva une lettre différente. Elle y annonçait que ses enfants et petits enfants avait tous péris dans l’incendie de la propriété, et elle implorait notre présence pour l’aider à survivre.

Ma mère, meurtrie et terrifiée par cette lettre, ne put jamais répondre.

09 oct. 2020

C'était il y a une quarantaine d'année, ou je cabotais sur la "Riviéra" femme et 4 enfants à bord d'un Centurion 32; rentrant de San Remo avec une méteo " force 4 d'EST " vers Vintimille c'était déja près de 25 nds dans les fesses et naviguais sous foc roulé, l'ainé , à l'aise dans le cockpit demande à sa mère une revue qui répond " on ne lit pas par force 6 " je décide de rentrer à Garavan, contacte le port, une place m'attendra devant le restaurant, on me demande de rentrer full speed... vu le vent qui est monté; connaissant les lieux je donne bien les consignes pour l'amarrage , vérifie que les amarres sont bien positionnées car si on se rate cela risque d'être le caca
Ce fut ma plus belle arrivé, le bateau brélé dans la seconde.... alors un des spectateurs me dit "vous avez un super équipage...bravo" je montre mes gosses et acquiesce d'habitude ce n'était pas le cas, amarres prises dans les filières, pas frappées sur le taquet...... Ils s'en souviennent encore..!!!!

10 oct. 2020

Il y a quand même des pistonnés... Il y a quarante ans, moi, je naviguais avec des voiles endraillées, c'était un poil plus pointu pour les arrivées, car dans les filières, on avait déjà les focs, alors les amarres, ben, on les tenait à la main.

13 oct. 2020

J'avais navigué pendant plusieurs années comme toi ce premier enrouleur avait une commande avec un bout fermé, l'épissure de liaison n"en a jamais lâchée , il faut dire que je m'étais entrainé à terre tout l'hiver....

10 oct. 2020

Félicitations ED850 ! j'adore les histoires de mer et c'est une très bonne initiative que tu as eu, d'autant que la plupart des récits sont fantastiques, drôles, émouvants ! alors bravo à tous. H&O devrait les conserver et en faire un recueil.

Voici la mienne
Un lorrain marin ?
J’ai découvert l’aventure maritime au milieu des vignes de Champagne lorsque mes parents, certainement bien inspirés au vu de mes bulletins scolaires, m’envoyèrent loin de Nancy en internat au Prieuré de Port-à-Binson, chez les curés. J’avais 11 ans. Oui, dans Port-à-Binson il y a « Port » et je suppose qu’il y a un lien avec les bords de la Marne qui passe à proximité mais c’est pas franchement ce qui m’a motivé pour l’aventure maritime. Timide et pas très attiré par les jeux collectifs, je me réfugiais dans la lecture. C’est ainsi que je découvris « Kurun autour du monde » de Jacques-Yves Le Toumelin, mon premier récit de navigation. Puis ce fut Gerbault, Moitessier, Janichon, Henri de Monfreid. Surtout ce dernier, le roi de l’aventure. Je les dévorais, je m’évadais, je voguais en songe vers des pays lointains. Je vivais l’aventure en mer Rouge pendant que mes camarades jouaient au palet avec les pères. Je voulais être marin !
Deux années de suite, j’irai en école de voile à l’île Tudy, dans le Finistère. Ambiance militaire (encore !) sous la direction d’un petit homme, manchot et râleur, qui nous houspillait en agitant son moignon lorsque nous rentrions un peu tard de la virée en Vaurien ou en Caravelle. A 17 ans, je vais à Strasbourg passer l’examen pour être admis à l’école de Maistrance de la Marine Nationale mais je le rate. Fin de ma carrière de marin avant même de commencer. Mes rêves et ma soif d’aventure me portent ailleurs.
Je reprends goût à la navigation à 22 ans lorsqu’avec mon ami Jean-Michel, nous louons un petit voilier de 6,50 m dénommé Love-Love pour une virée mémorable le long des rivages corses. Croyant avoir gardé de solides notions de mes cours de voile, j’entraîne mon ami en fanfaronnant mais je me suis vite rendu compte que je ne savais plus grand-chose. Première manœuvre : je grée le foc à l’envers, pointe en bas. Pas grave, nous l’affalons et poursuivons avec la grand-voile seule mais au moment de virer, le bateau refuse. Nouvelle tentative sans succès. Panique à bord car la côte se rapproche. Démarrage du moteur hors bord et virement au ras des rochers. Ouf ! Nous avons appris ce premier jour que le foc peut être utile à la manœuvre du virement de bord ! Amarrage à un corps mort dans une petite baie bien ouverte sur le NW, Porto Chiavari. Ben, précisément, c’est du nord-ouest qui souffle ce soir là et il se renforce. Pas étonnant qu’il y ait des corps-morts libres en plein été ! Ca devient vite inconfortable et la nausée pointe. Inutile de se concerter longtemps avant de décider de rallier la rive à la nage. On est là, tout penauds, à regarder le bateau qui danse et tire sur son amarre comme un chien fou. Un vieux corse se pointe et nous dit « demain, votre bateau ne sera plus qu’un tas d’allumettes sur la plage ! ». « on s’en fout, on y retourne pas ! » et nous passerons la nuit allongés sous une barque retournée sur le sable. Le lendemain, Love-Love est toujours là. C’est un signe ! Nous reprenons donc la découverte des beaux rivages de la Corse et l’apprentissage forcé de la navigation. Entre temps, j’ai regréé le foc dans le bon sens tout de même ! Un jour de vent soutenu, nous gonflons l’annexe dans le bateau pour éviter qu’il coule s’il venait à chavirer. Comme il y a un dieu pour les crétins, nous sommes revenus indemnes et le bateau aussi. Autant dire que, livrés à nous-mêmes, nous avons appris plus vite qu’avec la méthode à Mimile. Plusieurs croisières ont suivie, soit entre copains, soit en école.
La rencontre avec Christine, ma future épouse qui a grandi à l’ombre des grands sapins et des meules d’Emmenthal de la région Bernoise (je précise car il est vrai que la Bretagne produit de l’Emmental), donc pas franchement une Bretonne, sauf la tête dure, nous a amené à vivre sur les bords du Léman, à Rolle, où j’ai immédiatement entrepris la construction d’un bateau dans notre petit appartement. Un catamaran démontable Hitia 14, le plus petit des plans Wharram. Ses dimensions permettaient juste de le fabriquer dans l’étroit couloir de 6 m x 1.50 m : une coque puis l’autre. Enfin les poutres, le plancher, le mât et la livarde. Quand il fut fini, nous l’avons monté dans la pièce puis invité la propriétaire qui est restée bouche baie car il occupait toute la surface et nécessitait, s’il n’avait pas été démontable, de casser le montant en maçonnerie entre deux fenêtres pour le sortir. Plutôt inquiète la proprio ! Sur le petit catamaran d’inspiration polynésienne couleur fuchsia, dénommé Roll’Mops, nous jouerons les maoris avec notre fille Camille, à peine sait-elle marcher.

Avec la naissance de notre second enfant, François, il nous faut un bateau plus sûr. L’annonce d’un Muscadet à vendre sur le lac de Bienne me décide. Pourtant, le Muscadet n’est pas franchement à l’aise sur le lac, sauf quand pointe le vent d’une dépression. Mais c’est le mythe, la « 2cv de la mer », qui m’intéresse. Aussi la possibilité de le tracter jusqu’à l’océan. Cayambouc est dans la famille depuis 1990 et je l’ai intégralement rénové en 2013.
Les années passent, émaillées de quelques navigations aux Antilles, en Grèce, en Corse, aux Baléares, en Bretagne, Anglo-Normandes, Scilly et Cornouailles mais jamais de grands voyages jusqu’au jour où… à 56 ans, je démissionne de mon boulot, épuisé par l’incurie des politiques de la ville où j’étais employé comme chef du service de l’urbanisme. Je m’embarque pour la traversée du Pacifique. Un rêve que je nourrissais depuis le prieuré de Port-à-Binson. Lire le récit « Pas-si-fique-que-ça ! »
pas-si-fique-que-ca.blogspot.com[...]
Tout ça n’a pas fait de moi un marin. Juste un amateur.

10 oct. 2020

Merci Hubert pour ce récit mais je suis très étonné de ta description de l'attitude de Bob, le créateur du Centre Nautique Populaire Quimper-Île-Tudy. Certes il avait un gros défaut, il ne mesurait pas sa consommation d'alcool (c'est un euphémisme)mais il n'avait rien d'un militaire bien que ce soit à la Libération qu'il ai perdu son bras et 3 doigts de l'autre main en essayant de sauver une jeune fille blessée dont la moitié du corps a été enlevée par l'obus de mortier qu'ils ont reçu alors qu'il la tenait dans ses bras.

Philippe qui a été "aide-moniteur" au CNPQIT au millieu des années 70

10 oct. 2020

Touché par ton témoignage sur Bob (j'avais oublié son nom, il y a si longtemps, c'était en 67 et 68) et le centre nautique de l'Ile Tudy. Ne te formalise pas pour mon appréciation déformée par le temps. J'étais encore un enfant. Par contre j'ai bien le souvenir de ses coups de gueule quand nous rentrions un peu tard. probablement une inquiétude légitime.

10 oct. 2020

Je confirme à 100 % les coups de gueule de Bob (Trévien si j'ai bonne mémoire)... J'y ai passé 2 semaines à Pâques 1969 ou 1970 et son look comme ses coups de gueule sont gravés à jamais dans ma mémoire. Mais quels souvenirs avec entre autres le coup de rhum dans la prame après les déssalages, avant de reborder les voiles trempés... A Pâques l'eau est froide.
Fañch

13 oct. 2020

Pas vraiment une histoire de mer mais on reste dans le thème et les posts précédant m'invitent à vous la raconter...

Élève de 4ème d'un collège privé de Douai dans le Nord, j'ai participé à un échange avec des élèves du même age d'une High school anglaise. Nous nous rendîmes en Angleterre après quelques courriers échangés avec mon correspondant. Je savais que le père de mon correspondant était dans la Royal Navy. Le programme était simple, une semaine à leur internat et une semaine à leur domicile (vacances d'automne). En rencontrant mon correspondant, je comprends juste qu'ils sont écossais, qu'on ira à l’église, voir un match de rugby et qu'on va manger des fish and chips mais surtout que son père a un bateau et qu'on allait s'y rendre. J'attendais ça avec impatience. On rencontre le père et bien que je ne comprenais pas un mot de ce qu'on pouvait me dire, tout le monde était très sympa avec moi. Bref, un jour, on me dit qu'on va aller sur le bateau et je me souviens m'être interrogé quand j'ai vu que le papa avait mis son uniforme militaire. On arrive à Portmouth, il y avait des militaires partout, on monte dans une jeep et on nous dépose devant la passerelle du bateau du papa... Le HMS Spectre, un sous-marin nucléaire de 80m, le papa était le commandant. Moi qui pensais tirer des bords sur un petit voilier, j'ai eu le droit à une visite complète d'un vrai sous-marin en exercice. Je regrette encore mon faible niveau d'anglais qui ne m'a pas permis à l'époque de profiter de la visite mais j'en garde un souvenir impérissable ! Quand mon correspondant est venu en France, mon père lui a montré ses ruches et on est monté sur un terril. Je n'ai plus eu de nouvelles depuis... ;)

13 oct. 2020

Normal que tu n'aies pas eue de nouvelles : Un sous marin, c'est un bateau masochiste qui coule volontairement ! Tandis que toi, en prenant de la hauteur en haut du terril, sommet nordiste des terres émergées, tu vois la perspective du monde. Bravo, ton père est un poète.

La Giraglia

Phare du monde

  • 4.5 (160)

La Giraglia

2022