Vos histoires de mer 7

L'idée est de raconter une histoire, étonnante, surprenante, drôle, qui vous est arrivée en navigation ou en escale.
Les règles : Gentillesse, tolérance, bon enfant, retour sur les histoires racontées.
Pas de nouvelle histoire avant la fin de la discussion sur l'histoire en cours.
Prenez votre temps, on risque d'être plus longtemps que prévu derrière nos écrans.
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L'équipage
15 oct. 2020
15 oct. 2020

Ça allait être chaud : ça faisait deux fois que je passais devant cette petite darse, le long du Sado, à Setubal. Essayant de trouver une solution. C’était un dimanche après midi de Novembre, les gens se promenaient sur les quais, il faisait beau et doux. Mais pour moi, ça allait être dur. Le courant descendant, latéral, imposait de rentrer dans cette darse à bonne vitesse en visant la jetée amont, mais la darse n'avait qu'une vingtaine de mètres de profondeur, donc impossible de manœuvrer sur mon petit shellfish dépourvu de moteur. Le vent était pile dans l'axe de l'entrée, plein arrière.
J'avais observé toutes les darses sur le fleuve et celle ci était celle ou étaient les voiliers. Au fond, j'avais repéré les mats. Bouée à l'avant, bouts vers le quai à l'arrière, une vingtaine de bateaux étaient là. La darse paraissait bien remplie, les voiliers étaient les uns contre les autres.
Au troisième passage, je me décidais. On installa les pare battages sur la partie avant du bateau, des deux coté. J'abattis la GV tranquillement dans la baie et sous foc seul, plein vent arrière nous nous dirigeâmes à bonne vitesse vers l'entée . Quelques mètres avant la digue, je larguais la drisse du foc que ma femme affalas sur le pont avant et encore lancés à 3 ou 4 nœuds, je visais l'intervalle entre deux voiliers.
Les promeneurs s'arrêtèrent, étonnés par cette manœuvre osée, surtout qu'à ce moment exact, notre fille âgée de 3 ans seule à l'intérieur commença à appeler « ESSUYER LA FESSE MAMAN » et voyant que l'opératrice n'arrivait pas, se mit à pousser des cris comme en font les bébés ;
Sous un concert de pleurs, de cris et d'appels l'élevant de la cabine, les pares battages firent leur office, le bateau s'enfonça entre deux voiliers, et se planta dans cet espace sans heurt ni choc. Je passais tranquillement les amarres, la fesse fut essuyée, les pleurs s’arrêtèrent, les badauds reprirent leurs promenades, et un bon verre de vinho verde ponctua cette belle arrivée.

15 oct. 2020

Un après-midi glacial de novembre1985, je croise sur les pontons du bassin Vauban, Arnaud, un vieux copain gérant du Club Croisière Pen Duick.
-"Dis donc, cela te dirait de naviguer sur Pen Duick III ? "
- "Tu parle, j'avais son poster dans ma chambre d'adolescent!"
- " Tu es disponible le week-end prochain? J'ai un chef de bord qui m'a claqué dans les pattes et des stagiaires belges qui arrivent"
- "Mais, vendredi c'est demain. Bon c'est d'accord..."
Nous nous dirigeons en devisant vers le bassin Duguay Trouin où se trouve le bateau, à couple de Pen Duick VI.
Pen Duick III, en fin de saison, a besoin d'un sérieux coup de rajeunissement. Nous faisons le tour, ouvre les coffres, me montre les rangements. Entre deux phrases, il me glisse distraitement:
- "J'ai un problème sur le moteur, il faudra s'en passer. mais je te sortirais du port en remorque de Pen Duick VI"
- J'objecte surement : " Oui, mais, il y a de la brise de prévue pour ce week-end "
- "Oh, tu sais, il est très évolutif. C'est seulement un peu plus long que les Brise de mer".

En effet, nous nous étions connu une dizaine d'années auparavant en tant que chef de bord à l'école de croisière de Granville où nous naviguions sans moteur sur des Brise de Mer 31.

le lendemain, dans la soirée, les 4 stagiaires arrivent de Belgique. La bonne humeur est là nettement plus chaude que le vent de nord-est qui souffle sur le bassin... Durant la matinée du samedi, l'avitaillement est fait pour les trois jours de ce week-end de la Toussaint.

Les horaires du sas de l'écluse sont à midi. Comme prévu, Pen Duick VI me passe une remorque et les manoeuvres se passent sans difficulté. Deux des 4 équipiers s'avèrent efficaces, je pourrais compter sur eux.

Vent dans le dos, la sortie du sas de l'écluse de St Malo est facile en envoyant juste la trinquette à l'aide d'un vieux enrouleur Goïot à cable.

Envoyer la grand voile et la misaine dès la sortie à la sortie du môle des Noires, du coté de Rance Nord est une formalité.

Nous embouquons le chenal principal, au largue dans un vent de nord-est frais de force 6 à 7. Pen Duick allonge et, à l'estime, dépasse surement les 10 noeuds. La barre, franche, est équilibrée, c'est un plaisir de le barrer. Nous avons dépassé, le phare du Grand Jardin en route vers la bouée sud-ouest Minquiers. Pen Duick VI a pris plus de temps pour envoyer ses voiles et se trouve derrière nous à la hauteur de la tourelle verte du Buron.

Bien abrité sous ma capuche, tout en barrant, je me remémore alors, qu'à 15 ans, je dévorais la revue "Bateaux" qui relatait chaque mois les exploits de Tabarly et son équipage dans les courses du RORC: Channel race, Cervantes, Cowes Dinard... C'est simple, en 1967, il les gagnaient toutes. Aujourd'hui encore, je me souviens des posters qui ornaient ma chambre.

Il m'était inimaginable de penser que je naviguerais un jour sur ce voilier, de surcroît comme chef de bord et à la voile seule.

Avec le courant descendant, les Minquiers sont vite atteint, en un peu plus de 1 h 30. Cela doit bien faire 11 noeuds de moyenne. Et oui, nous naviguons à l'estime, nul GPS ou decca.

Après la bouée suroit, nous lofons au cap 0°. En effet, le courant nous dépale maintenant dans l'ouest, aussi je préfère prendre du "gras" au vent.

Au prés débridé, le vent parait encore plus froid.

Bien abrité sous la "bijute" bienvenue, deux équipiers devisent, un autre semble moins à l'aise, un peu amorphe.

Au loin dans l'est, en mettant le nez dans le vent nous apercevons Jersey. Pen Duick passe les vagues en souplesse, sans taper, malgré ses bouchains. Pen Duick VI, sous toilé sous yankee et artimon, nous rattrape et nous distance; cela distrait les équipages un moment.
L'après-midi s'écoule et l'atmosphère s'assombrit. La nuit tombe vite en novembre et cela m'ennuie un peu.

Je commence à réfléchir à la manoeuvre d'arrivée à Guernesey. De nuit, arriver à St Peter Port au portant, par force 7, cela ne s'annonce pas simple.

La nuit tombe, nous apercevons clairement sur bâbord, les Hanois puis le feu de la pointe St Martin.

J'explique à mes quatre stagiaires, doucement la manoeuvre. Sortir les amarres, préparer la plus longue afin de l'envoyer à PD VI, affaler et ferler la misaine, effectuer la même chose avec la grand voile...

Abrités par Herm et Jethou, la mer se calme.
Mon idée est de terminer sous trinquette seule.

Je joins Arnaud sur le VI, alors en pleine manoeuvre d'affalage. Il me rappelle 5 mn plus tard alors que, voiles affalées, nous approchons de la jetée sud. Vite, trop vite à mon gré, sous la seule trinquette.

Il m'explique alors que du fait de l'orientation du vent il fera des cercles au moteur dans l'avant-port afin de me lancer une amarre au vol et d'aller se mettre à couple d'un cargo à droite en rentrant.

Humm! Cela ne me laisse pas grand marge d'erreur mais nous n'avons pas le choix. La Guinness commande.

Grand largue, surement à 8/9 noeuds, nous passons les jetées. Je m'inquiète car, dans la nuit, j'ai du mal à identifier la coque noire de Pen Duick VI. Finalement, je l'aperçois devant à droite. Je fais affaler la trinquette, freine le bateau en donnant alternativement de grand coups de barre. PD VI arrive à notre hauteur, nous longe et envoie son amarre.

Comme des chefs, mes belges la passe comme il faut là où il faut. Et cela baigne.

Il était temps, nous longeons les voiliers mouillés dans l'avant-port.

Abrités par la jetée et un ferry, nous nous amarrons à couple de PD VI, lui même amarré sur un petit caboteur.

Bien à l'abri, dans le carré, nous nous jetons sur l'apéritif avant de diner d'une soupe de poisson et d'une paëlla. L'ambiance est à la bonne humeur et tous pensent à leur sortie au pub.

Mais une bière à Guernesey, cela se mérite, il faut tout d'abord, effectuer le parcours du combattant qui consiste à passer sur le pont de PD VI, puis sur celui du caboteur et enfin de grimper à l'échelle métallique du quai sur 8 à 10 mètres à marée basse.

Les équipages s'égayent qui au Albion qui au Royal Yacht Club. Mes belges regrettent leur "Gueuze". Je leur rappelle qu'il leur faudra descendre la fameuse échelle de quai au retour...

Le dimanche matin, au réveil, il apparait que le vent est, comme prévu, toujours de 30 noeuds. Peut être a t-il pris un peu de "gauche", vers l'est.

Vers 11 h, l'heure est venue de préparer notre manoeuvre. Arnaud m'a indiqué que les 25 CV du moteur de PD VI étaient incapables de remorquer mon bateau en remorque avec un tel vent de face.
Nous n'avons d'autre choix que de sortir du port au louvoyage !

Nous commençons par laisser PD III dans le lit du vent en larguant les gardes et la pointe arrière puis envoyons la grand-voile suivi de la misaine. Nous terminons par la trinquette . Tout est étarqué, souqué.

Avec Arnaud, nous convenons de frapper une amarre sur l'arrière afin d'être certain de partir bâbord amure.

Les jeux sont faits, il faut y aller.

Cela se passe comme prévu. Encore abrité par le ferry, nous accélérons doucement avant de prendre un coup de gite lorsque nous quittons l'abri de la jetée. Dans 100 m, il va falloir virer. Deux équipiers aux écoutes, un autre au winch de grand voile qu'il faut choquer, particularité de PD III.

  • " Paré à virer? "
  • " On vire "

PD III s'exécute docilement. Cap vers le large, vers Herm.

Mais, avant de reprendre de la vitesse, il lofe presque face au vent. Je comprend immédiatement ce qu'Arnaud m'avait indiqué, il faut choquer la grand voile durant le virement et ne la reprendre qu'après que la vitesse soit reprise. Nous l'avons effectué, mais insuffisamment.

Presque arrêtés, nous culons. J'inverse rapidement la barre sur bâbord et le bateau reprend son cap. La trinquette et la misaine reprennent le vent, nous redémarrons en gitant.

L'extrémité de la jetée nord est parée à une vingtaine de mètres avant de revirer peu après dans le Petit Russel, et de débouler au reaching à 10 noeuds vers Grosnez.

Une heure et demi plus tard, le phare de Corbière est dans notre est, Green rock est donc paré et, avec un courant de 3.5 noeuds favorable, il ne nous reste plus que quelques milles au louvoyage vers St Hélier. Sur notre arrière, Pen Duick VI se rapproche.

Sous le vent de Jersey, devant Ste Brelade et St Aubin, abrités par l'ile, la mer est plate et capeyons entre la Hinguette et la Demie de Pas en attendant que PD VI nous rattrape puis nous passe une remorque afin de rentrer dans le bassin où nous nous mettrons à couple le long du Victoria pier. Ce qui se passera sans la moindre difficulté.

Arnaud m'indiquera qu'il est sorti de St Peter à moins de 2 noeuds à cause du fetch et du vent de face. Il a enregistré des rafales à 35 noeuds.

Les deux équipages se retrouvent autour d'une bière dans las salons feutrés du Yacht-Club de St Hélier.

Le lendemain, je me souviens seulement que lors du retour vers St Malo nous nous sommes offerts un crochet par la passe nord de Chausey et avons descendu le Sound sous voile...

PLUS FACILE à lire ici:
karibario.blogspot.com[...]os.html

15 oct. 2020

superbe récit qui me replonge dans la nav' d'avant que j'ai connue jusqu'à mes 30 ans..
un seul mot: Merci

18 oct. 2020

Merci pour ce texte !

15 oct. 202015 oct. 2020

Corvée de corvette.

Elle avait pourtant de la gueule, la Corvette Herbulot, avec son petit rouf casquette et sa longue pièce de bois vernis bordant les flancs! Mais l’essai qui en fut fait en son temps, aux touts débuts de la revue Bateaux, à l’époque où chaque voilier était décortiqué sous l’angle de la course, avant le confort, disait que : oui, enfin, peut être… si on n’a rien d’autre à se mettre sous la main, on pourrait, éventuellement, sous toutes réserves, se présenter sur une ligne de départ.
C’est que le bateau n’avait pas été conçu pour cela. Jean-Jacques Herbulot, architecte visionnaire, voulait dessiner le premier voilier mixte de petite taille (7 mètres). C'est-à-dire équipé d’un moteur inbord, tout en marchant convenablement à la voile ! Quoi de plus évident aujourd’hui ? Pas au début des années 60. Le bateau avait donc des entrées d’eaux « fortes », une quille en fonte très peu profonde permettant l’échouage et une voute longue et fuyante. Un petit monocylindre essence devait équiper l’espace sous le cockpit. Malheureusement cela ne put se faire, ainsi les Corvettes étaient-elles équipées d’un aviron de godille, comme toutes les unités de cette taille.

Force est de reconnaitre que le près n’était pas le fort de ce bateau, et qu’un Mousquetaire en faisait le tour complet, le temps que la Corvette ait fini son virement. Elle était par ailleurs terriblement ardente, en raison d’un aileron de quille très avancé, pour lester le gros volume des œuvres mortes sur la moitié avant de la carène. Une unité au tirant d’eau plus profond de 20 centimètres fût donc bientôt proposée, ce qui le portait à 90 centimètres, valeur à comparer aux 110 cm d’un Muscadet, dont la coque est plus courte de 60 centimètres. Néanmoins, le safran était toujours un panneau de chalut. Plaque d’acier presque carrée, barrée de renforts du même métal, soudés. C’était peu élégant, et pour tout dire d’une efficacité très discutable.

C’est avec ce modèle « augmenté » tout juste acheté, qu’un copain de l’île de Groix vint un jour toquer à ma porte. Il avait besoin d’un gars bricoleur, argenté et skipper expérimenté pour s’associer avec lui dans son projet de rénovation et de croisières. C’était tout moi, pour sûr. Il ne pouvait pas mieux choisir ! J’avais 18 ans, 100 balles en poche quand mon grand père m’y glissait un billet, une expérience solide de navigation en Optimist, mais plus humide en Laser. Mon CV de bricoleur se limitait à quelques maquettes, qui à ma grande joie, naviguaient dans le bon sens. J’étais insouciant et enthousiaste. François était paumé et dépressif. L’association idéale.

Nos moyens nous permettant de nous payer l’accès à une grève un peu vaseuse dans l’entrée d’une rivière, c’est là que nous échouâmes notre bateau pour la première fois. Il fallait à minima le repeindre, et il était souhaitable que nous bouchions les multiples infiltrations qui laissaient l’eau goutter du pont sur les couchettes. Ce sont en réalité de plus gros travaux qui nous attendaient. Mettre à poste les deux béquilles aurait permis au bateau de rester debout à marée basse. Nous n’en mîmes qu’une. Je suis incapable de dire pourquoi nous oubliâmes l’autre. Toujours est-il que le bateau tomba alors que nous discutions dans le carré. Un sinistre « Crrraaaac » se fit entendre. Le bordé était intact, mais la serre de bouchain déchirée sur 1 mètre. Perplexe, François proposa que nous redressions le bateau pour mieux évaluer les dégâts et tenter une réparation… en le tirant par la tête de mat avec sa Citroën CX diesel.
Il ne se redressa pas. La têtière céda. C’était un moindre mal. Le mât en spruce aurait pu se briser plus bas et notre rêve de naviguer s’arrêter là.

Finalement, l’absence de fuite permit à la Corvette de se redresser seule au flot et j’entrepris ce qui serait la première d’une très longue série de réparations à bord. Redresser et réparer la serre de bouchain enfoncée et déchirée. Une planche de palette trainant pas loin et un paquet de clous à quelques francs feraient bien l’affaire. Une généreuse tartouille de colle PU sur le bois peint et humide, permettrait une bonne imprégnation de la fissure et le bordé retrouverait son intégrité structurelle. A défaut de retrouver sa forme, ce fut le cas, puisqu’il ne fît jamais reparler de lui. Un coup de peinture blanche chipée dans le garage de papa redonna une allure très convenable à la serre et à la planche qui la couvrait.

Réparer le mat et boucher les trous du pont furent une formalité. Le premier fût rehaussé de 5 cm par un bout de bois sous le pied de mât, afin que les haubans gardent une longueur adéquate, puisque nous avons replacé la têtière sous la cassure. Quand aux fuites, nous nous réjouîmes que le mastique polyester à carrosserie les bouchent aussi bien. « Ca sauve le bois, ces produits modernes !», s’exclama François, en finissant le fond de pot que nous avions récupéré je ne sais où.

Nous prîmes la mer quelques semaines plus tard, tous les deux. C’était en Bretagne Nord, en Juillet. Le réchaud à gaz ne fonctionnait plus, tuyaux et robinets trop oxydés, et nous n’avions pas d’annexe. Peu importe. Nous mangerions froid, et nous trouvâmes une « caravelle » dans une poubelle, en haut de la plage de Saint Cast. Le fond de cet engin de plage gonflable était déchiré, mais les boudins intacts. Il suffisait de ficeler les boudins l’un à l’autre, pour faire une sorte de Kayak assez stable pour que nous y tenions tous les deux à genoux.

La suite de l’histoire ne peut s’intituler que : « Encore heureux qu’il ait fait beau ».
Je me verse un Whisky et je la gratouille.

18 oct. 2020

Bonsoir,

toutes les corvettes n' étaient pas identiques!

Trois chantiers les ont construites.

La mienne (mon 1er bateau acheté en 83) était sortie du chantier Mallard en 63, avec un TE de 1m20, un vrai safran et un moteur in-board Gota 6cv essence 2t.

Au près, elle faisait jeu égal avec les Mousquetaires, et marchait carrément "pas mal" au portant quand il y avait de la brise:
Avec trois copains du centre nautique où je bossais, on avait fait Le Palais/ la Corogne en 72 h fin novembre 83, soit 5 nd de moyenne à 4 sur un 7 mètres!

Gorlann

15 oct. 202015 oct. 2020

Suite de l'histoire (il y aura au moins une troisième partie)

Notre navigation côtière doit nous emmener de Saint Cast, jusqu’à l’archipel de Bréhat, soit une trentaine de milles. Cela me parait inconcevable en moins de trois ou quatre escales. Ainsi nous prévoyons de faire des étapes de 10 milles. Cela tombe bien, la baie de Saint Brieux est bordée de ports d’échouages où nous pourrons facilement nous poser. De bonne grâce, mon père nous prête la carte de SHOM qui couvre le coin, espérant la récupérer pas trop détrempée.

Nous passons sans encombre le cap Fréhel par grand beau temps et progressons vers Erquy, un port de pêche actif et aux quais animés, quelques milles à l’ouest du cap. Nous grignotons dans le cockpit, lorsque qu’une guêpe fait son apparition, et immanquablement, va piquer François à la lèvre inférieure. Pourquoi lui et pas moi ? Parce que j’y suis complètement insensible et que François est allergique. Il s’effondre sur une couchette, incapable de bouger ni d’agir. L'incident n’a pris que quelques minutes, juste assez pour que nous abordions le plateau des Justières, à un mille et demi au large, en grande partie immergé à cette heure de la marée. Je faisais confiance à François pour cette route qu’il disait connaitre, et je suppose que c’était réciproque. Nous n’avions donc regardé la carte ni l’un ni l’autre !

Le bateau se s’arrête, sèchement, puis recule de quelques centimètres. La vision des cailloux immergés à moins d’un même sous la coque, me glace d’effroi, alors que François ne semble pas réagir. Tétanisé et paralysé, j’espère une intervention de la providence pour extraire le bateau de cette situation. Elle n’est pas nécessaire. Les 90 cm de tirant d’eau du bateau se glissent sur le plateau, sans toucher d’autre roche. Une demi-heure plus tard, alors que nous élargissons le cap d’Erquy à quelques encablures de la digue, François émerge de sa couchette. Il ne s’est manifestement aperçu de rien. Honteux de mon incapacité à agir, je ne lui relate même pas l’incident !

Demain, nous traverserons la baie de Saint Brieuc pour aller à Saint Quai, port d’échouage que nous ne connaissons ni l’un ni l’autre. La brise thermique nous permet une navigation sereine, jusqu’aux roches de Saint Quai, un autre plateau rocheux, juste en face du port. Le vent se lève et nous prenons plaisir à border le joli foc de route rouge qui équipe le bateau. La grand voile est elle, défoncée, car probablement d’origine. Elle a 40 ans !
C’est chouette de voir ce bateau s’animer et giter pour la première fois, calé au bon plein, mais il se redresse juste après un bruit de déchirement qui ne ressemble à rien que j'ai déjà entendu. Le foc claque. Comme nous sommes au vent, nous ne voyons pas immédiatement ce qui c’est passé. Je traverse le cockpit et là, je ne n‘en crois pas mes yeux. Ce n’est pas l’écoute qui a cédé. C’est le pont qui s’est arraché, sous la traction du petit rail d’écoute de foc ! Nous rigolons. Il n’est pas neuf, ce bateau, c’est certain !

Nous abattons en grand et repartons plein vent arrière, vers Binic, quelques milles au Sud, où François sait pouvoir trouver du contreplaqué et de l’aide pour réparer provisoirement le pont. Nous progressons tranquillement à contre courant, en même temps que la baie de Saint Brieuc se vide, si bien que lorsque nous arrivons en vue de Binic, au couché du soleil, la baie est à sec et il nous est impossible de nous approcher. Nous n’allons pas rester en pleine eau à un demi-mille au large, quand même ! Et ce n’est pas à genoux sur notre caravelle saucissonnée que nous pourrons pagayer jusqu’au port. Ainsi nous refaisons demi-tour vers Saint Quai, en tirant des bords alors que la nuit tombe. La vieille poulie d’écoute en Céloron est frappée sur la cadène de bas-hauban, ce qui constitue un point d’accroche solide, à défaut d’avoir un angle de tir idéal. La brise thermique cède progressivement du terrain à la nuit, et le bateau progresse tout doucement sur une eau parfaitement calme.

Il fait nuit noire lorsque nous-nous présentons devant le feu du môle, mais le port est à sec, naturellement. La nuit promettant d’être très calme, nous décidons de mouiller en pleine eau, devant le port, dont les fonds de sable sondent bien plus rapidement que devant Binic. Il nous faut nous décaler de l’alignement d’accès, car nous n’avons ni feu de mouillage ni même une lampe pour nous signaler. A tâtons car il fait noir, nous progressons sous grand voile seule vers le Nord, la ligne de sonde à la main. Avec notre petit mouillage, il faut que nous arrivions presque à toucher le fond à marée basse, pour que le bateau ne dérape pas au plein, six heures plus tard, d’autant plus que le courant est fort dans la rade. L’endroit où nous mouillons est étrangement calme et sombre. Je ne connais pas les lieux. Néanmoins, j’aperçois l’enracinement de la digue et des grues.

Nous dormons bien. Trop bien même. Je suis tiré de mon sommeil par des bruits de gros diesels, familiers dans un port de pêche. Mais alors que je rêvasse dans mon duvet, une embarcation aborde la Corvette sans ménagement et avant même que je sorte la tête par la descente, nous-nous faisons engueuler : « qu’est ce que vous foutez là, vous ? Vous ne pouvez pas rester, partez tout de suite ». Nous comprenons vite. Nous sommes au beau milieu du nouveau port en pleine eau de Saint Quai, en cours de construction ! Comment avons-nous réussi à rentrer dedans sans même nous en apercevoir ? C’est à peine croyable. Toujours est-il que nous en sommes au centre, non loin de l’engin de dragage, qui n’était pas le bateau de pêche qui berçait mes rêveries matinales. Voila pourquoi il faisait si sombre et pourquoi nous avons si bien dormi. Des tonnes de blocs de granit gris sur 15 mètres de haut, tout autour de nous, masquaient les lumières des quais du port d’échouage. Pas de courant, pas de clapot !

Nous quittons la marina en construction avec une grande satisfaction. Celle d’avoir été le premier voilier à y faire escale ! Comme le jusant nous porte au Nord, nous faisons voiles vers Paimpol, où nous sommes sûrs de trouver tout le nécessaire pour réparer à moindre coût. Nous rentrons dans l’avant port deux heures avant la basse mer, trop tard pour prendre l’écluse. Aucun souci, le quai Est comporte une cale le long de laquelle nous pourrons nous poser et descendre à pieds secs. J’élargis pour faire demi-tour et me présenter derrière une barge ostréicole. Le bateau s’immobilise. Trop tard, nous sommes plantés dans la vase, du mauvais coté du chenal. Descendre à terre ne va pas être aussi simple. Et c’est peu dire ! La vase est tellement molle que le bateau s’enfonce et se plante parfaitement droit, de la vase jusqu’à mi hauteur des œuvres mortes. Rejoindre la terre à pied est complètement impossible. Qu’à cela ne tienne. Nous essayons avec notre annexe. Et ça marche ! La caravelle flotte et se déplace sur la vase fluide comme sur l’eau. Nous pagayons jusqu’au chenal. Nous ne sommes plus très propres, mais peu importe ! Nous allons chez le ship, de l’autre coté du quai. Pas au restaurant !

15 oct. 2020

Si tu prends 1 whisky entre chaque écriture, la troisième partie va être amusante😏

15 oct. 2020

J'y travaille ! La troisième partie est plus cocasse qu'amusante.

15 oct. 2020

la cuite au prochain numéros!!!

15 oct. 2020

Hé les gars. Trois parties, ça fait jamais que trois verres !

15 oct. 2020

Pourquoi n'est il pas possible de voter pour montrer notre contentement à la lecture d'un recit ? C'est dommage...

15 oct. 2020

Il doit y avoir prescription!
C'est dommage, des grincheux pourraient arguer qu'il y a vraiment des inconscients pour naviguer dans de telles conditions sur un voilier pas remis en état de la têtière à la semelle de quille ! ;-)

15 oct. 202015 oct. 2020

Suite et fin.
Pieds nickelés ou éléphants (de mer), à vous de choisir !
Moi, j'assume. Et puis, il y a prescription !

Le pont proprement bricolé, nous abordons l’île de Bréhat, seulement quelques milles, mais des milliers de cailloux plus loin, sans que nous en ayons touché un. François veut échouer à Port clos, lieu de débarquement des vedettes à passagers, car sa copine va bientôt nous rejoindre pour une visite de l’île. Je ne connais pas davantage ce mouillage que les autres, et ne m’inquiète de rien lorsque nous-nous engageons dans la crique assez étroite. De petits voiliers et pêche promenades sont embossés en haut de la grève, de part et d’autre de la crique. L’endroit est donc accueillant. Nous choisissons la grève à l’entrée Ouest, large et bien protégée du vent par la falaise. Le haut de celle-ci étant complètement occupé par de petits bateaux, nous mouillons sur leur arrière. L’endroit est d’un calme absolu, mais à l’ombre dès le début d’après midi. Nous assistons aux allées et venues des vedettes à passagers qui, à cette heure de la marée, rentrent jusqu’au fond de port Clos. Bientôt l’eau va se retirer, la crique asséchant complètement, et les vedettes accosteront à un embarcadère submersible construit à l’extrémité Sud de la pointe. Une allée en béton longue de 600 mètres, également submersible, longe le bas de la falaise et permet aux piétons de rejoindre l’embarcadère à marée basse.

Nous sommes bien à bord. La copine de François n’arrive que dans quelques heures par une des vedettes. Nous siestons. Mais bientôt, nous assistons à un autre manège que celui des vedettes entrant et sortant de la crique. Il n’y a plus d’eau. Le bateau est parfaitement posé. Mais des centaines de piétons incrédules nous observent, avant de disparaitre sous notre Corvette. C’est quoi, le problème ? Je me penche par-dessus bord. Nous sommes posés sur l’allée. Pile dessus, en travers … La quille dépasse de part et d’autre. L’allée est complètement barrée, obligeant les piétons à descendre un bon mètre plus bas et à se mettre les pieds dans l’eau ! Je ne sais pas comment personne n’est venu nous remonter les bretelles.

Le retour de Bréhat vers Saint Cast nous fait suivre la même route, cependant, nous souhaitons varier les mouillages. Ainsi, plutôt que de faire escale à Saint Quai, nous mouillons dans l’anse de Bréhec, 6 milles au Nord. La plage est complètement ouverte à l’Est et la grande baie de St Brieux, mais parfaitement protégée des vents de secteurs Sud à Nord, par l’Ouest. Un petit mouillage de pèche-promenades se niche d’ailleurs dans le coin de l’anse, attestant d’une protection relative. Nous mettons les béquilles en place. L’eau est aussi claire que calme. Il reste deux mètres sous la quille. Nous débarquons près des canots de pêche et gravissons par un chemin assez raide, les 70 mètres de falaise, jusqu’au bar resto qui se trouve en haut. La vue est splendide. Le bateau, 400 mètres en contrebas, se pose en douceur. Nous avalons un sandwich et quelques bières au bar. Le temps passe. Là, un local nous aborde : « Hé, les gars, vous devriez aller voir votre bateau ».

Il est loin, mais la scène est très claire. La Corvette est roulée par des déferlantes, travers à la plage, les béquilles arrachées. Merde, c’est la tuile là. Comment une anse aussi calme au jusant s’est-elle transformée en spot de surf au flot ? Ben, il faut lire les instructions nautiques, pour le savoir ! Les pêches promenades sont protégés par une petite digue, tout au coin de l’anse, sous la falaise. Le reste de la plage est infréquentable. C’est écrit noir sur blanc… Nous dévalons le chemin à flanc de falaise, et courons au bateau en nous jetant à l’eau habillés. La béquille bâbord a arraché une partie du bordé. Celle de tribord est partie sans faire de dégâts. Le bateau se remplit, et tosse sur le sable. La coque est néanmoins suffisamment légère pour que nous puissions la remettre face aux vagues et la tenir dans l’axe le temps que la mer monte des quelques dizaines de centimètres nécessaires à la remettre à flot.

Nous ripons dare dare et repartons mouiller en pleine eau dans l’entrée de la baie de Paimpol. Faut écoper. Les coussins et duvets sont gorgés d’eau. Ca pue. Le pain et le camembert qui trainaient dans les fonds ne sont plus très appétissants. On mangera une boite froide ce soir. Tant pis. Ce qui m’ennuie davantage, bien que ce ne soit pas mon bateau, c’est le morceau de bordé arraché. Un vrai trou, de la surface d’une feuille format A4 environ, au tiers haut du bordé. C’est très bof, pour naviguer au près. Nous n’avons rien pour réparer ni même colmater. Et là regardant le trou, assis devant le réchaud en panne, François me sort avec le plus grand sérieux : « regarde, c’est pas grave, c’est au fond du placard de cuisine. On n’a qu’à laisser fermée la porte du placard. Ça ne se verra plus ». Effectivement, l’argument est implacca...rd !

Revenus sur la plage d’Erquy, nous débarquons avec les béquilles, afin de les détordre. Savamment encastrés entre deux cailloux des enrochements de la digue, quelques bonnes poussées et jurons biens mérités plus tard, les deux tubes d’acier sont détordus. Du moins, sont-ils un peu tordus dans l’autre sens, mais ce n’est pas plus mal. Ça les angulera davantage vers l’extérieur. Les béquilles remises en place, pour celle de tribord en tout cas, et un peu plus en avant pour la bâbord, en perçant un trou dans le bordé, à grands coups de marteau sur un gros tournevis, le bateau se pose impeccablement à la nuit tombante. Je sais pourquoi j’ai cependant mal dormi. Sur le panneau de couchette, les mousses étant inutilisables, dans un duvet trempé, mais également parce que j’ai entendu des cris et des rires autour du bateau pendant un long moment au milieu de la nuit. Un mauvais rêve, sans doute. Non. Une bande de jeunes cons venus lacérer à coups de couteau, notre annexe laissée au tableau, et nous ayant en plus piqué notre mouillage. Ouaip, on va renter à la maison, là. Ca suffit comme ça !

Le vent d’ouest nous pousse gentiment vers Saint Cast. Nous envoyons pour la première fois le spi. Ca marche bien. Le vent monte et refuse sous la pointe de Saint Cast, si bien que la poulie de capelage de spi casse et la voile passe sous le bateau, se déchirant largement sur la tôle d’acier rouillé qui fait office de safran. Il était beau, ce spi. Bien plus que les autres voiles du bord. Nous-nous en passerons.

Par contre, va falloir apprendre à naviguer. C’est urgent !

16 oct. 2020

Toute une époque😀

18 oct. 2020

Bravo et merci pour ces trois beaux récits hilarants !!!
;-)

Ce vénérable voilier a t-il survécu aux autres navigations que vous lui avez fait subir ?

En tout cas, clairement je ne solliciterais pas vos talents pour restaurer mon bateau !
;-)

18 oct. 202018 oct. 2020

Merci Arzak.

L'ado insouciant et novice que tu ne solliciterais pas, a depuis cette première croisière quelques milles dans son sillage et de belles constructions intégrales !
(Une douzaine d'histoires dans les fils précédents).

Merci surtout à ED, d'avoir créé ce fil, qui m'a décidé à écrire cette histoire à peine croyable, et pourtant véridique, avant que j'en oublie les détails. Elle a 35 ans.

Après la perte du safran et quelques autres menues misères, j'ai fait mes armes sur ce bateau, finalement pas si mauvais. J'emmenais, été comme hiver, des copains de lycée, auprès desquels je faisais figure de skipper expérimenté !

Nous nous sommes fait gronder plus d'une fois par les gendarmes maritimes de Saint Malo, qui trouvaient notre équipement de sécurité un peu léger, pour naviguer par mauvais temps, bien au delà des 5 milles réglementaires.

Cependant, je les trouvais bien sympas et pédagogues avec nous. La pire sanction qu'ils nous aient infligée, est de retourner illico a St Malo pour acheter un engin flottant et de leur amener la facture ensuite. Les 180 francs dépensés pour ce bout de polystyrène, avaient un goût amer, car c'était le budget des vacances !

Mais nous étions allés jusqu'à Chausey par un bon force 6 se renforçant, et ils avaient trouvé qu'on charriait un peu. L'officier m'avait sorti un truc qui m'avait laissé perplexe : " au moins, avec cet engin flottant, quand vous aurez coulé, on viendra vous chercher".
Nous n'avions pas de VHF pour appeler les secours...

J'ai perdu de vue la Corvette et son propriétaire (qui ne naviguait plus) lorsque je suis parti faire mes études.

16 oct. 2020

Bravo pour avoir garder le moral face à tant d'adversité!
Et d'avoir découvert la bonne conclusion, pour pouvoir continuer longtemps à nourrir le fil de discussions!

18 oct. 2020

Il y a longtemps en mer Egée, bloqué plusieurs par un meltem un peu fort.
J'avais sympathisé avec mes voisins, des malouins. Faut dire qu'il y avait peu de voiliers français en Grèce à cette époque.
En plus le malouin faisait de la plongée et avait la bonne idée de me rapporter des oursins tous les soirs.
On était la depuis 2 ou 3 jours: l'occupation majeure était de voir arriver les gros voiliers de location avec des équipages un peu abasourdis par leur journée de nav. Nous, on attendait tranquillement que ça se calme.

Arrive un soir un voilier grec. Ils mouillent et culent à quai. D'un coup, ça commence à gueuler fort en grec sur le bateau.
Panique. Ils s'amarrent comme ils peuvent à couple du voisin. ET on a compris qu'ils avaient jeté l'ancre mais aussi la chaîne. En clair, la chaine n'était pas attachée au bateau et a fini par 3 mètres de fond.
Mon voisin plonge et leur rapporte leur chaine . Soulagement des grecs et grands remerciements.

Le propriétaire du bateau était un grec exilé en France pendant les colonels, donc francophone et francophile.
Le lendemain, il invite mes voisins à l'apéritif pour les remercier. Comme j'étais la, j'ai été invité aussi.

Le gars nous sort une quinzaine de grosses boites en disant avec malice: "ma femme a préparé quelques mézes pour la croisière".
En fait d'apéritif, on est sortis à 18 heures bien repus mais aussi bien arrosés (l'ouzo avait coulé à flot). Et je dois avouer qu'on a bien rigolé.*
Bon ,c'est la Grèce!

21 oct. 2020

Première navigation en eau salée de ma compagne, il y a quelques années, prudent, je choisis la rade de Brest ;-)

On nous prête un petit et vieil habitable bien patiné, pour une semaine, chouette, vive l'aventure !

je crois que c'est la première journée (dans mes souvenirs) et nous choisissons de prendre une bouée à la voile afin de déjeuner tranquillement, en face d'une petite plage sauvage de galets et sable.
Nous disposons d'un moteur (trop gros et trop lourd) mais avons l'habitude, avec notre habitable 5m10, de gagner un ponton ou une bouée à la voile sur le petit lac pas très loin de chez nous, presque une formalité !

Nous visons notre bouée... Et ratons la prise de bouée !
Bon, pas grave, il n'y a qu'a virer de bord et re-belote !
Au vu de la direction du vent, le plus simple est de se diriger vers la plage et virer de bord.
Mais au moment de virer de bord, le bateau va tout droit, tel un poulet sans tête, une mule entêtée !!!
Et paf, sur la plage, on saute et on tente de le repousser à l'eau, peine perdue, c'est marée descendante...

Puis le bateau se couche. Explication (on ne me l'avait pas dit) visible en direct, c'est une quille longue !

Bon, on était venu là pour déjeuner, on escalade le bateau et on rampe dans la cabine pour chercher le déjeuner et les serviettes...
Ce bateau et notre (ma) méconnaissance du comportement des quilles longues nous a offert 6 heures de farniente, déjeuner, sieste, et observation des voiliers qui passaient devant nous en nous regardant, nous, très décontractés et passant du bon temps alors que d'autres trimaient sur leurs écoutes !
;-)

nous, très décontractés et passant du bon temps

Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup .... De bateaux !

21 oct. 2020
21 oct. 2020

Arzak tu es plus sympa que moi, première navigation avec ma compagne qui était montagnarde, départ de nuit pour l'Irlande…
Bon cela ne l'a pas totalement dégoutée… Ouf !

21 oct. 2020

Une petite gentillette, toujours en rade de Brest avec le même bateau.

Nous remontons une rivière au moteur, et vers 11h je vois deux voiliers arrêtés au milieu de la rivière, un magnifique RM genre 10mètres et un autre voilier plus ancien genre 8m...
Je dis à ma compagne "ce n'est pas un drôle d'endroit pour s'arrêter" ?
(peut être ce lieu avait il une aura symbolique, ou étais-ce un lieu mythique?)

Nous arrivons à leur hauteur et... notre bateau ralentit doucement et s'arrête, enlisé dans la vase ;-)

Nous regardons et saluons les autres voiliers, ils en sont à l'apéro.
Bon, suivons l'exemple des plaisanciers expérimentés, nous démarrons l'apéro nous aussi !
;-)
Mais dès que la marée a été assez haute, le RM a rebroussé chemin alors que les autres ont continué...

21 oct. 2020

les autres ont continué à ????
Apéro ou naviguer?

22 oct. 2020

...a remonter la rivière courageusement !

21 oct. 2020

Et voici la totale !

Et pour finir cette magnifique croisière (nous avons eu d'autres aventures diverses en quelques jours), je décide de finir crescendo pour ma compagne qui désormais est une vieille "louve de mer", c'est à dire naviguer en VRAIE mer !
Direction Camaret sur mer, pour cela il faut passer le goulet de Brest et faire une loooooongue navigation vers l'est ;-)

Comme j'ai remarqué que des gros bateaux, gris ou civils, passent plus ou moins au milieu du goulet (sauf là ou il y a des hauts fonds) je choisis de rester à tribord, pour ne pas obturer le goulet avec notre magnifique coque de noix.
Judicieux, non ?
Nous remontons donc ce goulet, au près, vent contre courant, avec un voilier qui traine du c... dans l'eau (trop gros moteur HB) et des voiles en version sacs à patates usagés. C'est lent, très lent...Mais nous avançons !

Quelques siècles plus tard, en bon navigateur aguerri, je vérifie ma carte, et oh surprise, nous arrivons sur une zone où il est indiqué "zone de tir" !
En skipper sérieux et consciencieux, je fais un tour d'horizon, pas de batiment en vue, et décide donc de virer pour passer du coté babord du goulet de Brest.

Nous n'avons pas fait 100mètres qu'une alouette III nous déboule dessus plein shuss, un membre d'équipage casqué dehors sur le patin et qui nous fais des signes !
L'hélicoptère fait du stationnaire au dessus de notre mât et le gaillard casqué nous indique de la main de nous diriger vers les rochers, dans la zone de tir justement !

Allons nous servir de cible ? Bref nous obtempérons, et continuons à avancer à notre rythme, l'alouette III restant dans les parages...

Mais effectivement, nous servons de cible car le bateau pilote, belle moustache à l'étrave, se précipite sur nous et ne nous rate pas !
Nous somme très agressivement sommés de ne plus bouger et de rester là ou nous sommes ! Bon nous n'avons rien compris mais avons reçu le message.
Le bateau pilote s'éloigne doucement, mais là un nouveau "chasseur" arrive droit sur nous !

Cette fois ci c'est la gendarmerie maritime, il se mets face à nous à un mètre, avec un gendarme hilare au balcon avant en figure de proue !
Nous faisons piètre figure sur notre petite coque de noix délabrée bouchonnant sur l'eau en face de cette solide vedette trapue !
J'imagine que son hilarité venait de l'antiquité flottant devant lui ;-)

Là ce fut un tout autre discours, le gendarme poli, souriant et sympathique nous expliquant pourquoi nous devons absolument rester en position et ne pas nous en écarter ainsi que le temps approximatif que cela devrait durer...

Nous démarrons le moteur, affalons nos voiles et commençons notre bouchonnage sur des vagues ayant envie de jouer avec ce petit bateau.

Puis la récompense arrive, des zodiacs de commandos de marine, des bateaux "gris", puis la cerise sur le gâteau, un superbe sous marin avec une partie de son équipage aligné en combinaison orange sur le pont !

Nous avons bien fait de patienter 20 minutes, nous avons bénéficié d'un défilé de la marine rien que pour nous !
;-)
Pour l'anecquedote, ma compagne a eu le mal de mer...

22 oct. 202022 oct. 2020

Il nous est arrivé exactement la même péripétie en sortant du goulet de Brest en août 2018, seule différence, l'hélico a perfectionné la procédure: comme nous n'avions pas de VHF ils ont sorti par la porte de l'habitacle, un grand panneau blanc sur lequel était noté: "écartez-vous du convoi".

Pour rester dans l'ambiance, au printemps 2019 nous ramenions notre nouveau bateau acheté d'occasion à La Spezia. Au sortir de la rade de Toulon, nous préparant à une bonne journée de mistral à remonter vers les calanques, nous entendons des tirs puis voyons sur l'eau des gerbes entre nous et le cap Sicié. Inquiet, je démarre la VHF (maintenant nous en avons une, le bateau a grandi ;-) et j'entends immédiatement : "Ici l'officier commandant le PC tir de la Renardière, le voilier qui sort de la rade, faite demi-tour immédiatemment !"
Nous étions bien embêtés, j'ai argumenté que nous devions aller à Marseille, et l'officier, très correct et compréhensif, a accepté de nous laisser passer en nous demandant de longer la côte à moins de 500m. Soulagés nous avons passé au moteur la zone menaçante avant de renvoyer les voiles avant le cap Sicié. A ce moment là j'entends à nouveau la phrase fatidique: "Ici l'officier commandant le PC tir de la Renardière, le voilier qui sort de la rade, faite demi-tour immédiatemment !", et je commence à nouveau à discuter "mais vous venez de nous dire que nous pouvions passer" avant d'être interrompu : "ce n'est plus à vous que je parle, il y en a un autre qui sort". Ouf ! mais le malheureux officier, sympa, a du avoir du mal à terminer son exercice.

Une autre histoire avec les militaires dans le goulet.
Nous arrivions de Guernesey en fin de nuit et par un brouillard intense et au moteur.
En approchant du goulet, après avoir essuyé mes lunettes (le brouillard cela mouille !) Je distingue de drôles de petits remous sur l'eau.
Puis dans le gris du brouillard apparaît une autre nuance de gris puis une petite lumière assez haut.
Rien dans ma bibliothèque de neurones pour expliquer le phénomène.
De plus près encore on distingue un grand mur gris et plat mais qui avance doucement créant ce remous de sillage.
On double par tribord et on découvre la moitié avant d'un bateau qui n'a pas d'arrière ! Et qui est en remorque à deux noeuds.
Cette moitié de bateau dont la partie arrière est fermée par une grande tôle a été construite je ne sais où et arrive à Brest pour être assemblée à la partie arrière construite sur place.

Mais pour une fin de nuit dans le brouillard c'était assez déconcertant !

23 oct. 2020

Cela me rappelle à la nuit tombante en cotre des Glénans en arrivant sur Lorient, un sous-marin qui émerge juste à côté. C’est impressionnant !

24 oct. 2020

Un sous-marin est passé près de nous à environ 30 noeuds aux alentours de New London, Connecticut. (photo en bas) Il klaxonnait comme un poids-lourd de temps en temps; on aurait pu se croire sur l'autoroute. Une autre fois, montant le chenal pour Dunoon en Écosse, nous étions sous spi, avançant à cinq noeuds sur un mer plat. Notre vague d'étrave - petite à cette vitesse - s'entendait, dans le cockpit, très bas. De temps en temps la chute de spi loffait, avec un petit craquement quand la voile se rétablissait. Un sous-marin nucléaire américain est apparu, avançant dans l'autre sens à environ 10 noeuds avec une centaine de mètres de son pont visible. Deux marins s'accoudait en haut de la voile de celui-ci, tenant le quart d'une position plus haute que la tête de mât de notre Ohlson 38. J'ai remarqué que ce monstre, qui n'était qu'à un quart visible, ne faisait aucun bruit. Pas de vrombissement d'hélices. Pas de murmure des moteurs. Pas le moindre souffle d'une vague, même. Notre petite vague d'étrave, à cinq noeuds, faisait plus de bruit. On l'appelle bien le service silent.

24 oct. 2020

A ceux qui savent : Il y a une base de sous marins en Ecosse? On en voit souvent vers les Hébrides.

24 oct. 2020

Ah, il suffit de chercher fr.wikipedia.org[...]B_Clyde .
Bon, OK

24 oct. 2020

La discrétion acoustique est un des éléments les plus délicats et recherchés des sous-marins.
Il existe près de l'Ile Longue un polygone de mesure acoustique afin de traquer les moindres bruits afin de les réduire autant que faire se peut.

Aux débuts du sous marin le Redoutable ils avaient des soucis avec leur sonar qui produisait un bruit de fond cyclique : c'était en fait le bruit du courant de marée !
Un sous marin ennemi aurait sans doute pu remonter la Manche avec le flot sans être détecté

26 oct. 2020

C'était la première fois que j'emmenais en bateau celle qui allait devenir ma femme. J'avais décidé de quitter la France et l’éducation Nationale suite un une chute malencontreuse de l'inspecteur départemental par la fenêtre de ma classe lors d'une inspection peu courtoise (j'étais vif, à cette époque) .
Nous partions donc pour Lisbonne ou je la laisserai pour continuer vers l'Afrique et les Antilles.
C'était l'été, il faisait beau, la Galice n'était qu'à quelques jours de mer. L'anticyclone avait l'air bien installé avec une petite brise d'Est le matin et le NW l'après midi comme il se doit.
Je n'avais bien sûr pas pris la météo, mais nous étions en été.
Les 2 premiers jours furent idylliques. Petit temps d'Est, portant, mer plate. Mais rapidement, un peu de houle d'ouest arriva, les cirrus dans le ciel apparurent, le vent pris du sud et le baro baissait.
On se prit donc un petite dépression dans le golfe. Pas bien forte, certes, mais sur le petit shellfish, le près au-delà le 25 kn était un enfer. Dans le bateau, on se serait cru dans un tambour dès que la vitesse dépassait les 4 kn. On montait, montait, puis silence avant un splach retentissant ou on pensait que le mât allait traverser le roof.
On passa donc 24h à la cape, bien tranquille, à lire, dormir et faire tout ce que font des amoureux.
Ma femme m'avoua plus tard, quand je l'embarquais pour la seconde fois, vers le Pacifique, cette fois ci, que, n'étant jamais montée sur un bateau, elle avait trouvé cette traversée tout à fait normale, que le bateau, ça devait être comme ça, s'étonnant simplement du fait qu'on dorme autant et qu'on passe tout notre temps dans la couchette.

26 oct. 2020

C'était la bonne !
CQFD

26 oct. 2020

Oui, d'ailleurs, je l'ai gardée😀.

26 oct. 2020

moralité:

c' est plus dangereux d' être inspecteur à l' éducation nationale que de traverser le golfe de Gascogne sur un petit bateau, même sans prendre la météo!

Gorlann

26 oct. 2020

Bien joué !
J'ai bien compris que tu avais soigné ta météo pour choisir de partir au moment ou vous ne pourriez que rester dans la couchette tout le temps !
ED850 est un sacré stratège quand même !

26 oct. 2020

gorlann29 +1 :)

Fañch

26 oct. 2020
30 oct. 2020

Dans ma vie, pour l'instant, je n'ai fait naufrage qu'une seule fois. J'avais 5 ans et je n'en ai aucun souvenir. Mais comme cette histoire fait partie du patrimoine familial et qu'elle a été racontée, analysée, commentée pendant de multiples discussions de fin de repas, j'en connais les moindres détails.
Le bateau, Dauphin vert, plan sergent de 10 m en bois moulé, construit chez Debordes, à Saujon était neuf. Livré en retard d'un mois, c’était sa première sortie. Mon papa, le skipper, avait peu d'expérience de la navigation en petit voilier, mais avait subit de nombreuses tempêtes sur la Frégate Météo France II dont il était le médecin. Un départ vers l'Espage depuis Royan avec un avis de Gd Frais à coup de vent d'ouest virant NW, ne l'inquiéta pas particulièrement. C'était l'été.
Peu après la sortie des passes de la Gironde, le vent forcit peu à peu, d'abord de sud puis Sud Ouest et, au fur et à mesure des réductions de voilure, le bateau se retrouva sous GV 2 ris et tourmentin, au près serré. Le vent forcissant encore, la décision fut prise de faire demi tour.

Le retour vers Royan se passât bien jusqu'à l'entrée des passes. Marée descendante avec 30/35 nœuds de SW, les vagues déferlaient. Le bateau voilé sur l'arrière (GV à 2 ris) et peu sur l'avant (tourmentin), était difficile à barrer. Le barreur, peu expérimenté laissa le bateau partir au lof et il fut roulé par une déferlante.
Lors du tour complet, le mât cassa (peut être toucha-t-il le fond?). Le barreur, attaché par son harnais était à l'eau, mon oncle qui était en train de sortir n’était pas encore attaché et se retrouva une vingtaine de mètres au vent du bateau quand celui-ci se redressa. Mon papa, qui était à l'intérieur sortit alors, aida le barreur à remonter et en voyant mon oncle à l'eau, démarra immédiatement le moteur pour se rapprocher de lui. Les écoutes haubans et câbles du mat cassé se prirent immédiatement dans l'hélice et le moteur cala. Heureusement, une déferlante ramena mon oncle à quelques mètres du bateau et à 2, mon papa et le barreur, ils réussirent à le sortir de l'eau et le balancer dans le cockpit.
La suite est plus tranquille, bateau démâté, moteur arrêté, il fallut vider (seaux et pompes), ranger, ramasser le magma des affaires à l'intérieur, remettre les planchers, panser les quelques coupures et plaies liées au chavirage.
Heureusement, la marée descendait encore, et le courant nous sortit des passes. Un chalutier, « Le Vagabond des Iles », rentrant d'une marée nous aperçut alors. La prise en remorque fut facile et en début de marée montante, alors que la mer se calmait dans les passes, il nous ramena à Royan.
Cette aventure s'est bien terminée, mais aurait pu être dramatique .
Dans cette histoire, il y a une succession d'erreurs de débutants : déjà, partir en famille sur un bateau tout juste mis à l'eau par avis de coup de vent n'est pas sérieux. Ensuite faire demi tour fût la seconde erreur, en effet, début Août, c’était une petite dépression d'été et le bateau aurait pu soit capeyer quelques heures pour attendre que le vent passe au NW, soit continuer vers le NW pour aller chercher la bascule qui nous aurait permis de faire route tranquillement. Après, le choix de rentrer était mauvais : embouquer les passes à marée descendante, courant contre le vent et bateau à la voilure déséquilibrée était absurde. Il aurait fallut soit attendre la marée montante, soit, ce qui était possible, remonter portant vers La Rochelle, dont l'entrée est facile quel que soit le temps. Enfin, lors du chavirage, de nouveau, plusieurs erreurs : en cas de mauvais temps, on s'attache immédiatement dès la sortie dans le cockpit. Ensuite, si l'on est démâte et quelle que soit l'urgence, il faut sécuriser l'environnement avant de démarrer le moteur.
La sortie de la Gironde est un endroit particulièrement dangereux : estuairegironde.pagesperso-orange.fr[...]nts.htm

02 nov. 2020

Merci pour ce récit de jeune naufragé !
Vous avez eu de la chance !
Le fiston se débrouille t-il mieux que le papa en navigation à la voile ?
;-)

02 nov. 2020

Depuis, le papa a accumulé quelques centaines de milliers de milles😀

02 nov. 2020

J'ai souhaité raconter cette histoire pour montrer à quel point une succession de bêtises de base peut amener à un accident. On s'aperçoit qu'une très grande majorité des accidents, même ceux qui donnent de très longs fils de discussion sur H&O relèvent d'erreurs basiques (class8 en mer rouge, prise de mouillage devant Fouesnant, perte du bateau sur les chats à Groix, perte du bateau golfe d'Ajaccio...)

05 nov. 2020

C’est un peu le « modèle de Reason » qui s’applique également sur un navire. La « chasse » au petit trous, et la prise de conscience en est essentielle. Toutes ces expériences si bien racontées sont une mine d’or pour tous. L’expérience et la surestimation de sa maîtrise étant bien entendu un des points (trou) à prendre en compte. Le plus difficile étant de garder en toutes circonstances l’humilité et la faculté de se remettre en question.

05 nov. 2020

Et ce qui est important aussi, c'est que ces erreurs viennent de quelqu'un qui avait l'air de bien connaître la mer (je me souviens de ton post sur les 150 nœuds pris par la frégate météo). Il est souvent très facile de surestimer ses capacités et connaissances lorsqu'on est expert dans un domaine qui nous semble, à première vue, similaire.

30 oct. 2020

Qui n’a pas vécu l’entrée de la Gironde par forte houle et marée descendante ne peut imaginer. Une passe de 50 à 100 mètres de large sur plusieurs milles et des déferlantes plus hautes que le mât de chaque côté.

Hervé

31 oct. 202031 oct. 2020

Encore une fois, une histoire d'Ed me rappelle une des miennes. Ce serait bien de se rencontrer un jour autour d'une bouteille de Calva! En attendant... Mon père, devenu tout à coup vieux, s'est décidé de s'acheter un petit bateau à moteur. Après vingt ans de Soling, des années avec un petit ketch Hereshoff-28, un Sunfish, et un sloop de 5m en bois avec des fuites partout que nous avons couvert de fibre de verre dans le garage. Après 60 ans sous voiles il trouve un hors-bord d'occas chez un de ses amis avec un console centrale et un moteur de 60cv où il peut s'installer sur les sièges pliantes dans le cockpit pour lui et ma mère. Chouette! Très fier, il invite ma femme et moi pour un premier voyage dans sa nouvelle acquisition. Il fait beau au mois de juin et nous quittons le club et sortons sur un mer assez plat sous un soleil qui commence à chauffer. Tout va bien. Le moteur vrombrit, on avance bien en saluant nos amis sous voiles tout autour. Au bout d'une demi-heure il est temps de rentrer, alors on tourne le volant et oups... panne d'essence. Qui aurait su?

31 oct. 2020

"et vous êtes rentré comment?" (

, à 1'42'')

02 nov. 2020

Depuis le passage de Gibraltar, le temps était mauvais . On était en Avril et on remontait un bateau d'Alicante vers La Rochelle. Tout petit temps en méditerranée, brume à Gibraltar, 24h de cape en baie de Cadix et là, depuis le cap St Vincent, nous tirions des bords dans 25/30 kn de Nord. Comme des alizés portugais d'été, mais avec le froid en plus.
On en avait un peu marre, ce soir, et, comme notre bord à terre nous amenait devant, on décida de passer une nuit tranquille à Péniche.
Péniche n'était pas encore ce grand port de pêche industrielle que c'est devenu aujourd'hui . La baie était fermée par une digue et les chalutiers mouillaient devant la plage. La plage, d'ailleurs, bien qu'en sable, comme toutes les plages, était en fait un grand chantier de construction et d'entretien de bateaux. Les gros chalutiers y étaient tirés à sec par des attelages de bœufs. Des scieurs de long, munis de grandes scies à la lame tendue par des équerres de bois passaient des heures à découper les planches à la main.
On mouillait donc en fin d'après midi entre ces gros bateaux décorés de couleurs vives.
Depuis la terre arrivaient des cris, des chants, des pétarades, des flonflons. On voyait qu'une fête avait lieu. Tout le paséo était remplis de tables et des braseros ardents nous apportaient une odeur de sardines grillées.
Rapidement, on gonflait la petite angevinière et en quelques coups de rame, nous étions à terre.
C'était la fête. Une fête débridée, intense. Presque lubrique. Les femmes dansaient sur les tables en soulevant leurs jupes très haut, elles embrassaient les hommes à pleine bouche, les sardines grillées étaient englouties par tous, le vinho verde coulait plus qu'à flot. Tout le monde se servait partout, personne ne payait quoi que ce soit. Les maisons étaient ouvertes et on aurait dit de tout appartenait à tout le monde. Il y avait une telle fraternité, une telle joie, un tel amour partagé, une telle euphorie que ça en devenait presque indécent. La gaîté et la joie débordaient de partout . Partout, dans les rues les gens dansaient, de chaque porte sortait de la musique, les chapeaux volaient, les corps tournoyaient. Et toujours, tout le monde s'embrasait, les femmes enlaçaient les hommes dans des étreintes sensuelles.
Nous venions de débarquer au Portugal le 26 Avril 1974, jour de la révolution des oeillets et les gens fêtaient la fin de 33 ans de la dictature de Salazar, 33 ans d'inquisition, d'interdits, de tristesse et de frustrations.

02 nov. 2020

Un superbe souvenir d'une extraordinaire fête d'un jour mémorable, par toi partagé avec tout un peuple en folie !
Sacré hasard et sacrée chance !

02 nov. 2020

Très belle histoire, ED, émotion...

02 nov. 202002 nov. 2020

C'est fou, comme une histoire racontée par un marin, en rappelle d'autres, qu'on croyait oubliées.

Fête à Sneem

En rentrant dans la Kenmare river, avec mes amis Olivier et Isabelle, notre envie la plus pressante est d’aller vider quelques chopes de bière à Sneem, bourgade adossée aux pieds des montagnes, au fond d’un cours d’eau ouvrant sur la cote Nord de la Ria.

Ainsi nous filons droit au moteur vers le fond de Seem Harbour, avec l’intension de remonter la rivière avec mon dériveur qui cale moins d’un mètre. Nous poserons à marée basse, pas de soucis. Les fonds remontent rapidement, alors que nous dépassons le quai et la cale à annexes du mouillage organisé, mais l’eau très claire, nous permet d’admirer le fond, à moins d’un mètre cinquante sous la surface.

Comme la seule carte papier de la Kenmare que j’ai en main, n’est pas très détaillée, j’y vais doucement, debout à la barre, le pied droit sur la commande morse du moteur (je maitrise bien cet exercice). Olivier et Isa sont postés dans le balcon avant, se tenant à l’étai, pour voir venir d’éventuels cailloux.

Alors que les berges de la rivière se resserrent, les fonds remontent, et il ne reste pas beaucoup plus d’un mètre. Peut être ne suis-je pas dans le chenal. Je ne regarde pas vraiment devant, faisant confiance au guidage de mes amis. C’est là que nous entendons des hurlements au loin et nos regards se portent vers un homme qui sort d’une propriété, à une centaine de mètres sur bâbord. Il gesticule et hurle, mais nous ne comprenons pas. Néanmoins, je débraye le moteur pour ralentir et me concentrer sur ces gestes.

Et tout d’un coup, levant le nez, Olivier crie : « marche arrière ! ». Je regarde dans la direction de son doigt, et je vois arriver le câble électrique, aux deux tiers de la hauteur de l’étai. Putain, cons… ces irlandais achetant des iles privées se permettent de passer des câbles en hauteur entre les îles, barrant le passage ! Ils auraient au moins pu les poser sur le fond. Le paysage y gagnerait, à minima.

Le câble n’est bien sûr pas signalé, ni sur ma carte, ni sur les instructions nautiques dont je dispose. Qu’à cela ne tienne, nous mouillons dans un mètre trente d’eau, tout juste, dans la petite anse de 200 mètres de diamètre, au sud de la propriété. Nous sommes bien, dans un cadre magnifique, et le propriétaire des lieux, venant vers nous en bas de son gazon impeccable, nous fait signe que nous pouvons rester là sans problème.

Nous sommes heureux, très excités par cette petite aventure. Qu’à cela ne tienne. Nous irons à Sneem, distant d’environ 2 milles en amont de la rivière, dévorer un Irish Stew arrosé à la Guinness, en annexe. Il est temps de gonfler la vieille Avon, celle qui a mon âge, et d’y coller le petit Sea Gull (qui a aussi mon âge !) sur sa chaise amovible (très rouillée…), car le soleil décline. L’heure, c’est l’heure.

Nous partons, guillerets, avec pour seule sécu, les vestes de quarts pliées sur le fond de toile de l’Avon. Au cas où, j’ai allumé le feu de mouillage, bien que sa lampe à filament pompe fort sur la seule batterie du bord.

La soirée est joyeuse et bien arrosée. C’est fou comme un plat de patates et de viande en sauce, bien riche, absorbe comme volume de bière ! La nuit est aussi noire que bien avancée, lorsque nous retrouvons notre annexe, après la fermeture du dernier Pub. Elle est sagement amarrée au seul petit quai de pierre, qui ne nous aurait pas permis d’accoster avec le Sauvignon, mon dériveur de 8m60.

Nous rions beaucoup, et encore plus fort, lorsque nous-nous rendons compte que l’obscurité rend quasi impossible la progression dans la rivière, qui fait plusieurs méandres jusqu’à sa sortie. Nous butons sur le premier banc de vase, dans le premier virage, en riant aux éclats. N’y voyant plus rien, sans doute au fond d’un méandre, sous la végétation, nous décidons de renflouer l’annexe, puis de faire monter Isabelle sur nos épaules, nous mêmes debout sur le fond de toile mou et instable de l’Avon.

Je ne sais comment, Isabelle tient en hauteur sur nos épaules, nous arrachant quelques cheveux au passage (ils étaient encore abondants), et miracle, elle aperçoit une loupiotte blanche, dans une direction qui semble être celle du sud, avec le peu de sens d’orientation qui nous reste.

Nous avançons au rythme du ralenti du petit Sea Gull, qui fait un "put put" régulier, en bavardant, et en profitant de ce moment de partage unique, par une nuit d’un calme et d’une douceur absolue, et arrivons au bateau une bonne heure plus tard, sans encombre.
Nous avons ensuite formidablement bien dormi, dans ce mouillage unique.

PS : notre mouillage et le câble, sur la deuxième carte. Je n'ai pas de photos de ce mouillage. Le panorama est le mouillage de Sneem harbour. Photo prise du quai à annexes, vers le Sud.

05 nov. 2020

Merci pour ce récit. Beau coin !
et sacrément rustique le SeaGull !

07 nov. 2020

Mouillé à Lautoka, aux Fidji, juste à coté de nous, reluisait de tous ses chromes un magnifique Swan 65. Il était superbe avec son mât de 23m, ses winches puissants, sa coque immaculée. A cette époque ou les enrouleurs n’existaient pas, le yankee et la trinquette étaient à poste dans des sacs bleus aux bas des étais. Le pont en teck ne présentait pas une aspérité.
Le couple français qui menait ce superbe voilier était décontracté et avenant. Passant à coté de nous dans leur zodiac, amusés par nos trois enfants jouant sur le pont arrière de notre bateau, ils nous invitèrent à prendre l'apéritif du soir chez eux.
Nous en étions ravis, car voir de près un si beau Sparkman et Stephens est un plaisir rare.
Ils nous expliquèrent qu'ils n'étaient pas les propriétaires du bateau, mais employés d'un riche homme d'affaire qui aimait venir passer ses vacances à bord.
Il venait quelquefois une semaine, quelquefois 2 semaines par an. Parfois plus. Mais cet homme d'affaire voulait son bateau toujours disponible à l'endroit qu'il désirait. Ils parcouraient donc le monde en tous sens au gré des envies de cet homme. De Cannes pour le festival, ils partaient à Sydney pour l'opéra, puis New York, avant de repartir pour une semaine de vacances dans les Tuamotu.
Quand le « patron » arrivait, le bateau devait être parfait. Il était à l’hôtel, voulait manger des cailles, du fois gras, des huîtres, ou de la confiture de fraise des bois, dormir dans des draps empesés et porter le spi (il trouvait cette voile jolie)
Nous étions à bord de ce bateau quand à la BLU, ils apprirent que leur propriétaire voulait passer 10 jours à Pucket pour noël.
Le lendemain matin, ils étaient partis.

07 nov. 2020

C'était aussi mon boulot...fort plaisant , non ?

09 nov. 2020

Cela faisait une semaine que je venais chaque jour à la plage d’Hann au sud de Dakar.
Je m’y rendais en bus depuis le centre ville où nous avions trouvé un hébergement avec mon compagnon de voyage Vincent.
À la descente du bus il me fallait marcher à travers la palmeraie en longeant un ruisseau qui la traversait pour aller sur la plage. Une grande baie s’ouvrait à mes yeux, soulignée par une belle plage incurvée sur laquelle les cocotiers projetaient leurs ombres dentelées. Quelques pirogues et barques au mouillage, une petite jetée en bois qui s’avance dans l’eau et un vieux pêcheur décharné qui passe sa journée là au haut de la plage entre les grosses pirogues tirées à terre. Le Grand qu’on l’appelle, c’est le chef des pêcheurs et c’est vers lui que je me suis dirigé pour glaner quelques renseignements.
J’ai alors 22 ans et cela fait presque trois mois que je traîne en Afrique après avoir descendu deux 404 par le Sahara pour un copain que j’ai laissé à Gao au Mali, continuant ma route en stop et en train pour atteindre Dakar où je comptait trouver un embarquement sur un voilier qui remonterait vers la France.
Il me dit qu’il y a quelques voiliers qui passent par ici, mais pas beaucoup en ce moment. Nous sommes en juin et effectivement il n’y a qu’un voilier au mouillage. Je décide de rester à guetter le moment où l’équipage viendra à terre et reste à deviser avec Le Grand quand je ne suis pas au bout du ponton à l’ombre du petit toit de palmes qui marque son extrémité.
Enfin, une annexe se dirige vers la plage et vient accoster au bout du ponton. Un couple, la trentaine bronzée sous des chapeaux de paille qui me disent aller vers le sud, Gambie et Casamance avant d’entamer leur traversée de l’Atlantique cet hiver. Ils me conseillent de m’adresser au Club de Voile De Dakar en me montrant une bâtisse que je n’avais pas remarqué sauf cette pancarte CVD dont j’ignorai la signification. Là, je découvre derrière les volets mi clos un bar désert à l’exception du tenancier qui me confirme que ce n’est pas la bonne saison, que les voiliers viennent pus tard généralement et que de toute façon il n’y en avait très peu qui remontaient vers l’Europe.

Bon voilà qui ne m’arrange pas trop, mais comme j’ai le temps et que nous sommes en Afrique je me dis qu’avec la patience acquise pendant mon voyage et avec l’aide de ma bonne étoile, je vais trouver un bateau.
J’ai donc passé la semaine sur cette plage, vu deux autres voiliers qui suivaient le même parcours ou presque. Je me nourrissait de riz au poisson et de moules séchées que le grand partageait avec quelques autres pêcheurs, ma participation consistant a fournir le vin de palme que j’allai chercher dans une paillote nichée au milieu de la palmeraie.
Le vendredi et le samedi la plage s’animait tout à coup avec la venue des citadins. Les familles venaient se baigner, les jeunes sortaient les guitares et chantaient, dansaient, tandis que d’autres s’adonnaient à la lutte sous les encouragements qui volaient comme le sable.
Le dimanche, commençant à douter de ma stratégie, et comme nous l’avions prévu avec Vincent, nous allons sur l’ile de Gorée, en son temps lieu de regroupement des esclaves avant leur sinistre traversée.
Le cul dans une piscine naturelle au creux des roches nous regardons passer les navires qui contournent l’île pour rentrer à Dakar. Cela me donne l’idée de remonter en cargo comme passager mais d’après la radio cocotier des routards locaux cela ne se faisait plus, Vincent s’était déjà renseigné et commençait un job dès lundi pour se payer le trajet avec le paquebot qui ralliait Marseille à l’époque. Il me restait un petit pécule mais l’idée du cargo me plaisait bien. Je décidais que dès demain je me rendrait au port de commerce et que je ferait le tour de tous les cargos à quai en commençant par la darse la plus éloignée.
Le port de commerce de Dakar est grand et clôturé avec des poternes d’entrée gardées par des militaires ou gendarmes. Je commande un coca à la gargote qui se trouve en face de la dernière entrée de l’autre coté de la route et observe les mouvements. Les véhicules entrent et sortent en s ‘arrêtant au poste de garde même si certains se contentent d’un signe. Assis sur un muret non loin de la porte, un vieux noir en boubou blanc me fait le geste d’approcher. Mon coca toujours en main je traverse la rue en me demandant ce qu’il veut me dire et découvre ses yeux blanchis dans son visage labouré de profondes rides.
- C’est le moment, me dit il.
- Le moment pour quoi ?
- Pour passer, vas y ! me répondit il en envoyant un revers de la main en direction de la poterne.
Un peu surpris je m’exécute et passe la porte sans que personne ne fasse attention à moi et je me dirige vers le dernier bassin au quai duquel est amarré un vraquier de 70 mètres, le Nexus, battant pavillon Panaméen,les cales ouvertes pour accueillir des tourteaux de soja sortant des goulottes dans un nuage de poussière. C’est le bateau que nous avons vu rentrer hier.
Je me dirige vers le château, une échelle de coupée est à poste et un marin est en train de fumer une cigarette tout en m’observant accoudé à la rambarde.
Je m’adresse à lui dans mon anglais approximatif et lui demande quelle est sa destination.
- France, Dunkerque, we leave on thirsday
- May I come with you ?
- You have to ask to captain.
Il me fait signe de monter, j’escalade l’échelle de coupée et suis le marin qui semble être un officier au vu de sa tenue blanche.
Le capitaine me reçoit au mess, m’offre de boire un café et écoute mes doléances. J’apprends que les officiers sont 3 Néerlandais , et l’équipage est composé de 5 marins du Cap Vert.
Le capitaine accepte de me prendre à bord à condition que je lui laisse mon argent, mon passeport et que je travaille comme les autres marins. Pas de dope dans les bagages, il me restituera mon argent et mon passeport à l’arrivée à Dunkerque, rendez vous le surlendemain soir à la veille du départ.
Putain de coup de bol, j’y crois pas ! Ça c’est le bon feeling du voyage, tu te laisses guider par ton instinct, tu ne calcules pas et les choses arrivent au bon moment. C’est aussi le coté magique de l’Afrique !
Après avoir arrosé mon départ avec les amis et remercié nos hôtes, j’embarque sur le cargo. Le chargement est terminé, les cales refermées, une épaisse couche de poussière de soja recouvre tout le pont et même les superstructures. L’officier mécanicien qui était au bastingage l’autre jour, me fait visiter le bateau, me présente à l’équipage et me désigne ma cabine qui, après trois mois à bourlinguer en Afrique me paraît bien confortable..
Le capitaine m’offre de dîner avec eux et je découvre le cuistot qui se trouve être une charmante jeune fille aux cheveux blonds.
Le capitaine m’explique le mode de fonctionnement du bord. En gros on bosse de 7h du mat’ à 17h avec une coupure à midi, le dimanche est chômé.
j’aurai une cabine du coté de l’équipage et serait considéré comme en faisant partie sous les ordres du chef qui se nomme Joâo. Je serais de corvée de pluche tous les jours vu que les patates sont au menu quotidien !
Nous appareillons le lendemain, et le premier boulot consiste à nettoyer le pont du bateau, ce qui , malgré les lances à eau et les balais brosses nous prendra presque trois jours avec à la clef de sérieuse ampoules aux mains. Cette maudite poussière grasse s’était immiscée dans les moindres recoins !
Mais j’avais droit à ma récré qui consistait à éplucher des kilos de patates dans la cuisine en charmante compagnie.
Dés le lendemain du départ nous sommes descendu avec les autres marins dans la cambuse qui se trouvait à l’entrée de la salle des machines, aux cloisons de laquelle étaient accrochées des impressionnantes bielles et autres coussinets de rechange, pour se faire remettre notre pack de Heineken, et notre cartouche de Marlboro hebdomadaire.
Pendant le repas du soir j’apprends que la cuisinière est la femme du capitaine ! Une fois le nettoyage effectué les taches consistaient surtout à piquer la rouille et repeindre, on m’avait aussi attribué les vernis des caillebotis et des portes de la passerelle où je venais dès que j’avais un moment de libre. Voir la mer de si haut, l’écran du radar, et les divers instruments, poser des questions au sujet de la navigation, regarder notre progression sur la carte papier était mon passe temps favori.
Sinon, en dehors des heures de travail, nous écoutions de la musique Cap-Verdienne entassés dans une cabine enfumée aux murs agrémentés de photos et de tableaux un peu kitchs représentant le Pays en buvant des bières et en échangeant à travers un anglais improbable.
Ce dimanche, alors que nous étions entre la cote et les Canaries, comme il n’y avait pas grand-chose à faire excepté un peu de lessive personnelle et l’inévitable corvée de pluche, je le passais presque entièrement à la passerelle. Joâo était là ainsi que deux ou trois autres marins, la journée tirait à sa fin et le capitaine nous paye un coup à boire. Je me retrouve avec une demi noix de coco en guise de godet généreusement remplie de Whisky Coca. Bonne ambiance ! Après le coucher du soleil nous apercevons les lumières de La Palmas à babord et les marins, pour blaguer, demandent au capitaine de se détourner pour aller faire la fête là-bas.
Le capitaine répond par la négative tout en affichant un air
La soirée continue et je commence à être éméché, appuyé le dos contre la façade de la timonerie je bascule par inadvertance un interrupteur que je remets aussitôt dans sa position initiale. Quelques instants plus tard le capitaine crie ;
- Shit ! we’re heading on Las Palmas ! ,
effectivement, nous pouvons en voir les lumières en plein dans l’étrave !
-Automatic pilot is out of order ! jure le capitaine qui prend alors la barre à roue en bois qui trônait au milieu de la passerelle et corrige lentement la course du cargo.
Le moment de stupeur passé, une discussion animée s’engage entre le capitaine et le second dont je ne parvient à tout comprendre et je pense à mon interrupteur ! j’ose : 
- may be it’s me with my elbow who switch off the pilot ! 
Effectivement une petite plaque blanche gravée en rouge indiquait Auto pilot en dessous de l’interrupteur. Je ne l’avais probablement pas actionné avec mon coude mais c’est en voulant le remettre en position que le fis.
Les derniers souvenirs que j’ai de cette soirée c’est de me voir transporté dans le raide escalier de la timonerie.
Le lendemain, le soleil était déjà haut lorsque je me suis réveillé dans ma bannette souillée de dégueulis, et il m’a fallu presque toute la matinée pour nettoyer les dégâts avant d’attaquer la pluche que j’effectuais sur la coursive arrière afin d’avoir un peu d’air …. c’est un seau d’eau balancé depuis la coursive supérieure qui m’a définitivement remis les esprits en place sous le regard d’un équipage hilare.
La suite du voyage s’est effectué dans la routine quotidienne et sans événement notable, si ce n’est que j’ai pu comparer les échos radar de voiliers dans une mer agitée avec ceux des crêtes de vagues lorsque nous étions au large du Portugal, et constaté qu’il fallait avoir le nez sur l’écran pour faire la distinction !
Nous sommes arrivés à Dunkerque le jour de mon anniversaire, le Capitaine m’a remis mon argent et mon passeport. Pour fêter çà, je suis descendu acheter une bouteille de Champagne au premier bistrot venu et nous l’avons partagée à bord avant que je prenne mon sac…...

09 nov. 2020

Une belle aventure !
Fais tu attention aux noix de coco dorénavant ?
;-)

09 nov. 2020

Oui, et je ne mets plus de coca dans mon Whisky!

09 nov. 2020

Aurait-on vécu une époque formidable?
Je pense que la période post 68, années 70 et en partie 80 a été une période faste en terme de liberté (dans tous les sens du terme) et de rapport entre les gens. La période hippie, libertaire et anarchique a été le reflet de cette société libérée, et les départs en bateau sur des aciers amateurs, ferros ou autres allaient dans ce sens. Les familles jeunes avec des enfants, navigant avec des budgets dérisoires ont été depuis en forte baisse. Peut être un redémarrage ces dernières années?

09 nov. 2020

Aurait-on vécu une époque formidable?
Reiser en tous cas le pensait!
Je trouve que l'on trouve de plus en plus de jeunes sur l'eau, mais qui sont jeunes depuis longtemps!

09 nov. 2020

Zut! je voulais corriger les fautes et finir une phrase inachevée, mais pas moyen d'éditer. dommage!

12 nov. 2020

Christophe n'était pas très à l'aise. D'abord il n'avait plus un sous en poche, ensuite, comme il avait dû quitter la France un peu vite en raison du service militaire qui l'appelait et qu'il souhaitait éviter, il n'avait que sa carte d'identité, pas de passeport.
Nous étions à Rhodes, je faisais une saison de charter. Non seulement je n'avais pas l'emploi d'un équipier, mais du fait de son manque de papiers, l'entrée de la Turquie lui était interdite. En plus, Christophe n'était jamais monté sur un bateau.
Il y avait, à Rhodes, pour les européens marins, deux boulots. Sur les bateaux de charter, skipper, marin, cuisinier ou hôtesse et sur les bateaux de locations qui descendaient d'Athenes, loués en one way, à remonter ces bateaux vers leur port de départ. 230 milles contre le Meltem, 48h de navigation. Ce n’était pas une partie de plaisirs. Du coup, cette activité était lucrative et relativement pérenne, vu que chaque semaine, une bonne dizaine de Gin Fizz étaient à remonter.
On fit donc à Christophe une formation accélérée. 2 ou 3 manœuvres de port, comment monter la GV, suivre un cap, un travail sur la carte et un road book précis. Quel cap, quelle île. 2000 tours sur le Perkins 4108 et c'est parti...
Christophe fit ça toute la saison. Tout seul derrière la barre de ses Gin Fizz qu'il ne lâchait pas pendant toute la remontée. En fin d'été, on repartit ensemble vers la Sicile, l'Espagne et Gibraltar. En arrivant , le service militaire le trouva . Il passa 2 mois en camp disciplinaire en Allemagne.
Christophe termine maintenant sa carrière de cadre dynamique d'une grosse entreprise française.

12 nov. 2020

Sans être un adepte forcené du CMA, je suis assez d'accord avec les commentaires à propos des décennies 70/80, et je pense moi aussi qu'on a vécu une époque formidable, et pour ma part c'était les décennies 80/90. Il y avait beaucoup de jeunes désargentés sur l'eau qui naviguaient avec des petits bateaux, et on ne se posait pas autant de question avant de partir, on partait avec nos rêves en bandoulière et basta, sans se préoccuper de la marque du lave linge qu'il fallait embarquer. Il a y eu ensuite une décennie de transition, mais on commençait déjà, dès le début des années 90 à constater un changement.

20 nov. 2020

Dans le port ou je suis aujourdh'hui, Porto Santo, archipel de Madère, il y a des jeunes de 22 à 30 ans, un punk avec qui je joue aux échecs, il a un impeccable bateau de 10m en plastic, un tout jeune et nouveau couple avec un p'tit dufour, un autre plus âgé avec un bébé et un vieil alu des Glenan, une celibataire belge avec un bateau norvégien propre comme un sous neuf, un jeune suisse et son joli (et vieux) 10m Harle en alu, et encore un autre petit couple avec un trismus. .. ils vont tous bien, tirent un peu le diable par la queue...
Semblent aussi heureux que nous l'étions en 70/80, ils ont des projets forcément un peu flous par les temps qui courent, ce n'est pas de leur faute ! Il y a aussi des "vieux" ( pas forcément en âge) retraités un peu ronchons (moi!), un "grande gueule"), des pères peinards, un geo trouve tout (très précieux celui là !) et aussi notre celebre Swen, le suedois au chapeau et mini bateau jaune... un toubib regatier qui cultive aromates et autres plantes dans son carré, un prof de gym qui s'envoie en l'air avec avion, drone et planeur, tout ça se mélange, bouffe, barbecute, rigole, bricole, s'entraide... quelques estrangers aussi des australiens sur un cata tout neuf, plusieurs allemands avec des bateaux...allemands quoi ! Des portugais aussi bien sur, dont un journaliste poète, une chanteuse qui nous regale de ses mini concerts privés,des pecheurs egalement...On arrive tous a se comprendre, a partager...un port qui vit, qui bouge ...j'ai eu l'occasion de visiter La Rochelle ou Hyènes, celui là en particulier il y a 2 ans par un superbe samedi de juin : un millier de bateaux rutilants , un seul être humain , moi! Des ports tristes....
Appareillage samedi 21 nov pour ma 46eme transat...poils aux pattes !!!!!

20 nov. 2020

Le "prof de gym qui s'envoie en l'air avec avion, drone et planeur" c'est Patrick sur son Feeling 39. Un vieux copain avec qui j'ai fait Ténérife - St Malo via Les Açores en 2018.

karibario.blogspot.com[...]83.html

21 nov. 2020

Hé oui !

21 nov. 2020

@nautonier
Merci pour ce reportage en direct et bonne traversée !

21 nov. 2020

Bonne traversée à toi. Antilles ou Guyane?

19 nov. 2020

bonjour ,
je crois que je vous l'ai déjà racontée ,mais il y a longtemps .
le 14 avril 1974 ,j'étais embarqué sur un escorteur d'escadre T47 "la bourdonnais" comme trans et certifié plongeur de bord ...
la veille nous avions embarqué des tonnes de munitions et deux torpilles de combat car le lendemain nous devions sortir avec l'école des cannonages pour faire des tirs décalés sur aéronefs et tirer des torpilles sur une cible immergée .
appareillage prévu à 6h du matin ,nous devions embarquer les élèves officiers devant st mandrier ils nous rejoignaient en chaloupes .
pednant le poste de manœuvre le pc radio appelle le pc trans par l'interphone en me demandant de descendre ,il est juste en dessous ,
le radio me dit j'entends un SOS en morse émanent d'un petit cargo au sud de marseille (la marie annic) .
je prends le msg et je grimpe à la passerelle ,je remet le pli au cdt qui me donne l'ordre d'appeler le préfet maritime .
je le réveille et je le passe au pacha ,
à la diffusion :ordre nous est donné d'abandonner la mission et de nous rendre le plus rapidement possible sur les lieux du naufrage,les élèves officiers nous ont regardé passer sans comprendre ,dès que nous avons passé sicié ,nous ,nous avons compris ,il y avait 40nds établis ,nous étions sur 4 chaudières et filions à 25nds dans la piaule en arrivant sur place
un breguet atlantic survolait l'épave qui était retournée et commençait à couler ,l'équipage 10personnes était à l'eau deux dans une baleinière à moitié coulée et les autres disséminés
nous avons essayé de récuperer les naufragés avec les tangons et les filets ,mais la mer nous les a pliés le long du bord .
donc il restait la solution d'aller les chercher un par un .
les trois plongeurs du bord se sont équipés et le bréguet nous signalait la position et le plongeur sautait à l'eau pour aller le récupérer ,le navire nous protégeait de la mer et du vent ,arrivés le long du bord une équipe envoyait un cordage et remontait le naufragé avec le plongeur ,nous avons ramené 6 vivants en hypothermie et malheureusement 4 morts dont le commandant qui n'a pas souffert
il c'est éclaté le crâne sur la coque de son bato propulsé par un vague ,quand nous sommes intervenus le vent approchait les 60nds ,nous avons vu les chaines SAR larguées par le breguet voler sur l'eau .
quand l'infirmier à ouvert le blouson du commandant il a trouvé des liasses de billets de différentes monnaies ,il repassait les billets et les accrochait sur une garcette comme fil à linge .
le dernier naufragé qui est remonté vivant à bord, par le capitaine d'armes mon ami nicolas dit niki
c'est un jeune cuisinier qui sortait de l'école ,c'était son premier voyage ,et nous les avons cherchés un moment avant de les retrouver .
quand nous sommes rentrés sur toulon nous avions tous les chandeliers de la plage avant à l'horizontale ,1m de déchirure dans le pont sous un triple tube lance torpilles ,,
le bato avait dérouillé ,nous avons été directement au quai des réparations ,pas mal de choses avaient bougé à bord ,mon local ampli situé sous la passerelle juste derrière une tourelle de 127
avait ête innondé ,la porte étanche qui donnait accés à la tourelle avait été enfoncée par une lame
il y avait de l'eau partout .
et heureusement aucune munition n'est tombée ,ni les torpilles ,autrement je ne pourrais pas vous raconter cet épisode de ma vie de marin ,plaisancier ,c'est plus cool 😎 .
Alain

19 nov. 202019 nov. 2020

Et tous les billets, ils sont allés à la veuve du commandant, à l'amirauté, au pape ou au carré des officiers?

23 nov. 2020

l'argent à été remis à la compagnie armoricaine de transit qui en a fait ce qu'elle a voulu en totalité .le chavirage a été provoqué par du plâtre en pontée et des machines outils en cale qui se sont désarrimées ,ont provoqué le glissement du plâtre et les panneaux de cale ont sauté .
Alain

23 nov. 202023 nov. 2020

erreur de ma part c'était le 10

24 nov. 2020

c'est relaté sur le net il suffit de chercher
Alain

20 nov. 2020

CASQUETTES - Poème

Extraordinairement banal, j’ai deux casquettes,
Ne vous méprenez pas, c’est à bord de mon bateau,
Si celui-ci est pourvu d’un moteur, c’est bien un voilier,
Quoi de plus normal que de couvrir sa tête,
Pour, restant seul à bord, demeurer le plus beau,
Car le soleil, m’inonde de la tête aux pieds.

La première est verte, ornée d’une broderie,
Cadeau d’une marque de véhicules automobiles,
La seconde est noire, joliment décorée aussi,
Mais ce sacré soleil, s’il n’a pas brulé les fils,
N’en à pas moins décoloré le noir,
Pour la verte, je garde bon espoir.

La noire, hommage et souvenir de l’armada 2019,
Arbore fièrement les couleurs de cet événement,
La verte, inspire à des randonnés tous terrains,
Mais le noir de la première n’est plus neuf,
Tandis que l’autre, me couvre encore fièrement,
Même si parfois, le vent m’oblige à la tenir à deux mains.

20 nov. 2020

Au secours, je coule:

Bon sang, mais quelle heure peut-il bien être ?
Autour de moi, tout est noir. Qu’est-ce que je fou là, les mouvements du bateau sont inhabituels.
J’essaie dans mon sommeil émergeant de m’orienter.
Mais ou m’orienter ? Dans l’espace, dans le temps, dans l’éther peut être. Je ne sais plus ou je suis.
D’une main maladroite, je cherche. Je cherche mais personne à mes cotés sur la couchette avant. Je suis donc seul.
Quel terrible sentiment que celui de la solitude. C’était pourtant mon choix. Tout quitter, tout abandonner, tout laisser à ceux que j’aime et me reconstruire.
Seul à bord, seul dans l’espace de l’océan. Mais ou est –elle, qu’est ce que je fais là ?
Mon corps semble peser des tonnes. Ah, et cette douleur dans l’épaule gauche qui revient. Qui revient enfin mais pourquoi ; comme pour me tirer de ma léthargie somatique. Pourtant mon chamane avait, par ses prières et ses incantations réussi à me libérer de cette foutue douleur due à une déchirure musculaire provoquée par ce sacré génois qui ne voulait pas monter dans son enrouleur.

Je ne comprends pas ce sentiment d’impuissance que ressent mon corps. Mais est-ce mon corps ou mon esprit ?
Je n’arrive pas à bouger comme prisonnier d’un étau implacable qui m’enserre, qui me tord comme un métal brûlant au sortir de la forge. J‘ai soudain très chaud pourtant ni fumée ni alcool à mon bord.
Rien n’explique cette sensation d’enfer qui m’oppresse.
Le jour commence à se lever enfin. Les premières lueurs de l’aube déchirent la fenêtre du capot de pont au dessus de moi. Je suis bien à bord de mon bateau. Celui-ci roule un peu d’un bord sur l’autre me berçant et m’entrainant encore dans le sommeil. Il est trop tôt.
Soudain ma main, effleure sa peau, sa peau fraîche douce, elle me sourit. Et je m’esclaffe : « mais ou étais tu, je t’ai cherchée, tu n’étais pas à mes cotés ?
"Je suis là" me dit t –elle en me caressant le front. Tient c’est bizarre, ce n’était pas dans ces habitudes à son éveil de me parler, de me caresser ainsi. « Tout va bien se passer » dit-elle, «rendors toi ».
Mais qui est-elle ? Je ne sens pas son odeur, ce parfum, « Poison » qui l’habille naturellement d’habitude. Qu’importe, je sombre de nouveau, le poids de mon corps tout à l’heure si lourd, je ne le sens plus. D’ailleurs je ne sens plus rien, si ce n’est le mouvement des vagues doucement sur la coque qui s’ anime encore, qui fait vibrer le bateau de tribord sur bâbord, puis de la proue vers la poupe comme dans un tourbillon sans fin.
Mais qui est-elle ? Je cherche dans mes souvenirs. Je suis pourtant resté bien seul à bord lors de mon départ. Au dernier moment, les clientes qui devaient embarquer m’ont un envoyé un mail pour décliner le voyage qu’elles avaient prévu :
« Maman hospitalisée d’urgence, impossible de venir ».
J’ai chaud, ma gorge est sèche, j’ai du mal à respirer. Pourtant hier soir, tant pis pour les moustiques, j’ai laissé le panneau et la porte du rouf grands ouverts. Sur la lagune en cette saison, ils sont nombreux à venir nous piquer. Heureusement si leur piqûre est douloureuse, la sensation ne persiste pas et le lendemain, à peine une trace sur la peau.
Ma peau me brule. J’ai pourtant pris toutes les précautions hier pour me protéger lorsque j’étais à la barre, ce n’est donc pas le soleil mais j’ai comme le sentiment qu’elle part en lambeau comme si j’étais plongé dans l’acide…
Ça y est, je me souviens. Hier, j’ai quitté l’ile de Culatra sur la lagune en face d’Olaho pour me rapprocher de Déserta, une autre petite ile qui porte bien son nom malgré l’affluence des touristes en cette saison durant la journée. Juste un petit estaminet ou l’on boit une «bière parfois fraiche selon le nombre de visiteurs qui y ont débarqué pour la journée avant de rentrer via les taxis boat. Le lieu est superbe.

Le mouillage n’y est pas recommandé mais je n’ai pas su ou peut être pas pu résister à ce coucher de soleil flamboyant.
De toute façon, j’avais trop bu et je ne pouvais pas, même avec le guindeau remonter mes quarante mètres de chaîne et l’ancre qui est au bout. Quelques « Sagrès » et ce foutu alcool de figue qui vous emporte comme une absinthe de rêves par delà les flots ; j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir regagner mon bord.
C’est vrai que mes copains, Pedro et Antonio m’ont en quelque sorte raccompagné à bord. Des marins, des pécheurs de vrais hommes de la mer ces deux la avec des récits de filles et de joies, de tempêtes et de naufrages : Pescadores et mariscadors portugais accueillants et généreux comme ceux de la ria Formosa.

Le bateau roule plus fort d’un bord à l’autre, j’ouvre ou plutôt j’essaie d’ouvrir les yeux. J’ai perdu la notion du temps, la notion du sommeil. J’entre aperçois furtivement les premières lueurs du jour qui se lève. Je m’étire langoureusement mais mes membres sont comme paralysés. Je parviens malgré tout à allonger un bras. Mes jambes sont bloquées. Qu’est-ce qui m’arrive ? Seule ma main droite réagit. Mon Dieu qu’est-ce qui se passe ? Tout est mouillé, trempé autour de moi.
Le mouillage aurait-il dérapé durant la nuit, le bateau aurait-il dérivé, me serais-je échoué quelque part ?
Non, il ne semble pas y avoir de gite anormale mais le bateau roule beaucoup par moment. Et d’où vient toute cette eau cette humidité ?
Au secours, je coule!
Voici que maintenant je suffoque, je me noie. Oh merde, mon bateau, mon bateau que j’aime tant. Non, ne me laisse pas tomber maintenant, je t’ai offert une garde robe toute neuve il y a quelques mois, tu étais heureux et moi aussi. Nous nous étions promis fidélité pour la vie. Cette vie si courte et si belle. Mais serait-ce déjà la fin ? Je n’ai que toi, ne m’abandonne pas. Je ne veux pas te perdre ; gardons nous l’un l’autre encore un peu, nous avons tant à découvrir ensemble.

Soudain un cri déchire le silence comme un sifflet de mine. Je réalise que je n’ai fait que rêver. En fait mon mouillage à simplement un peu dérapé d’une centaine de mètres et nous voici dans le chenal d’accès à Déserta.
Les gars du ferry ont signalé leur passage d’un coup de sirène ne sachant pas si je les avais vus. Comment voulaient ils que je les vois ?
J’étais en train de couler, de couler de transpiration, mes sueurs étaient brulantes, les draps collants m'entravaient, la faute de ce vent de sud ouest venu d’Afrique du nord et qui comme un torrent de lave échappé d’un volcan magnifique durant la nuit rendait l’atmosphère irrespirable et brulante.

Je me dégageais des draps mouillés et collants, enjambais les quelques marches et sortais dans le cockpit juste à temps pour voir le petit ferry passer à quelques dizaines de mètres de moi. Antonio et Pédro avait averti Manuel, le commandant du ferry de la présence de mon bateau à proximité du chenal de Déserta. Mais quelle chaleur j’ai eu, j’en coule encore sur la lagune du Ria Formosa qui s'éveille dans le va et vient des bateaux.

Extrait de mon roman "Etats d'ame"

21 nov. 2020

J'avais fait la connaissance d'un jeune couple en vacances.
Ils me proposent une sortie en Hobie Cat de location. Pourquoi pas ?
Beau temps, jolie brise, nous voici donc partis dans la baie, lui à la barre, moi à l'écoute de grand-voile, et sa copine s'occupant du foc.
Remontant au vent , nous tirons des bords.
C'est ma première expérience en cata de sport.
Ça marche bien, c'est chouette, c'est fun, par moment la coque au vent se soulève.
Mais lors d'un virement de bord, n'ayant aucune inertie, le bateau stoppe face au vent.
Très certainement mal placés, nous sentons le cul s'enfoncer, et nous barbotons dans l'eau : nous avons sançi par l'arrière !
Malgré nos efforts, nous n'arrivons pas à le redresser avec le bout' prévu pour.
Le loueur, qui devait surveiller aux jumelles oui, ne tarde pas à arriver avec son pneumatique et le remet sur ses flotteurs,bout au vent, voiles faseyantes.
Le gars et moi remontons à bord. Mais pas l'equipiere, quand la brise regonfle la GV et fait démarrer l'engin vent arrière.
Elle est restée accrochée à la barre transversale et fait de l'aqua-planning !
Les safran sont remontés, et le barreur tente vainement de les faire descendre.
Bordé, choque, la bête est rétive et file bon train vers la plage.
Le gars crie à sa copine de lâcher la barre.
Mais la malheureuse s'y cramponne désespérément, aveuglée par les embruns du sillage.
Et son slip de bain, entraîné par la vitesse, glisse doucement mais sûrement au niveau de ses genoux !
Les têtes des premiers nageurs se rapprochent dangereusement quand, épuisée, elle lâche enfin la barre, ce qui permet de descendre les safran et de manoeuvrer pour aller récupérer la copine.
Je n'ai pas su s'ils avaient reloué un Hobie cat... 🤔

21 nov. 2020

Ton histoire m'a fait bien rire, car on louait des catas à l'école de voile et généralement, les gens me disaient être experts, très bien connaître, avoir fait les glenan etc.. mais cependant, lorsque le bateau était gréé, on les voyait partir foc à contre, safrans poussés, ou assis sous le vent et j'envoyais un moniteur donner quelques rudiments.

21 nov. 2020

J'en ai une du même genre;

Un allemand avec son fils ado vient louer un monocoque (voile légère) à notre base nautique.

Il nous présente fièrement son "permis voile" (c'est obligatoire même pour naviguer sur un lac en Allemagne) et insiste pour que je le lise (je ne comprends pas l'Allemand alors j'ai fait semblant), puis nous allons chercher les voiles et je luis présente le bateau, j'ai choisi pour lui un bateau Allemand lui aussi, pas vraiment de prime jeunesse mais un des plus stables que nous ayons.

Les voiliers du club sont sur une petite pente (un "port") qui mène sur un petit plan d'eau protégé des vents dominants par une petite digue qu'on longe pour aller au plan d'eau principal.

Ils partent... Je les observe car je ne les jamais vus et que c'est la première fois que l'on me montre avec autant d'insistance un "permis voile"
Monsieur est sous le vent, fiston au vente. Ils longent la digue lentement.

Lorsqu'ils arrivent au bout de la digue et qu'ils ne sont plus protégés du vent, les voiles se gonflent très franchement et le bateau se retourne franchement ;-)

Et là j'ai vu l'utilité de la formation d'un permis voile; se mettre à l'abri au plus vite !
Papa a abandonné fiston et bateau pour se réfugier sur la digue !

Le fiston a quand même essayé de remettre le bateau d'aplomb mais il était trop léger et n'avait pas la technique.

Le temps que j'arrive avec le zodiac pour aider fiston à le remettre d'aplomb, le bateau était plein d'eau dans la double coque, ce fut une vraie galère pour le ramener à sa place et bien sur impossible de le treuiller pour le remettre sur la pente.

On a du, le fiston et moi, (papa avait complètement disparu) écoper l'eau de l'intérieur du bateau après avoir ouvert la grande trappe arrière du bateau, on a mis une heure à le vider !
En fait le joint de la trappe était hors service, et comme c'était un bateau stable qui ne se retournait jamais, on ne s'était pas aperçu de l'état du joint.

On a jamais revu nos deux cocos...

23 nov. 2020

je ne sais pas si je vous ai raconté celle de kiki le caniche sur une transat de la goméra à st martin
kiki était le chien bras de jacqueline, donc le kiki de kiki ,qui passait son temps dans les bras de sa maitresse ,n'était jamais lavé ,sa peau trop fragile ne supportait que les shampoings sec .il ne mangeait que des croquettes millésimées spéciales pour les caniches ,tous les jours il était brossé et elle lui mettait un nœud papillon sur la tête ,à bord il avait son harnais et son panier ...
donc j'embarque pour la traversée sur le westerly biquille (conway je crois) dans les 10m avec cabine arrière ,pour faire la nav à l'époque le gps c'était un doux rève pas dans nos moyens .
et nous partons ,
perso comme chef de bord j'aime bien les quarts fixes ,au moins on se règle une fois pour toutes .
donc pour moi les premier quart jusqu'à minuit le propriétaire et sa femme font jusqu'à 6/7h du mat
et je reprends jusqu'à midi .
évidement en me levant après le petit dej je mets une canne à l'eau et à l'époque dans les dix minutes
c'est parti ,tazar ,coryphène ,yellow jacks .
je tombe les filets que je fais tremper dans de la saumure et sécher au soleil accrochés dans les haubans (on fait des aiolis somptueux avec ça ).et j'en garde frais pour le repas .
mais quand j'épluche le poisson ,ça intéresse beaucoup kiki ,je lui en donne un peu ,il apprécie..
puis finalement il ne mange plus que ça ,sa maitresse lui donne ses croquettes ,il n'en veut pas .
puis les jours passant quand il entend la canne qui part ,il est avant moi dans le cokpit
et dès que le poisson est à bord ,il se jette dessus et mord dedans ,j'ai souvent eu peur qu'il passe par dessus bord sur un coup de queue .
évidement il sent le poisson ,à force il n'y a plus de shampoing sec , donc il faut le laver ,pas question avec l'eau douce ,on le lave à l'eau de mer et il apprécie ,nous avons eu des calmes
quand j'ai plongé il m'a suivi ,sa maitresse poussait des cris ..
quand nous sommes arrivés à st martin a port lonvilliers il a disparu pendant 48h ,il est revenu tout crotté ,c'était devenu un pirate ce qui collait bien avec l'endroit .
alain

24 nov. 2020
23 nov. 2020

Tu l' avais déjà raconté, mais çà fait quand-même du bien de la relire.

Gorlann

24 nov. 202024 nov. 2020

Cette histoire de petit chien à sa maman m'en rappelle une autre.

Presque tous le weekends, nous partions en raid catamaran autour de l'île de Mayotte, avec les copains et copines de l'association que nous avions créée. Une bonne dizaine de Hobie cats, 14 et 16.

Un samedi midi, arrivant sur une plage du Sud de l'île pour pique-niquer, nous tombâmes sur un couple qui se baladaient avec le petit toutou.
Le couple en question, que je connaissais pour les voir tous les jours au boulot, n'avait pas d'enfants, le magnifique petit coton de Tuléar, chien à poils blancs longs et immaculés, faisant office de... Pas la peine de faire un dessin.

Le chien cavalait devant au bord de l'eau, madame jamais trop loin, et monsieur flânant derrière.
Et le chien de tomber sur un magnifique étron humain, car en ces contrées comme dans d'autres, les plages font office de toilettes publiques pour les villageois riverains. Le chien, qui ne devait pas avoir la chance d'en croiser un tous les jours, le croqua goulument, n'en laissant pas une miette sur le sable !

Sauf que sur ces entrefaites, maman arriva et vit ce que son chien avalait. S'en suivi un cri digne du pire fil d'horreur, quand une femme se fait éventrer par le monstre surgit des profondeurs obscures.
Monsieur, un instant saisit, fit un sprint de championnat de niveau international.

L'affaire était grave. Madame, prise de panique, s'étranglait plus qu'elle n'expliquait ce qui s'était passé. Monsieur, très promptement, compris comment il fallait sauver la vie du chien et courageusement, le saisit par les pattes arrières puis se mit à le secouer violemment, la tête en bas, pour que l'animal régurgite ce qu'il avait avalé. Ce qui ne se produisit pas, naturellement.

La scène se passant à une vingtaine de mètre de nous, nous fûmes tous saisis d'un énorme fou rire. Heureusement que le ridicule ne tue pas. Ce que le couple semble avoir rapidement compris.

Humiliés ou ... merdeux, ils ne nous adressèrent plus jamais la parole. Le chien, par contre, allait très bien !

24 nov. 2020

Pour une fois que le chien nettoie la plage au lieu de la conchier, on va pas se plaindre!!!

24 nov. 2020

Pour une fois que le chien nettoie la plage au lieu de la conchier, on va pas se plaindre!!!
C'est vrai que les humains sont en général très propres sur les plages et repartent avec leur déchets pour éviter qu'ils finissent dans la mer...

24 nov. 2020
24 nov. 2020

On évitera de Paul et Mickey sur ce fil, les amis !
" gentillesse, tolérance, bon enfant" et j'ajoute... humour, ce qui a été le cas jusqu'ici.

J'ai pris la réponse de lakatao au second degré !

24 nov. 2020

Dommage que le COYOTE ne passe pas par la.
Il a des histoires avec du lourd, super lourd !

24 nov. 202024 nov. 2020

Si le coyote a la même halène fétide que son cousin le chacal... et qu'un chien qui a bouffé de la m...de, on ne le conviera pas à notre table !
Ok, je sors !

25 nov. 2020

New york, le 1er juillet 2015. Temps gris et maussade ce matin, les conditions en sont pas bonnes et c'est malheureusement au moteur que nous passons le Verrazzano avec L'Hermione. Tant pis, les deux derniers jours de nav ont été super, d'autant qu'on a fait une partie de la route depuis Philadelphie aux côtés des grands voiliers de la Tall Ship Race (qu'on a canonné à répétition comme il se doit). Tout l'équipage est sur le pont en tenue d'époque - comme on le fait pour chaque arrivée - et le passage à proximité de la statue de la liberté est l'occasion pour tous de prendre la traditionnelle photo souvenir.

Le quai qui nous est réservé est au Sud du Brooklyn Bridge, juste à côté de l'immense Peking qui malheureusement n'est pas particulièrement resplendissant. On prépare les manoeuvres et le protocole classique pour ces circonstances, y compris d'installer nos feux d'artifices dans les canons (pour l'anecdote, à son départ de France, L'Hermione était l'une des plus grosses réserves de feux d'artifices en France). Juste avant de pivoter pour se mettre à quai, on tire une première salve avec les dix canons babord en direction du financial district. Chaque tir résonne contre les buildings et c'est hilares que nous poursuivons la manoeuvre. Une fois les aussières envoyées et le bateau calé, le commandant ordonne le tir de la seconde salve, à tribord cette fois et directement vers la coque métallique du 4 mât barque qui nous surplombe (oui, le Peking est vraiment grand pour que l'Hermione fasse petite à ses côtés). Chaque tir est dédoublé, le bruit est vraiment impressionnant et les spectateurs sur le quais applaudissent, ravis.

Enfin, presque tous les spectateurs.

Il se trouve que côté terre, des explosions répétées en plein financial district de New-York ne sont pas particulièrement bienvenues... Le central du 911 a été surchargé d'appels de new-yorkais terrifiés d'une nouvelle attaque terroriste. La responsable des évènements à terre pour le voyage de L'Hermione me racontera quelques heures plus tard que la première salve à peine terminée elle subissait les regards foudroyants du responsable de la police new-yorkaise et du premier adjoint au maire à ses côtés sur le quai pour nous accueillir, et recevait une avalanche de texto de son patron dans la lignée de "WHAT THE F*** ARE THEY DOING ????" et "MAKE THEM STOP !!!!!!!". La pauvre n'avait pas de moyen de joindre le bord et la légende veut de toute façon que le commandant avait "oublié" qu'il n'y avait pas le droit aux tirs d'artifices à New-York.

Au final, il signera une lettre officielle s'excusant et promettant de ne pas recommencer (d'autant que nous participions à la parade du 4 juillet sur l'Hudson) sous peine d'être sommé de quitter les eaux territoriales américaines.

Mais il faut bien admettre qu'avoir la couverture de l'édition du dimanche du New-York Times avec une photo de l'Hermione tirant un coup de canon et un article démarrant par "guns blazing, the french frigate made its entry in New-York" valait bien de se faire tirer les bretelles.

New-York n'est pas mon meilleur souvenir du voyage sur l'Hermione (à ce stade, j'étais au bord du burn out après 2 mois et demi de travail non-stop comme mediaman et j'ai pris 1 semaine de pause), mais cette arrivée était probablement l'une des plus incroyable quand même. Faire Bermudes, NY et Saint Pierre & Miquelon pour son premier tour de l'Atlantique, ça a quand même eu de la gueule.

25 nov. 2020

Merci pour cette histoire !

25 nov. 2020

Chouette histoire, Loicppk !

Les Eclaireurs près d'Ushuaia, Argentine.

Phare du monde

  • 4.5 (9)

Les Eclaireurs près d'Ushuaia, Argentine.

2022