vos histoires de peurs

Bonsoir à tous,
en écoutant le live du Vendée Globe où ils ont interrogé Bernard Stamm sur ses peurs, je me suis demandé ce qu'il en était chez les plaisanciers: Sur ce forum, je vois passer des noms de gens qu'ont pas mal de miles derrière eux (je ne les citerai pas de peur d'en oublier), et dont plusieurs ont une très belle plume. Ils nous font rêver de leurs plus belles expériences. Pourtant, on ne parle pas trop des galères, et encore moins de la manière dont elles ont été vécues.
Alors si ça vous dit, j'aimerais savoir ce qui vous a foutu la trouille, et comment vous avez géré. Pas pour faire de l'évènementiel, mais pour apprendre de votre expérience.
Au plaisir de vous lire,
Saadi

L'équipage
10 déc. 2020
10 déc. 2020

j’ai peur des cons.. tous le temps.. sur mer .. sur terre... dans les airs
j’ai peur 🥶

10 déc. 202010 déc. 2020

En bateau les peurs sont souvent rétrospectives.
Lors de mon retour des Scilly vers la Normandie cet été fin aôut, je décide de profiter d'une renverse des vents en pleine nuit (est vers ouest), on quitte un des mouillages de Tresco vers 4h00 du matin, le vent dehors était plus fort que prévu, force 5 +/-. Je n'avais pas osé hissé la GV dans le mouillage que je jugeais trop encombré. Sortant au moteur, dès que la baie s'élargit je demande au barreur de faire une grande boucle sous le vent pour nous ménager un bord face au vent au moteur le plus long possible pour nous permettre de hisser la grand voile. Le vent était en travers de la baie qui devait faire 500/700 m de large à cet endroit. C'était notre première saison avec le bateau et le rail de GV merdouillait. A un endroit en bas du rail les coulisseaux avaient tendance à sortir quand on hissait la GV. Tout ça dans la nuit noire avec pas mal de vent. A un moment mon fils de 15 ans remarque qu'on s'approchait trop de la rive d'en face de la baie et qu'il faillait faire demi-tour.
Cela m'a fait une peur rétrospective. Est-ce que j'aurais remarqué cela si il ne l'avait pas remarqué ? Les cailloux à Tresco sont impressionnants. J'ai passé le reste de la nuit avec cette sensation désagréable. Une peur, mais rétrospective. Encore maintenant ça me tarabiscote. Je m'en veux d'avoir laisser mon attention se concentrer trop longtemps sur un problème. Retrospectivement le barreur n'aurait pas été se mettre sur les cailloux d'en face mais quand même....la nuit était bien noire et comme on était deux au pied du mât il ne voyait pas grand chose...

10 déc. 2020

Isabelle auturier à dit.un jour
La différence entre la montagne et la mer, c est qu en mer, tu as peur avant et en montagne, après...

Je ne connais pas la montagne mais en bateau, si tu n as pas peur avant, c est que tu n as rien vu venir, dommage, vraiment...

10 déc. 2020

Autissier, l Isabelle...

10 déc. 2020

J'ai eu peur un soir. Nous étions quelques centaines de miles au sud de la Terre Neuve, visé sur Crosshaven, en Irlande. À la radio on entendait les chalutiers russes qui causait entre eux, mais on ne les voyait pas. On avançait assez bien par une nuit claire et sans lune dans une mer pas trop formée. Aux environs de minuit j'étais à la barre quand, tout à coup, j'ai vu dans l'eau une trace phosphorescente qui arrivait pile sur nous à 90º et à toute vitesse. Ça ne pouvait être qu'une torpille, tiré d'un sous-marin qui n'était pas content qu'on soit là, au millieu de la flotte russe des chalutiers. J'ai pensé: vite! vire!, mais aussitôt je me suis dit: bof; à quoi bon? Je n'avais que quelques secondes pour réagir, tant la ligne lumineuse fonçait vers nous. Enore une seconde et...elle passe sous la quille et apparaît de l'autre coté sur la surface. Un dauphin. Trente secondes après nous étions entouré d'une vingtaine qui traçaient tous les fils lumineux dans l'eau, coupés que quand ils s'arrêtaient pour prendre haleine. C'était come Lyon à Noël. Ils ont resté environ dix minutes avec nous. J'ai eu bien peur, mais après c'était fabuleux.

10 déc. 202010 déc. 2020

J'en rajoute une, toujours en août en fin de cet été. On part de Lézardrieux en milieu de nuit pour profiter de la renverse (des courants cette fois-ci). A la sortie du Trieux on met un cap 35/40 pour passer à l'est du plateau des roches douvres. Le jour se lève tout doucement et ça souffle assez fort. Dans les 30 noeuds. On est au portant avec un petit bout de génois, sans GV. A l'approche des roches douvres il y a des hauts fonds avec des éffets vent contre courant. Rien de trés haut en creux (2 m ?) mais trés cahotique. Des rouleaux qui partent un peu dans tous les sens, la mer est blanche d'écume. Tout le monde sur le bateau les regarde mais on en a vu d'autre et le bateau avec ses 52% de rapport de lest va passer dedans comme une locomotive... Mais quand même...un peu d'appréhension. On sert les fesses...et effectivement le bateau passe dedans (pas dessus) comme une locomotive, à peine chahuté... le pont flush deck ralenti à peine les vagues quand elles passent dessus...mais on est bien accroché, le cockpit s'est transformé en baignoire quelques secondes. Pas peur à proprement parlé mais disons...trés concentrés...et un grand sourire quand on est passé...qu'est ce qu'on se sent vivre...:-) ;-)

10 déc. 202010 déc. 2020

PaulK et moi sommes les seuls qui ont eu un peu peur ici ? On doit être entouré par des gaulois ;-). Je vais bientôt rajouter une 3 ième histoire si vous ne prenez pas notre relève... :-)

10 déc. 2020

Un fil ouvert depuis 2 heures seulement, doucement !!!

Parti de Loctudy sur un 28 pieds en solo, les calculs de marée tout fait. Je vise l'Irlande cette fois, envie de retrouver voir les copains écossais ! Et la découverte de sa mer... Pas de souci, j'ai déjà fait qq navs longues.

En retard, en retard, comme disait le lapin d'Alice, je me présente dans la baie d'Audierne, et je file vers le raz de Sein. Bon, la météo est clémente, ça souffle (combien ? Je ne me souviens plus trop... 15/20 noeuds ?) et donc ça avance bien.

Mais, en retard, en retard... Je m'engage, ça commence à remuer un peu, puis de plus en plus, puis... Je ne me souviens plus combien de temps cela a duré : 10 minutes, 20 minutes, 30 minutes ? Le temps n'avait plus trop d'importance, accroché à l'arrière à mon balcon au vent, j'essaye de faire un léger contre-poids sur l'arrière de mon Filo (eh oui, un gros cul !). Le moteur HB, mis en route pour combler alors ce foutu retard déjauge à chaque vague, le bateau tape, change de direction comme je ne l'ai jamais vu faire, j'essaye de contrôler plus ou moins, et je continue vaille que vaille... Je sors de ce "piège" (pas vraiment un piège, juste pas le bon moment, le bon endroit...) par le sud d'Ouessant. Je respire...

Pas le moteur, qui s'étouffe parfois... Mais il y a du vent, je tire un bord vers l'ouest, puis vers le nord, tout va mieux... La nuit est tombée, j'échange avec un contrôleur de la vigie d'Ouessant, il ne me signale aucun cargo dans le 1er rail (la marée...), qq uns dans l'autre sens. Je passe le 1er rail, puis avant de m'engager dans le 2ème, je tente de démarrer le moteur, histoire d'assurer ; mais rien : 5 secondes puis plus rien... Et je recommence, et je recommence...
Bon, avisons. Que vais-je faire avec un moteur à réparer en Irlande, coincé peut-être qq part, et à la "merci" de tout mécano voyant un frenchie avec des euros ??? Je fais demi-tour, et décide de rentrer ... à Loctudy, je connais le coin.

Sur le retour le vent va tomber avant Sein ; objectif : rester au large de ses cailloux... Puis ça reviendra et je peux enfin avancer correctement. Arrivée en début de 2ème nuit, je plante la pioche sur la plage de ... Loctudy !
Le lendemain, je rentre, aidé à la fin par les gars du port.

Bilan : moteur HS (un vieux 2 temps...) et une jolie surprise à l'intérieur, la table qui est scellée sur les fonds a sauté dans les vagues (j'aurai du écrire à Alex T. pour lui dire que ça pouvait taper fort dans les vagues 🤣), et quelques bleus à rester accroché au balcon arrière qui me rentrait dans le dos, dans les côtes... Une très belle navigation au final, mais une belle frayeur : l'impression de ne plus contrôler, de subir et surtout de perdre la notion du temps... J'aurai pu (du ?) faire demi tour, ou même avant ne pas m'engager... Pas pensé, pas évoqué. Mais c'est comme ça qu'on apprend !

Bilan bis : j'ai re-découvert le temps de la réparation du moteur avec beaucoup de bonheur ce coin de Bretagne dans lequel j'avais navigué 30 ans avant ! Pont-Aven, une descente à Groix, CC (en prenant du temps...), l'Odet (un fleuve ! 😜), les Glénans, échouer sur la plage du Loch. Et aussi un nouveau moteur HB !

Image : une belle balade de 37 heures pour revenir à 2 milles de mon point de départ ! Le mouillage devant la plage du Treven (?).

10 déc. 2020

Une fois...une fois j'ai eu la peur, la Peur, la vraie qui te prend aux tripes et t'empêche de parler. C'était en 1983, à bord de mon premier bateau, oooh à peine un bateau, un kelt 5.50. On était en croisière, ma première croisière. On décide avec mon équipier (c'était plutôt lui le chef de bord) de quitter en soirée Belle-île pour rejoindre un petit port (Comberge je crois, en Loire Atlantique). Un grand périple pour moi, mais l'équipier est chef de bord aux Glénan ce qui me rassure. Beau temps (ça valait mieux pour notre coque de noix), la nuit tombe quelque part du côté de Hoëdic puis la brume, j'y vois rien, j'ai la trouille. On cherche le phare des Grand Cardinaux... rien... Mon équipier finit par l'apercevoir et décide de faire demi-tour et d'aller nous mettre en sécurité dans le petit port de Hoëdic, en contournant le phare et la chaussée du même nom. Mais en plus de la brume, le vent est tombé. Je me sais bien incapable d'y aller mais l'équipier est sûr de lui, nous n'avons bien sûr aucun appareil de navigation sauf le compas qui n'est pas éclairé. Et les minutes, puis les heures passent. On aurait déjà dû être arrivés. On change de route, on revient, on est complètement paumés...on aperçoit juste quelques lueurs blafardes sur ce qui doit être des lampadaires (sur Hoëdic ?). Dans mon angoisse, je fais même un virement involontaire ce qui achève de nous égarer et ma peur monte au paroxysme quand on entend la mer battre les rochers tout prêt : J'ai les dents qui claquent, les poils hérissés et je tremble. J'ai quand même la force de prendre une décision " ça suffit comme ça, on doit avoir de l'eau à courir vers le nord-est, on y va, quand le jour se lèvera on finira bien par arriver quelque part"
Au petit matin on entend une sifflante. Une seule dans les parages, on est pas loin de La Turballe ! J'ai dormi toute la matinée !

11 déc. 202011 déc. 2020

Convoyage de la rochelle a la trinité, en solo sur un Kelt 620.
Vent NW, force 6 et pas mal de mer au large de Noirmoutier. Mais, bon, j'en ai vu d'autres et je décide de passer a l'intérieur de la Cardinale Est Les boeufs et de viser la Cardinale Est Réaumur, parce que ca m'évite de tirer un bord avant l'entrée de la Loire.
Il fait nuit noire mais la visi est bonne. Je suis au pres babord amure sous deux ris et foc de route, ca tape, mais ca n'avance pas trop mal. J'espere que ca ne va pas monter plus parce c'est déja vraiment limite, et qu'il faudrait alors passer au TMT. Je vois la Cardinale Est Les Boeufs a mon vent, mais pas la Réaumur, cachée par le foc.
Et tout a coup, au vent, grosse déferlante. En une seconde, je me rends compte que ce n'est pas Les boeufs au vent, mais la Réamur (nous n'avions pas de GPS a l'époque) et que je suis en train de me foutre au plein sur la chaussée des boeufs et que je vais casser mon bateau et mourir noyé...
Le coeur battant, je mets la barre a fond sous le vent et la déferlante s'écrase sur le pont de mon pauvre Kelt. J'embraque l'écoute de foc babord. Heureusement, je n'ai pas encore talonné et le bateau repart au pres tribord amure.
Et la je vois la Réaumur, un peu derriere, sur tribord, et je me rends compte que non, finalement, j'étais bien la ou je pensais être.
J'ai quand même continué un peu tribord amure avant de revirer, juste histoire d'avoir un peu de marge. Raser une cote sous le vent dans ces conditions n'était pas tres prudent.
C'était vraiment un coup a se faire peur.

11 déc. 2020

la peur nous donne des ailes, nous dotant d'un pouvoir surnaturel qui nous rend capable de nous surpasser, vive la peur, bouuhhhh !

J'ai eu vraiment peur à cause d'un chalutier qui m'à foncé dessus alors que je voulais aborder aux roches Douvres.
Il y avait un autre chalutier à quai et je pense qu'on les dérangeait
Avec un bébé de 18 mois à bord on n'a pas insisté ...

12 déc. 202012 déc. 2020

Bonsoir, A Marseille, c'est bien connu, on craint dégun. Sauf... une nuit, en trace directe sur Cadaquès, devant le rail de Port la Nouvelle, un peu de brouillard, j'aperçois d'abord un halo sur tribord. Bon, c'est quoi, ça? On est un peu trop loin de la côte pour apercevoir les lumières des villes mais avec le brouillard, tout est possible. Et le halo grossit.
Je cramponne la bouteille de Dillon dans l'angle du cockpit et je m'en envoie une rasade, histoire de m'affiner les sens.
Le halo grossit toujours, mais lentement, et puis c'est flou, pas moyen de savoir ce que ça veut être. Je descend consulter la carte, on est bien à 30 nautiques de la côte, pas de plate-forme dans le secteur. Je reviens dans le cockpit, à l'intérieur ça ronfle, le cassoulet du repas du soir se fait remarquer par quelques pets discrets...
Et le halo grossit. Je commence à flipper, j'affale la GV, je roule le gênois, moteur.
Et quelques minutes après, je vois un gros machin sombre plein de lumières sur le dessus qui sort de la brume et qui me vient droit dessus. J'essaie de voir ses feux de route, walou, c'est plein de lampes à arc sur son pont et tu ne vois même pas les feux de hune qui disparaissent dans la lumière ambiante. Je prends mes jumelles, super matos Autrichien cadeau d'anniversaire dont je n'ai jamais pu articuler le nom, mais que tu y vois super bien dedans, et je vois une étrave avec deux moustaches blanches carrément sur mon travers tribord. Merde, en plus, c'est à lui de passer. Là, c'est un peu plus délicat. J'ai en gros une demi-seconde pour décider si je continue sur mon cap ou si je vire à 180° pour laisser passer le mastodonte. Tant pis, je fonce droit devant, le temps de virer, on va se le manger.
Je suppose que le barreur du vraquier m'avait sur son radar depuis pas mal de temps, et qu'il a dû mettre 1 ou 2° de barra à ce moment là, je l'ai vu passer sur mon arrière, à 30 mètres, c'est énorme, une muraille toute noire, et tu entends la pulsation de la machine qui résonne dans ta coque. Moi, j'avais le coeur à 130. Je me suis cramponné pour anticiper le sillage, pour rien, parce qu'il n'y a pas eu de vague.
Voilà, une belle peur, ça fait des souvenirs...

12 déc. 202012 déc. 2020

T'as bien eu raison d'avoir peur ce soir là. Ce qui me fait toujours peur dans cette histoire, c'est deux choses: première, que tu penses que le vraquier te voyait sur son radar. Pour "nettoyer" l'écran radar des retours des vagues, ils le règlent pour ne pas montrer les objets en dessous d'environ 2m. Ta coque sort de l'eau par 2m? (Le mat ne compte pas, il est trop mince et arrondi pour faire un bon reflet. Même les réflecteurs radar qu'on hisse au mat n'ont qu'une performance médiocre. Nous avons croisé trop souvent les navires où le radar est "en panne", ou "il fait beau, on ne l'a pas mis en marche" quand nous leur demandions s'ils nous voyaient sur leurs écrans.) La deuxième chose qui me donne des frissons, c'est que tu penses que le barreur a dû changer de cap quelques degrès à cause de toi. S'il s'agissait d'un de ces pétroliers "énormes" de 300m, il lui aurait fallu changer son cap cinq minutes ou dix avant pour vraiment changer l'endroit où son navire se trouvait. Même pour un petit vraquier, ces "murailles" sont tellement lourds qu'ils ne peuvent pas changer de cap facilement. On n'a qu'a regarder les annonces maritimes où les navires qui font des centaines de mètres de long - qui sont bien visibles à l'oeil ET sur le radar - s'heurtent assez souvent. Tu as bien échappé belle. Quand nous avons du traffic autour, nous essayons de les contacter à la radio pour qu'on n'a pas de rencontre inopportun.

12 déc. 2020

C’était en 2006. Je remontais en solitaire du Brésil vers les acores.
J’étais à peu près à 400 nautiques au sud des acores. Tranquille. Belle nuit claire. Un petit 15 nds tribord amure. Je suis sous régulateur depuis plus de 20 jours. Pas de mer. Je me réveille, me lève tranquillement pour aller faire mon tour d’horizon. (Pas de radar, pas d’ais, pas de mer veille). Je parcours doucement l’espace qui sépare la cabine avant de la descente.
D’un coup le bateau prend un gros coup de gîte.
Je me précipite dehors.
Et la c’est l’horreur.
J’ai le long du bateau une paroi noire immense qui me cache l’horizon, le ciel, tout. Il est peut être à 20 m.
Ce putain de cargo est en train de passer à mon vent. Je réalise que les voiles ont pris à contre et que le bateau se rapproche. Je relâche les drosses du régulateur, reprend la barre et la pousse a fond. Pas le temps de choquer les écoutes. Pas le temps de mettre le moteur.
Mais plus de vent, le bateau n’est plus manœuvrant.
Et la paroi défile et se rapproche de plus en plus.
Ça n’en fini pas. Je ne vois pas le bout arriver.
Si, je vois la poupe loin encore. Je me dis que je ne vais pas y arriver, je vais toucher, je vais démâter.
Ça défile encore. La poupe se rapproche. Je vais y arriver. Je ne vais peut-être pas toucher.
Aussitôt je me dis ok mais tu vas te prendre les remous des hélices.
Et non. Rien. Pas touché, pas de remous de l’hélice. Pas démâté. Rien.
Les voiles reprennent tribord amure.
Mon pépère, mon prosper, reprend sa petite gîte bien calé sur son bouchain comme si rien ne s’était passé.

Le coup de gîte c’était la vague du bulbe. A 10 m près je le prenais plein face.

13 déc. 2020

Une histoire bien banale pour moi... qui aurait pu très mal finir.
Mon premier bateau au mouillage en sortie de l'élorn...( une rivière qui se jette en rade de brest )
Pour aller bricoler dessus sur le tard vers 19h un soir de mai
Je prend ma plate. Qui était vraiment une vrai m.... j avais décidé de ne pas investir dans une annexe de qualité. Dépense futile selon moi...
Je rame à contre courant pour rejoindre le bateau... j avançait pas bien vite et je ramait beaucoup beaucoup ...
Arrivé au bateau je fais un mouvement de bras pour l'attraper et en une fraction de seconde l annexe prend l'eau par l arrière et chavire...
Le gilet auto gonflant que je portais à très bien fonctionné.
Je suis a l eau, a 10 cm de mon bateau puis 20cm 30cm et 1m 2m.
Je suis un bouchon. Je ne peut pas nager vers le bateau je le comprend très vite....
Sensation particulière de voire son bateau s éloigner.... je définit le courant a 1.5 2 nœuds ( a la louche ) vu d'où je suis ça va très vite !!!
2 solutions : larguer le gilet, ou dériver vers le large...
Le soir, a la tombée de la nuit, peu de monde a l'eau...
J'ai peu de temps pour decider : je garde le gilet...
Je vois d autres bateau au mouillage je me rapproche tant bien que mal en nageant comme je peux d'un bateau situé pas trop loin de ma derive.
Je choppe l'amarre... et je fais une traction comme jamais j'ai fait ...
Je suis sur un bateau, tout mouillé, j'ai froid. J ai peur... je ravale ma fierté que j'avais laissé à l'eau avec toutes mes affaires, mon sac étanche et mon téléphone... et le matos fraichement acheté et pressé d'installer...
Je cris "au secours"
Et je vois un kayak se mettre a l'eau pour venir me chercher...
Il prenait l'apéro sur sa terrasse et avait assisté à la scène...
Je suis sur la terre ferme tout est bien qui finit bien.
Je ravale ce qui me reste de dignité et de fierté j aborde 2 jeunes pour téléphoner à des proches pour venir me chercher. Mes clefs de voitures étant en route pour New York...
Je rentre chez moi et vais prendre un bain chaud...
Ma femme reçoit un coup de fil du cross. On me recherchait un plaisancier avait trouvé mon sac et une rame... et avait contacté le cross. UN GRAND BRAVO A EUX au passage
Depuis ce jour, c est le moins possible d annexe, toujours des semi rigide, si possible un moteur.
Je met sur l'annexe un gilet de kayak beaucoup plus "light" que le 150 newton.
Et si ça réarrive c est direct téléphone au cross... j avoue que je n y avait pas pensé une seconde...
J ai commis plein d erreur ce jour la.
J ai par contre eu le bon instinct une fois a l eau. Je me souviens de cette analyse très rapide de la situation qui m a permis de prendre finalement la bonne décision...
C est comme ça qu'on apprend
Je me suis fais très peur mais finalement content que cette mésaventure me soit arrivé au début de ma "carrière" de plaisancier...

13 déc. 202013 déc. 2020

Extrait journal de bord "intime". Dimanche 8 janvier 1995.
23h30, 4 jours après avoir quitté le Cap Vert.
Je ne sais si c'est la providence qui veille sur moi, mais il y a 20 minutes, ma traversée a failli se terminer là!
En me lavant les crocs dans l'évier de la cuisine, un peu moins balancé que le lavabo à l'avant, le bateau étant totalement fermé, j'entends un grondement-ronflement comme celui d'un avion à hélice. Je jette ma brosse à dents, je me précipite, ouvre le capot et je sens tout de suite la fumée. Je passe ma tête, le bruit, les lumières: un immense cargo croise ma route sur mon arrière à moins de 50 m.! Son étrave a dû passer à 10 m de mes fesses! C'est incroyable, hallucinant. Je suis pétrifié, je ne fais rien. Il continue sa route tout droit. Je ne vois personne. Je suis sûr qu'il ne m'a pas vu, il n'a pas manœuvré ni averti.
J'avais fait mon tour d'horizon 20' avant: le désert. Mais aujourd'hui la visibilité est faible et en peu de temps je ne l'ai plus vu car la houle s'est accentuée depuis hier.
Dans les minutes qui ont suivi, j'ai fait une crise d'herpès, ce qui ne m'était pas arrivé depuis des années...
Je dois ajouter aujourd'hui que je suis du genre chanceux: 10 ans plus tard, à 500 ou 800 mètres près, j'étais sur le point d'être englouti par le volcan de l'île Montserrat...

13 déc. 2020

Loin d'être là plus grosse peur, mais certainement une des plus amusantes.
Il y a une dizaine d'année. Convoyage d'un cata promène couillon de 76 pieds (à voile bien sûr). Le genre de truc avec un pont tout plat plein de bancs (et donc tjs plein d'eau dès qu'on est en eaux non abritées), des coques riquiqui où il y a à peine de quoi se coucher. Donc on avait aménagé à coup de baches un abri en U sur toute la largeur du pont, du sol jusqu'au hard top. Ceci histoire de pas se prendre trop de vent dans notre espace de vie, de pouvoir espérer cuisiner, etc.
Partis de la Rochelle pour la Grèce.
C'est le genre d'engins qui va assez vite (moyennes à 15 noeuds), ce qui m'avait déjà valu quelques surprises quant à l'appréciation des routes de collision pendant mes quarts.
Et c'est aussi le genre d'engins qui demande, quand c'est le moment de manœuvrer seul, genre rien qu'un virement, de nombreuses et longues minutes. De mémoire la GV fait 150m2. Bref. Quand y a du monde sur le plan d'eau, faut être au taquet.
Méditerranée.
Je fais mon quart, tranquille. Pour faire la veille, ça nécessite donc de faire tout le tour à pied de notre installation bâchée. Le tour d'horizon prends plus 2 minutes que 20 secondes.
Et y a un feu de poupe droit devant.
Je surveille. Je me méfie, parce que vu la vitesse, j'ai compris qu'on pouvait être de sérieux rattrapants.
Et je surveille, en faisant des tours de bâche. Toujours droit devant. J'ai beau abattre de quelques degrés, ça change rien. Merde. Ce coup ci ça se rapproche sacrément vite, c'est tout près.
Virement en grosse urgence (pas le choix vu l'endroit). Avec la suée et les conneries qui vont avec. Pas moyen de voir ce qu'il y a devant pendant que je manœuvre. Que c'est long bordel. Que c'est long!
Fin de la manœuvre. Je peux enfin aller voir où est mon obstacle.
Disparu.
C'était quoi ce truc bordel?

Le lendemain, même quart. Même feu de poupe, droit devant.
Je crois comprendre. Je vérifie. Ok, pas de soucis.

Surlendemain. On a fait tourner les quarts, c'est le capitaine qui est sur ce créneau. Je l'entends s'agiter, commencer à parcourir le point à toute vitesse, j'entends à ses pas qu'il est pas tranquille. D'ailleurs il commence à manœuvrer.
J'ouvre mon hublot :
- "Sam, ça ca?
- ouais mais y a le cul d'un cargo juste devant !
- laisse tomber, c'est Vénus !"

:) :) :)

13 déc. 2020

ça m'est arrivé l'an dernier. Avec mon fils, on quitte Great Barrier en fin de journée du 27 Février pour la Bay of Islands en NZ. Il y a quelques ilots à traverser avec précaution. Vers 2 h, alors qu'on avait pas vu un seul feu sur tout l'horizon, je lui dis qu'il va falloir faire attention car un cargo vient d'apparaître. Je vais chercher mon compas de relèvement et quelques minutes plus tard, je vois la lune s'élever au dessus d'un voile brumeux...
C'est assez classique avec notre satellite.

13 déc. 2020

en 2005:2006
avec mon hood 38 nous étions avec mes deux équipiers en escale à madère ,le pilote ayant pris l'eau
j'avais commandé un boiter à l'électronicien qui es à coté du port ,ce qui nous a fait prendre un peu de retard sur le programme , donc dès qu'il arrive ,nous partons pour les canaries ,au centre de atlantique le cyclone delta est en formation .
mais rien de grâve,il va faire comme ses copains une transat ..
hé bien non il a été mourir en algérie et au passage entre madère et les canaries on se l'est pris
on a même eu droit à l'oeil avec renversement du vent si bien que nous sommes revenus au point de départ ,quand nous sommes arrivés le port de madère était dévasté des bateaux qui étaient
ent long de la digue avaient coulés ,et la plage avait disparue avec la patinoire installée pour noël avec .
le voilier c'est très bien comporté ,nous un peu moins ,j'avais la trouille que quelque chose ne casse ,
par les aérateurs de pont quand nous faisions sous marin l'eau rentrait et faisait sauter les bouchons en liège que j'avais rentrés à coup de poing ,si bien que dans la cale toutes le boites de conserve ont perdu leurs étiquettes qui ont bouché la pompe de cale .
nous avons tout mis sur le quai ,rincé à l'eau douce et nous sommes repartis le lendemain
et cette fois ci ,ça c'est bien passé ,sauf pour les menus ,quand on ouvrait une boite nous ne savions pas ce qu'il y avait dedans .
maintenant j'inscris au marqueur indélébile le contenu .

mais quand je vois une barre noire sur l'horizon ,je ne peux pas m'empêcher d'y penser
Alain

13 déc. 2020

Oui Alain, je crois me souvenir de cette aventure toujours plaisante a relire avec cette histoire d'étiquettes de cassoulet dans la pompe de cale.
Un vrai bonheur pour la cuisine...

13 déc. 2020

Je crois que Moitessier avait été confronté au problème des boites de conserve anonymes.
Il essayait de deviner au son en les agitant de deviner ce qu'il y avait dedans.
Après marquage indélébile!

13 déc. 2020

Avant, c'était la base d'enlever les étiquettes. Non seulement pour ce problème de bouchage des pompes, mais aussi et surtout pour tenter de se préserver des cafards et autres nuisibles dont les œufs étaient régulièrement sur les papiers des boites de conserve.

13 déc. 2020

Mes principales émotions fortes sont des histoires de mouillage. Circonstance où tout est fait pour alimenter l'angoisse : le noir total, l'isolement, le surgissement de l'équipage tiré de son sommeil...
En avril 2019, un mouillage de rivière en Virginie (USA) :
Du vent soutenu était prévu pour la nuit, mais pas ce que nous avons vécu. Vers 2 h du matin, le bateau est fortement secoué par les rafales de vent. J'avais laissé en marche tout l'équipement de navigation, et je m'équipe pour faire face à un éventuel lâchage du mouillage. Les moteurs sont mis en route, une pluie abondante se met à tomber alors que les rafales dépassent largement 35 nœuds. Des éclairs sillonnent le ciel mais le tonnerre est à peine audible tellement la pluie tombe fort. Les enfants ont surgi, inquiets. L'ancre a lâché, on chasse ! Le bateau tend à se mettre travers au vent, mais mes vaillants moteurs à plein régime arrivent à le maintenir de face.
La nuit est noire, on ne voit rien, je peux me fier uniquement à mon traceur GPS pour rester à peu près sur place. À peu de distance vers la rive, le fond remonte à moins de 2 m, il faut donc ne pas se laisser entraîner.
Une énorme masse encore plus noire que le noir ambiant arrive sur nous, le vent monte jusqu'à 42 nœuds, la pluie est si forte que j'arrive à peine à garder les yeux ouverts. C'est à ce moment que ma fille me montre son téléphone où s'affiche "Tornado alert" avec le conseil urgent de trouver un abri. C'en est trop, je décide que c'est une fausse alerte, qui sera effectivement démentie quelques minutes plus tard. En attendant, je garde la barre face aux éléments déchaînés, en fixant sur le GPS une trace désordonnée mais stabilisée sur la zone. Je suis trempé, glacé, ivre de vent, mais je n'en ai cure, une seule pensée m'occupe : ma fille et son conjoint sont à bord, il faut tenir !
Le combat va durer 2 heures. Ni les instruments, ni les moteurs ne lâchent. Les enfants sont angoissés mais se rassurent un peu en voyant que je tiens le bateau. Mon gendre me soutient avec courage, prêt à intervenir au guindeau dès que ce sera possible.
4h du matin : les rafales commencent à s'espacer. Le bateau est moins secoué, la pluie s'arrête. Le vent descend à 25 nœuds, on peut essayer de remouiller. Mon gendre remonte l'ancre au guindeau, je ne sais comment on arrive à s'entendre depuis la barre mais la manœuvre est parfaite. L'ancre est reposée par 2 m de fond, ça tient. Après de longues minutes à vérifier que le bateau s'est stabilisé, je peux couper les moteurs. Il nous reste quelques heures de sommeil, qui pour moi sera vigilant ! Le vent continue à souffler mais plus rien ne bouge jusqu'au lever du jour.
Au matin, le vent est encore à 26 nœuds, l'eau est très agitée. Pas question de débarquer en annexe dans ces conditions, on rentre à Norfolk et on reviendra par voie terrestre.
Mon jeune équipage n'est pas près d'oublier cette aventure...

14 déc. 2020

La question est : « j'aimerais savoir ce qui vous a foutu la trouille ?

Ma réponse est que je n’ai jamais eu peur en mer. Par contre, j’ai souvent eu de l’appréhension, sans doute une ou deux fois tous les 5 ans .

Les dernières fois que j’ai en mémoire sont sans doute :
- Doit on vraiment empanner sous spi dans une mer désordonnée et un vent fraichissant à plus de 20 nds dans le Raz de Sein, juste à la Plate, par nuit noire ?
- Passer au louvoyage dans les Pourceaux à deux heures du matin (Plateau rocheux des Glénans).
- Passer sous spi à plus de 10 nds sur un banc de sable de Molène avec seulement 1 m de pied de pilote ?
- Sortir de Guernesey à la voile par 30 nds de vent d’est.

Non, après mure réflexion, je n’ai jamais connu la peur en bateau.

17 déc. 2020

Mais tu as fait tout ça ? 😳

17 déc. 2020

Quoi ??? Mais tu ne connais pas karibario.blogspot.com[...]/ ???
Non mais, allô, quoi... 😳

😁😁😁

18 déc. 2020

Les régatiers, ça ose tout!

18 déc. 2020

Papy Zoom : Non , un régatier n'ose pas tout.
Mon travail à bord consistait à anticiper et calculer les risques, tout comme toi. Et cela marche, parce qu'en plus je n'ai pas tout dit.

J'aurais aussi pu parler des milliers de croisements par 20/25 noeuds à guère plus d'un mètre, de la dizaine de passage dans les cailloux de Lizen Ven pour éviter le courant contraire, des louvoyages dans le chenal de Portsall, dans les roches de Guernesey ou de Sein, traverser Chausey de l'ouest vers l'est sous spi avec des voiliers de 2 m à 2.4 m de tirant d'eau,traverser les Minquiers du Nord au sud sous spi en solo, de navigation au louvoyage jusqu'en Angleterre sans carte...

Un échouement tous les 10 ans, jamais de dégats, et sans jamais imaginer faire appel à un quelconque sauvetage, cela me parait acceptable. Le tout est de savoir où l'on met la quille.

Ce qui n'empêche pas, pour revenir au sujet, de parfois "serrer les fesses".

14 déc. 2020

Je n'ai jamais eu de peur-panique qui paralyse , mais plusieurs fois peur tout court quand-même...
Une brume epaisse en traversant le rail en Manche par pétole , ça cornait dans tous les sens, j'ai eu l'impression que les sons étaient non seulement très proche, mais venait de hauteur. J'ai passé un vrai mauvais moment , tout con-con avec ma pauvre corne de brume plastique Plastimo ! ( Pas de radar ni d'Ais ).
Une autre fois pris dans un gros orage, la foudre tombait tout autour du bateau, j'étais pas fier...
Mais bon, j'ai eu du bol dans les deux cas !!! 🤓

si j'ai eu vraiment peur : de nuit dans le golfe de Gascogne on s'est fait rattrapper par un front orageux très actif (on a entendu le BMS en approchant de Bretagne)
il n'y avait pas de vent donc au moteur.
pas mal d'éclairs.
MA fille me dit "papa, le moteur fait une drôle de bruit"
je l'arrête mais le bruit était toujours là ... un crépitement un peu comme des abeilles en haut du mât qui était de couleur violette en faisant des étincelles.

j'ai vite redémarré pour aller voir plus loin si on y serait encore !

quelques secondes plus tard la foudre est tombée là où nous étions c'est à dire très près.

quand je suis dans une situation où je n'ai pas la main, j'ai peur !
Sinon on agit d'abord, on a peur après !

14 déc. 2020

Totor et Hubert: J'ai vécu les deux situations que vous décrivez mais je ne me souviens pas de peur. Dans ces cas, je parlerais plutôt d'anxiété.

seuls les gaulois ont peur que le ciel ne leur tombe sur la tête, pas les vikings !

14 déc. 2020

A Viking 35: c'est sûr que quand on est sur le bateau des autres, on doit être un peu plus relax 😁😁😁.
( Simple humour potache 😜)

14 déc. 202014 déc. 2020

J'imagine que ça dépend... Moi je n'ai jamais eu aussi peur en voiture qu'en passager avec ma belle-sœur au volant.

14 déc. 2020

un peu comme Viking je ne peux dire que j'ai eu peur en bateau , inquiet ou stresser surement mais pas peur .
Le plus dure peut etre fut une fois ou la mer était tellement formée qu'il était impossible de changer de foc , j'étais sous foc n° 2 il fallait mettre le tourmentin ..j'ai dû donc passer par le panneau de pont , m'attacher une jambe a l'interieur du bateau et rampé pour affaler le foc et mettre à la place le tourmentin ... j'étais bien entendu tremper jusqu'au slip ..ainsi le bateau est devenu maitrisable ,sinon impossible d'abattre et en face il y avait les rochers à 1/2 mille . mon fils était à la barre ,un bon barreur .
Par contre j'ai vu des gars faire dans la culotte ,pas en bateau ,mais mort de trouille à pisser ..mais c'est une autre histoire ,pas de bateau ..

14 déc. 2020

La peur que nous avons tous éprouvé, le cargo qui se rapproche dans la brume, on l'entend de plus en plus fort, mais on est incapable de le situer… En plus, vent presque nul, et bateau à peine manœuvrant, à 1 ou 2 nds… Et puis, on entend la vague d'étrave, là on peut mieux situer, j'ignore pourquoi, et on le voit passer, à 50 m., mais on a l'impression qu'on pourrait le toucher… Soulagement et peur rétrospective…
Mais la fois où j'ai eu le plus peur, et en temps réel, c'est dans un orage, dans le golfe de Gascogne. J'étais avec mes fils, 16 et 20 ans, et nous voyons monter un gros grain orageux. Mes souvenirs du début sont vagues, dans la brume ! Mais mes fils m'ont dit après que ça avait soufflé très fort, avec une pluie diluvienne, que la mer s'était levée presque instantanément, et que j'avais fortement réduit la toile avant de leur dire de rentrer dans le carré. Ce dont je me souviens, c'est moi à la barre, avec des éclairs verticaux à quelques dizaines de mètres du bateau, dans toutes les directions, toutes les 2 ou 3 secondes, et des coups de tonnerre assourdissants qui me faisaient sursauter. Je n'ai aucun souvenir de l'état de la mer ou du vent, tout ce qui me revient, ce sont les éclairs et le tonnerre. Puis, peu à peu, cela a perdu en intensité, les éclairs se sont éloignés, le tonnerre plus sourd aussi. Après quelques minutes le vent a calé, la pluie s'est atténuée, l'orage était parti. Mes fils reviennent dans le cockpit et on se regarde avec le sourire un peu niais de celui qui a franchi le passage à niveau 5 secondes avant que le train ne passe !
Avant qu'on ait pu dire quoi que ce soit, une sorte de crépitement silencieux, une vibration ou une sensation étrange, style chair de poule, nous entoure. Et BLAM ! Éclair insoutenable, et simultanément une détonation comme un coup de canon nous tombe dessus, faisant vibrer le bateau sous nos pieds. Nous sommes resté sourds de longues minutes, et un de mes fils a eu des séquelles d'éblouissement pendant presque une heure. Apparemment, alors qu'on se croyait tirés d'affaire, on s'est pris un petit retardataire en plein sur le bateau. Fort heureusement, il n'y a eu aucun dégâts, ni humains ni matériels, pas même de traces visibles du passage de la foudre. Auparavant, j'adorais les orages, et sortais sous la pluie quand je le pouvais pour en profiter mieux. Maintenant, j'ai peur de la foudre, ce n'est pas la panique, juste la boule au ventre… J'ai repris plus tard un autre orage violent dans le golfe, en solitaire, et j'avoue que je n'y ai pris aucun plaisir !

14 déc. 2020

Moi, j'ai eu peur une fois mais nous étions encore au ponton. Je devais embarquer au pied lever pour remplacer un équipier qui s'était désisté. Alors que je descendais mon sac dans la cabine, j'ai entendu le skipper qui fanfaronnait sur ces expériences passées et affirmait n'avoir jamais eu peur en mer. J'ai pas posé mon sac en bas. Je suis remonté sur le pont, j'ai re franchi les filières et simplement dit "ce sera sans moi". 5 minutes plus tard, au bistrot du port, j'étais rejoint par 1 gars et 1 fille dont j'avais aperçu la tête à bord. Ils m'ont dit "Merci. T'en reprends une ?"

Philippe

15 déc. 2020

Il y a peur et peur. Entre appréhension, inquiétude, peur et terreur, beaucoup de degrés comme le souligne Viking.

Pour ma part j'ai plusieurs fois ressenti quelque chose entre l'inquiétude et la peur. Disons que j'ai serré les dents et les fesses, mais je n'ai jamais sali mon pantalon.

Exemple:

  • encore jeune équipier, retour de Corse vers Hyères pour rendre le Sun Legend de location à temps. Les vagues me semblaient dépasser le haut du mât. Presque tout le monde était malade. Je n'en menais pas large.

  • navigation entre Port Blanc et Guernesey par force 7. Le skipper décide de mettre le spi. Je n'ai jamais vraiment eu peur car le skipper était vraiment compétent, mais je me suis accroché deux-trois fois aux filières. Arrivés le soir au port, on nous dit qu'un fou avait envoyé deux avions dans les tours jumelles de New York. On ne l'a pas cru. C'était le 11 septembre 2001.

  • première navigation en tant que chef de bord, location d'un petit First 21 avec ma femme et notre premier fils tout bébé. Au moment de rentrer à Palais nez au vent, le petit moteur hors bord refuse de démarrer. Je décide de prendre une bouée juste au sud de Palais et de rejoindre le port en annexe avec femme et enfant. Annexe sans moteur. Je me suis épuisé avec les rames, j'ai fait de grands signes à un bateau à moteur qui sortait de Palais, est qui m'a répondu joyeusement avant que le suivant se rende compte que j'avais besoin d'aide et nous prenne à son bord. Je commençais à m'inquiéter sérieusement.

  • il y a 5 ans pris dans un gros grain tropical de NO aux Seychelles que j'ai négligé d'anticiper, je suis parti en fuite vers le SE entre Mahé et Praslin au niveau de Cousine en me disant: normalement, j'ai de l'eau à courir... Je n'étais quand même pas bien rassuré.

  • première navigation sur le tapis roulant du Golfe du Morbihan. Comment je fais pour m'arrêter si un obstacle se présente devant moi? Et puis on comprend...

15 déc. 2020

Des moments d'inquiétude, oui. Cela est arrivé. De la peur franchement je n'en ai pas souvenir.

Par contre à terre oui, cela m'arrive, pour des raisons personnelles qui n'ont rien à voir avec la mer et la navigation.

15 déc. 2020

Avec les proposition émises des degrés de peur;
Une inquiétude pas agréable:
En solo sur un half tonner que je ramenais à Lorient;
De nuit, deux chalutiers qui péchaient en boeuf, avec le câble de liaison qui faisait de grandes gerbes dans le halo des projecteurs quand il se retendait!
Tant que j'ai eu l'impression d'être entre les deux et qu'ils me tournaient autour, je n'ai pas aimé.

15 déc. 2020

nous avons eu peur, ma femme et moi, quand nous avons été pris dans un fort coup de vent de force 10 rafales à 11.
Pour moi une vrai peur c'est quand l'évènement craint arrive et qu'on le voit arriver et qu'on ne peut rien y faire sauf prier si on est croyant, j'ai eu peur parfois après un événement mais après c'est pas grave, c'est trop tard c'est passé, ou je m'en suis tiré ou je suis mort. Etonnant non ?.

15 déc. 202015 déc. 2020

Bonsoir,
un copain m'a raconté qu'en revenant des baléares, avec son épouse et sa plus jeune fille dans un Dufour 32, ils avaient pris un baston démentiel qui leur était tombé dessus à l'improviste sans être prévu par la météo. La Méditerranée peut être très méchante, dans ce coin là, et cette nuit là, elle l'était. Lui était à la barre en essayant de faire ce qu'il pouvait, et les filles étaient à l'intérieur avec la peur au ventre. Après quelques heures, il prend la cape pour descendre manger un bout et essayer de reprendre des forces. La gamine se lève d'un bond et se met à vomir, en aspergeant tout le carré. Le copain est un maniaque de la propreté, et la pauvrette qui le sait lui dit: papa, je sais, j'ai tout sali, mais c'est pas grave, de toutes façons, on va tous mourir...

15 déc. 2020

Comme Polmar, seulement de l'inquiétude.

Pêche en boeuf: Cela m'est arrivé deux fois de nuit. La première fois à 40 milles dans le sud de Belle-Ile. Un seul des chalutiers arborait un girophare et ils allaient à notre vitesse sur un cap voisin..

La deuxième fois, il y a une vingtaine d'années, par une nuit très boucailleuse, lors d'un Cowes Dinard, je suis "tombé" au nord d'Aurigny sur deux chalutiers non éclairés et péchant en boeuf ( pêche illégale à cette époque ).

La même nuit, GITANA VII s'est pris dans le cable reliant deux autres chalutiers... sûrement les mêmes et aurait été trainé par le mat, couché, durant 45 mn!Un autre équipier m'a parlé de 15 mn. C'est déjà très long.

16 déc. 2020

La peur, en bateau, ça m'est arrivé plusieurs fois et ça m'arrivera encore je suppose...

Mais c'est en avion que j'ai le plus peur... angoisse avant, peur pendant le décollage, je transpire au moment de l'atterrissage et je souffle un bon coup quand le signal lumineux s'éteint ! J'ai traversé l'atlantique une vingtaine de fois en avion et c'est toujours pareil. S'il y a des turbulences, c'est un vrai calvaire.

16 déc. 202016 déc. 2020

Alors Flora, imagine passer dans un orage tropical en Afrique ;-)

16 déc. 2020

Je n'ai pas peur en avion parce que j'ai appris à piloter et que les secousses même violentes sont moins inquiétantes pour moi que la sensation imperceptible pour le novice d'une perte de vitesse près du sol (suivie par une remise des gaz et un tour de piste par le pilote de ligne qui est arrivé plus haut la fois suivante).
En bateau les dangers identifiés n'ont causé qu'une peur rétrospective parce que j'étais concentrée sur la résolution des problèmes. Par contre arrivant à Port Joinville de nuit sans bateaux autour (soirée calme de Novembre) j'ai vu soudain un feu rouge qui se déplaçait rapidement à ma droite à la hauteur du mât d'un grand bateau et j'ai flippé quelques secondes jusqu'à ce qu'il passe devant moi plus haut : c'était un hélicoptère qui venait de décoller !

16 déc. 2020

La peur quand on perd le contrôle de la situation.

Juillet 2019 nous sommes prêts à partir en voyage. Alice est partie quelques jours avec une amie et je viens la récupérer avec le Sun Magic dans le centre-ville de Nantes. De là commencera notre voyage en voilier, qui, nous le pensons à ce moment devrait nous emmener au moins jusqu'au Pacifique.

Je n'ai jamais fait ce parcours pas plus que mon équipier-copain à bord. Une trentaine de milles à parcourir entre estuaire et fleuve pour arriver au ponton Belem. Le coeff est dans les 80, le temps magnifique mais un peu faible en vent.

Inquiet de mettre trop de temps et de me prendre la renverse avant d'arriver à Nantes, je préfère nous présenter un peu avant la basse mer devant la Loire. Nous arrivons de Noirmoutier sous spi, un solide 7 kts speedo, à peine 4 kts Gps, tiens y'a quand même pas mal de jus encore... Le vent baisse assez brusquement avant de passer sous le pont de Saint Nazaire, et le courant faiblit comme prévu. Le moteur est démarré, le spi affalé, le courant s'inverse et le tapis roulant se met en route. La vitesse monte, moteur à régime tranquille, 4/4,5 kts, le gps indique 8 puis 9 puis 10 kts.

Le début est grisant, on passe de bien jolis endroits, la navigation nécessite anticipation mais reste très simple, le balisage étant parfait.

Mais petit à petit, au fur et à mesure que le courant augmente, une peur nait en moi. Il ne fait plus aucun doute que nous allons mettre très peu de temps à arriver à Nantes. Nous allons précisément arriver à mi-marée, le moment où le courant est le plus fort.
10 milles avant l'arrivée, le courant est entre 6 et 7 kts, j'appréhende énormément la manœuvre à l'arrivée. Si jamais je me foire, le pont Anne de Bretagne, très bas est juste 100m plus loin que le ponton.

Nous arrivons bientôt à proximité de Nantes, je suis extrêmement tendu, avec l'impression d'être à la merci de ce toboggan infernal qui nous emmène avec le bateau vers une catastrophe annoncée. J'hésite même à mettre le nez du bateau face au courant et naviguer en marche avant-arrière (vous me suivez ?) pour attendre l'étal pendant 2h.

D'un autre côté je me rassure un peu en pensant que si le ponton a été mis là c'est que le courant ne doit pas y être délirant, que si cette manoeuvre posait des soucis particuliers j'en aurais entendu parler en me documentant sur cette remontée de la Loire.

Le bateau est paré au mieux de ce que nous pouvons faire. Les pare-battages sont prêts, aussières et très longs bouts à lancer son préparés, l'ancre est prête à être envoyée en quelques secondes. La manœuvre précise est répétée avec mon équipier : si je n'arrive pas à étaler le courant nez contre le courant, je pose le nez au mieux, tu sautes avec une longue pointe et tu tournes généreusement sur un taquet.

Nous sommes prêts, extrêmement tendu pour ma part. Je n'ai pas peur pour ma vie ni celle de mon équipier, j'ai peur pour notre bateau, notre voyage, notre rêve. Pas ici, pas maintenant, ça serait vraiment trop con.

Et puis au final, le ponton est effectivement placé intelligemment. En passant devant Trentemoult, la Loire s'élargit puis s'ouvre en deux bras : le courant baisse. Je fais un essai, me mets face au courant, aucun problème, ça va le faire facilement. La pression redescend immédiatement, une heure de stress intense transformée en soulagement immense. En restant quand même concentré, je peux profiter de voir passer la grue Jaune, les Docks, les Machines de Nantes, la Maillé-Brézé de l'autre côté. Le ponton Belem nous attend à bras ouvert, un impressionnant Galion espagnol amarré à côté. Manœuvre facile, 2,5 kts de courant, l'équipier descend, le bateau est amarré.

Je n'ai JAMAIS eu aussi peur pendant les 10000 milles suivants.

16 déc. 2020

@Kerare
non seulement je peux imaginer mais je l'ai vécu... les traversées en avion Antilles/France et retour, je les faisais en période cyclonique (août 95 entre autres) !
Les pilotes savent contourner le plus dangereux évidemment.

@carpediem
C'est un argument que je comprends très bien. La seule fois où je n'ai vraiment pas eu peur en avion, c'était dans un petit avion (j'ai oublié le modèle) d'une ligne régulière française, entre Toulouse et ? on n'était que 9 à bord, on voyait le pilote à l'oeuvre, un excellent souvenir !

16 déc. 2020

@ Flora
J'ai eu droit à un orage tropical entre Lagos et Cotonou, je peux te dire qu'on a été bien secoués avec en plus quelques descentes assez impressionnantes.

16 déc. 2020

Tiens, pour toi Flora, pour ton prochain vol :
m.youtube.com[...]/watch
Maintenant, t'aura peur de 2 choses :
1) le vol en lui-même
2) d'avoir cette chanson dans la tête pendant tout le vol

😃😃😃

16 déc. 2020

Flora, il existe un petit bouquin très bien fait pour aider les personnes qui ont peur en avion, je n'ai plus le titre en tête, il faudrait faire des recherches, j'étais tombé dessus dans une grande médiathèque.

16 déc. 2020

Y a pas le même bouquin transposé au bateau pour notre ami Saadi ? 😁

16 déc. 2020

Merci... je préfère m'abstenir !
Je crois que je m'améliore en vieillissant, j'ai moins peur ou alors je vole dans des zones plus tranquilles. Je décolle de Barcelone, c'est le plus simple pour moi (parking longue durée pas trop cher et j'y suis en 2h de voiture). La météo est plutôt calme même en plein hiver.

16 déc. 2020

C'est une histoire d'une connaissance (mais vrai).
Il nevigue au large des baleares, lorsqu'il entend des réacteurs d'avion. Il sort du carré et voit un avion de ligne venir dans sa direction à une altitude plutôt faible. Puis l'avion chute de plus en plus et finira par s'écraser en mer, à quelques petites centaines de mètre de son bateau. Il a eu une peur immense.

Plus tard, les enquêteurs lui diront que c'était un avion en cours de vente. Le patron de la compagnie, les pilotes et les acheteurs. Pour impressionner les acheteurs, le patron a demander au pilote de piquer et de faire une remise de gaz. Qui a fini au fond des mers.....

16 déc. 2020

J'ai une fois eu peur en bateau comme je l'écrivais précédemment mais jamais en avion.
Pourtant, une fois... à l'époque je travaillais à Toulouse et faisais toutes les semaines l'aller-retour depuis Bordeaux sur une toute petite ligne qui desservait Agen au passage. C'était un tout petit avion sans hôtesse (on ne tenait pas tout à fait debout dedans), un Twin Otter me souvient-il.
Ce lundi-là d'hiver au matin il faisait un brouillard à couper au couteau sur l'aéroport de Mérignac et le départ avait été annoncé plusieurs fois retardé en raison de 'difficultés climatiques'. Au bout d'un long moment, la voix du haut-parleur annonce le départ du vol mais sans escale à Agen. Nous étions 5 ou 6 à bord et juste avant le roulage, le pilote ouvre la porte entre le poste de pilotage et la cabine et nous déclare tout haut "Il n'y a vraiment personne pour Agen n'est-ce pas ?"... soupçon d'inquiétude.
1/4 d'heure après le décollage... odeur de brûlé dans la cabine ! On s'échange tous des regards inquiets, pour détendre l'ambiance un passager déclare "je veux un parachute !". Il plaisantait bien sûr mais une minute plus tard, on entend un gros 'bang' à l'arrière de l'appareil, puis plusieurs autres. On voit le pilote s'agiter dans le poste de pilotage (dont la porte à glissière était restée ouverte), on entend les moteurs changer de régime, ré-accélérer, l'avion étant affecté de mouvements anormaux, personne ne plaisantait plus. Au bout d'un petit moment je me rends compte que je ne vois plus le bout de l'aile jusqu'à ce qu'un gros morceau.. de glace s'en décroche en provoquant un autre bang à l'arrière... le coucou givrait et n'avait pas ou peu de dégivrage !
A la fin de la semaine je suis revenu à Bordeaux...en train !

16 déc. 2020

Là où j'ai eu le plus peur, lors d'un tour de l'Atlantique en solo par le Nord en 16 mois, c'est quand, en escale au Portugal, j'ai loué une auto pour faire un peu de tourisme; c'était en 99, depuis le portugais ont construit de belles routes et fait des progrès de bonne conduite.

16 déc. 2020

Bonsoir Papy Zoom,

les routes Portugaises se sont effectivement améliorées... mais pas la conduite des automobilistes!
Cet été, lors d' escales au Portugal, je me suis baladé à pieds ou en vélo, et je peux te garantir que pour 90 % des bagnoles, cyclistes et piétons représentent du GIBIER!

Je ne me suis jamais senti autan en danger, le rétroviseur étant la-bas plus important que les pédales!

En Espagne par contre, les automobilistes sont hyper respectueux des cyclistes, que du bonheur.

Gorlann

16 déc. 2020

Viens faire un tour dans le Gard, là, tu sauras ce qu'est la vraie peur...

16 déc. 2020

FORCE 10 DANS LES CHANNEL ISLANDS

BULLETIN METEO POUR LA JOURNEE DU 3 NOVEMBRE 1991: JERSEY: SW BACKING WSW 718 WITH GUSTS TO 60 KNOTS. SEA: ROUGH -WEST LATER METEO FRANCE: VENT WSW FORCE8 –VIOLENTES RAFALES À 55NDS. TENDANCE ULTERIEURE: NW LUNDI- MER FORTE

METEO : Durant cette journée, les sémaphores ont enregistrés les pointes de vent suivantes : Jersey : 60 Nds Carteret : 57 nds Granville: 67 nds

A 10 heures, 64 noeuds ont été enregistrés à Jersey. Environ 30 voiliers Français étaient présents à la marina. Après de nombreux palabres, la plupart des équipages ont décidés de prendre le ferry pour St Malo. Seuls, quatre voiliers de Granville, ont pris la décision de partir vers 14 h, à la renverse.

J'ai hésité un moment, ayant des doutes sur la capacité de résistance des voiles usagées de Caugek (Sun Légende 41 de location) et, aussi, du fait que le decca nous donnait des points fantaisistes. La renverse du courant étant à midi, nous avons été les premiers à appareiller vers 13h30.

Après avoir pris trois ris à l'abri du port, nous sommes sortis alors qu'un grain approchait. Nous l'avons subi à hauteur de Dog Ness et, sous 3 ris et moteur, nous avions bien du mal à progresser à 2 noeuds.

La visibilité était de l'ordre de 50 m, le vent en pointe est monté à 52 nœuds réels pour se stabiliser autour de 45. Après avoir paré les proches dangers, le vent étant "tombé" à 40 noeuds, nous avons déroulé quelques m2 de génois et abattu au cap 150/160 vers la nord-est Minquiers à environ 80 ° du vent. La mer était forte, avec des creux de 3 rn, parfois plus. Le vent moyen s'est stabilisé à 35/40 noeuds avec deux grains à 48 noeuds.

A 16 h 00, nous sommes « tombés » sur les Caux, la bouée nord-est Minquiers, alors que le vent n'était plus que de 30 noeuds. Nous avons mis le cap au près vers St Malo mais il est vite apparu qu'à cause de la mer très hachée et de la déformation du génois, nous ne pouvions espérer remonter à plus de 60° du vent dès que le vent dépassait 35 noeuds.

Lors de l'embellie, après un nouveau grain violent, nous nous sommes retrouvés à 1/4 de mille dans l'ouest des Ardentes. Il devenait évident que nous ne pouvions atteindre St Malo. J'ai donc mis le cap sur la Grande Entrée de Chausey puis, devant l'imminence d'un nouveau grain, j'ai préféré contourner l'archipel par le Nord. Ce qui fût judicieux !

Escortés par un banc de dauphins, après avoir eu quelques difficultés à hisser le génois dont la drisse fut malencontreusement choquée. Nous avons ensuite fait route jusqu'à Granville, par petit temps… Enfin presque, il n’y avait plus que 25/30 nœuds.

Amarrés au port de Hérel à 18 h. Grune sec 6, Dame de Lecq, India Song et le grand ketch de Pierre Bachelet nous ont succédés dans l'heure qui suivait.

Pour ma part, depuis 1968, date de ma première traversée vers Jersey, j’ai du en effectuer plus de 150. C'est le retour le plus dur dont je me souvienne. En dehors des courses, Je n'ai rencontré que deux fois des temps plus durs. En 1975, au large de Capetown ainsi que dans le golfe de Gascogne. J'avais déjà vécu une expérience similaire dans les Anglos entre Guernesey et St Malo en novembre 1988 mais c'était sur Pen Duick VI.

L'EQUIPAGE: Il s'est remarquablement comporté, trempé dans la bonne humeur. Certains méritent toutefois des mentions particulières.

Denis, il est vrai solidement encouragé par le soutien discret mais néanmoins actif de son épouse, a manifesté de belles dispositions au poste de navigateur ainsi que de réelles qualités de pugnacité lors d'un féroce combat avec un génois récalcitrant.

Cécile et Sylvie, admirables dans l'inconscience de leur première navigation, pour avoir fait une confiance aveugle au skipper qui a apprécié leur bonne volonté, leur stoïcité et leur bonne humeur dans l'humidité ambiante .

Patrick et Gilles, deux équipiers dont l'expérience inégale a été compensée par une grande placidité, gage de la certitude d'obtenir un renfort efficace en cas de situation extrême.

Enfin Sylvie, qui, malgré une expérience nautique unanimement reconnue, a connu une légère baisse de son tonus habituel. Lors du retour; a effectué une action de communication tout à fait remarquable. Peut-être mériterait elle aussi une mention spéciale pour ses qualités de « barreuse » sur les routes étroites de Jersey ?

16 déc. 2020

comme j'avais peur du vide dès que j'ai pu je me suis inscrit à un club d'alpinisme à Nantes avec l'ambition de me durcir et de vaincre ma peur. C'est grâce à ça d'ailleurs que j'y ai connu ma femme qui pratiquait ce sport. Et bien je n'ai pas vaincu ma peur ! je me suis retrouvé sur des murs de roches lisses où l'on tient à peine sur des grattons où il ne vaut mieux pas trembler et j'avais beau savoir qu'il y avait un costaud compétent qui assurait je me suis retrouvé paralysé de peur. Oui ! être paralysé de peur ça existe vraiment! on a dû me hisser pour m'en sortir par le haut.
Après ça je me suis marié et j'ai convaincu ma femme de m'accompagner à la voile, fini l'escalade et la montagne je n'étais pas fait pour. Quand on dévisse en escalade c'est définitif et très court, quand on tombe à l'eau en bateau ça peut être définitif et ça peut être très long. Est-ce préférable ?

16 déc. 2020

Oui les montagnes nantaises quand on n'a pas l'habitude ça surprend ! Attention à l'hypoxie ! 😁

17 déc. 2020

kikadit qu'on escaladait dans la région nantaise ? mais même ! je connais quelques voies en dévers du côté de Redon qui feraient reculer plus d'un fier voileux. Sinon il fallait nous chercher du côté du Briançonnais ou de Chamonix.

17 déc. 2020

Oui je me doutais bien que tu devais naviguer ailleurs que dans les montagnes nantaises ! 😁
Tout ça me rappelle ma jeunesse ! J'ai commencé par la montagne aussi !

17 déc. 2020

on était à Lézardrieux. beaucoup de vent d'ouest, et nécessité de ramener le bateau de loc' à Perros.
donc on s'habille en conséquence pour le mauvais temps, on met le minimum de toile et on y va.
dès que l'on s'approche de la fin de l'abri côtier, on couche presque le bateau.
demi-tour, retour à lézar, pas la peine de prendre des risques inutiles si on a un problème moteur dans une zone étroite et mal pavée.

donc je fais du stop pour aller chercher ma voiture.
10-11 heures du mat', un dimanche. un aimable breton me prend en stop.
complètement bourré le gars, une conduite hyper dangereuse. j'ai été contente d'arriver entière à Perros.
jamais eu autant peur en faisant du bateau!

17 déc. 2020

Il y a 25 ans je rentrais de Corse a bord de mon Hood38Méteo de Bastia "West force 4" mais chaleur intense, je propose à nos femmes de rentrer par avion le soir après un ciné dans la clim .... ce qui est par elles apprécié
Avec mon cousin nous remontons au moteur vers Macinaggio, là je complète le plein redemande la météo à la capitainerie , mais pas reçu celle du cap Bear, interroge un pécheur du cru car je doute, aupassage de la Giraglia consulte le sémaphore de la marine mais n'ont rien du cap Creux
Jusqu'à 22H45 nous filons 7,5 n avec un vent de 17 N d'ouest et un ris pris au coucher du soleil ce que je fais toujours n'étant qu'un marin peu sur...
En 10 minutes on a 25n avec rafales à 30 35n je pense prendre un 2° ris mais mon cousin dit "on ne passe pas sur le pont la nuit" mais cela monte vite et je décide de mettre la bôme sur le pont et de fuir sur le golfe de Genes moins d'un m²

17 déc. 2020

(suite)
au génois roulé écoutes bridées sur les deux bords, on file à sec à 6,5n,40 noeuds à l'anémo en permanence et quand dans les rafales cela siffle dans le haubans dans la seconde l'anemo va passer 60N .....mais on est bien attachés par deux longes au fond du cockpit
Tous mes feux allumés mon bateau est un vrai arbre de Noel quand une fusée verte part dans nos deux heures, je me refuse d'y aller car on risque vraiment d'être roulés et ce n'est pas une rouge il m'est répondu qu'il n'en a peut être plus de rouge , on préviendra à l'arrivée
On rattrape souvent la vague plongeant le pont presque jusqu'au mat, mais l'arrière soulage bien
vers 6 heurs calme en moins de 5 minutes, mais une mer qui ne se calmera que vers 10h permettant de rejoindre Alassio au moteur
C'était ma première tempête pourtant j'avais près de 12 AR vers la Corse, j'ai encore traversé 4 fois mais depuis j'ai toujours eu peur du vent qui monte

17 déc. 2020

dérive relevée sous tmt seul bordé à plat et barre à bloc d'un coté le hood 38 tient une cape magnifique ,c'est le grand calme à bord sauf quand une déferlante tombe sur le pont ..
j'en ai eu un je sais de quoi je parle .par contre l'eau rentre par les aérateurs de pont ,les évacuations de dorades sont trop petites .
alain

Les couvercles de boîtes de dérivation rondes font des bouchons parfaits !

18 déc. 2020

Ayant de l'eau à courir j'ai pris la fuite dérive relevée autant je me sentais bon marin avec mon Centurion 32 avec le Hood que j'adorais j'étais à ma limite
du reste il y a quelques année ayant fait une sortie sur le bateau d'un ami du coté de Trébeurden et Perros Guirec je suis rentré disant que nous marins de méditerranée étions des marins d'opérette par rapport à nos amis Breton quand à la navigation

18 déc. 2020

Ma seule réelle peur... pour le moment.

Je ne suis pas d'un naturel peureux. Peut-être suis-je même un peu téméraire. Sans doute, même...
Je n'ai réellement jamais eu peur en mer, d'aussi loin que je me souvienne.

Ca fait longtemps que je n'ai pas navigué sur un habitable, mais là, c'est le mien, je viens de l'acheter, et il faut le ramener d'Italie vers Gruissan. On est au mois de février. Forcément, du vent est prévu, mais le bateau est bon, et le marin... on va dire qu'il est assez confiant en ses capacités, compte-tenu du temps prévu, même s'il faut se méfier de la méd', surtout en hiver.

Et de fait, pas de gros soucis à part quelques tracas techniques et quelques inquiétudes : on a été quatre fois en route de collision la nuit avec, dans l'ordre, un chalutier, un cargo, un ferry, et de nouveau un cargo (mais vraiment hein, sans se dérouter, ça faisait un beau strike à chaque fois, je pense que j'ai pris un acompte de routes de collision pour une décade), et deux (gros) troncs d'arbre (de jour, heureusement, une fois le long de la côte Corse, une fois vers Fréjus).

Les tracas nous ont tout de même obligés à nous arrêter à Fréjus et d'y laisser le bateau pour la semaine, et de finir le convoyage le week-end suivant.

Nous voilà donc arrivés le vendredi soir sur les coups de 20h, on mange, on largue les amarres vers 21h. Il n'y a pas de vent, on est au moteur par mer plate jusqu'au golfe de St Trop'.
Cécile est tout de même malade : ce n'est pas la bonne période du mois, et dans ces cas là, elle attrape des migraines à assommer un cheval, ce qui la fait vomir. Sa seule solution : dormir. Comme en plus elle est malade en bateau le premier jour, autant dire que j'étais certain de devoir me faire la nuit tout seul.

Arrivés entre Porquerolles et Giens à l'aube, le vent d'Est se lève comme prévu. On file 8 Kn de moyenne, je suis content. Cécile est malade... Elle dort. Je la plains.
Au large de Marseille, le vent fraichit encore un peu et vire plein sud. C'était pas prévu, c'est contrariant.
Je suis surtoilé et la mer devient infecte : l'Est du matin a levé des creux de 2m, le Sud en fait de même, et un houle de S-O venue d'on ne sait où se mélange à tout ça. Par moments, la mer est à peu près plate, à d'autres, le bateau se retrouve en haut de pyramides de 3m de haut sans qu'on sache de quel côté il va redescendre. Il part au lof toutes les minutes, il faut absolument prendre un ris.
Je réveille Cécile et lui explique ce qu'elle doit faire aux winchs, et je vais au pied du mat.

Le ris est pris, je me remets à la barre (le pilote est débordé). Ca fait maintenant plus de 36 heures que je n'ai presque pas dormi.

Tout d'un coup, je me dis... MERDE ! Je n'ai pas vu Cécile rentrer dans la cabine, et elle n'est pas dans le cockpit ! Si elle est passée à la flotte, c'est de toutes façons trop tard : avec l'état de la mer, la température et le fait que je ne sais pas depuis combien de temps je ne la vois plus, je suis veuf au bout d'une seule traversée avec ma douce.
Je suis à mon tour pris d'une petite nausée, moi qui ne suis jamais malade en mer. Mais c'est irrationnel : je ne sais pas dire où elle est, et je ne peux pas quitter la barre avec cette mer infâme.

Au bout de quelques heures, elle passe la tête par la descente et me demande si j'ai faim.
Merci mon dieu !

18 déc. 2020

Le brouillard, premier vecteur de peur en continu pour moi.
Au siècle dernier, hors saison,seul à bord, pris ds un banc de brouillard à couper au couteau, pres d un champs de cailloux, avec gros courant qui porte dessus, pas de radar ni GPS, je dois mon salut à la petite corne de brume rouge ridicule que nous avons tous à bord et qui a le mérite de ne jamais tomber en panne.
Le banc de brume est resté une heure.
Lorsqu il est arrivé, coup de bol, un navire de la marine nationale me rattrapait, 100 m derrière moi qui on y a plus rien vu.
Il est resté en stationnaire pour moi et nous avons jouer à la corne de brume alors que je ne le voyais pas, à l oreille pour ne pas finir bêtement dans les cailloux.
Merci à eux encore !

Québec, le cap Gaspé

Phare du monde

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Québec, le cap Gaspé

2022